Un record d’audience lors de ce premier débat sur TF1 où tour à tour chacun des candidats a pu s’exprimer sur des sujets comme l’école, le chômage, la relance de la croissance, l’insécurité, l’Europe, la laïcité, la place du nucléaire du vert, les retraites, etc. De sa voix haut perchée, Marine le Pen égale à elle-même nous a chanté la même rengaine autour des plaies qui minent la France ; tout comme autour de l’efficacité de ses incontournables remèdes miracles.

Aussi rompu à l’art des joutes le leader de la France insoumise, encore ivre de son succès de l’avant-veille à la Bastille, a égrené ses priorités. Un Robin des Bois décontracté, sympathique et qui se définit comme « candidat de la paix » dans une France verte de la 6ème République. En plus de ses piques tous azimuts, Mélenchon a eu le mérite de détendre l’ambiance sur le plateau comme de décrisper les visages grâce à la finesse de son humour.

Benoit Hamon l’autre utopiste de la soirée avait tout d’un taureau aux cornes d’escargot. Il a un peu joué au malin qui démasque le jeune imposteur d »‘En Marche » qui lui fait trop d’ombre. Au dessus de la mêlée, ce dernier s’est gardé de se lancer dans ces envolées lyriques susceptibles de lui casser encore la voix. Il était donc là à pontifier avec clarté et calme. Cible privilégiée de ses adversaires, il n’a pas hésité à les rabrouer avec fermeté tout en cautionnant souvent leurs propos à coups d’ostensibles hochements de tête.

Droit comme un I dans un superbe costume marine, la tête légèrement inclinée en arrière, François Fillon un peu mal à l’aise dans la première partie a fait preuve de grande parcimonie. Voyant que le sujet qui fâche n’a pas été remis pour la énième fois sur le tapis, le » combattant balafré » a peu à peu repris des couleurs, retrouvant sa verve et sa stature de présidentiable.

Alors qu’en cette période cruciale le feuilleton Fillon avait toutes les chances de disparaître des écrans radars au profit de celui naissant lié à Bruno le Roux, contre toute attente de nouveaux rebondissements viennent défrayer la chronique : l’enquête Fillon est élargie à des soupçons d' »usage de faux ». Sans parler de ladite magouille autour d’une mise en relation tarifée avec le Kremlin d’ un autre ami venu du pays où des porteurs de valises ont déjà fait parler d’eux, ces derniers temps.

Avoir une stature de chef d’état et l’expérience qui va avec, sans un certain soutien, peut manifestement laisser impuissant. Avoir un certain soutien sans l’expérience requise est injuste mais peut s’avérer plutôt gratifiant. D’après un sondage post-débat, Macron devance Marine le Pen 26%contre 24,5%. Fillon en perte de vitesse demeure à 17%. Jean Luc Melenchon a devancé Benoît Hamon.