Réalisateur : Tim Miller
Date de sortie : 10 février 2016
Pays : USA
Genre : Superhéros, action, comédie
Durée : 108 minutes
Budget : 55 millions de dollars
Casting : Ryan Reynold (Deadpool/Wade Wilson), Morena Baccarin (Vanessa Carlysle), Ed Skrein (Ajax)
Qu’elle fut difficile la genèse de ce film, un vrai chemin de croix. Une conception passant par de nombreux refus, des années de gestation et de mise au frigo, laissant place à une autre franchise plus lucrative, celle des X-men. On n’est pas fou à la Century Fox. Heureusement que Ryan Reynold, persuadé de la réussite de son bébé a tenu tête car au final, nous voici avec un nouveau film de super héros fidèle à l’oeuvre originale signée Rob Liefeld et Fabian Nicieza.
Deadpool est certainement le meilleur film de super héros de l’écurie Marvel qui puisse exister, dépassant même Antman, jusqu’ici le plus fun de tous les stand alone. Drôle, bourré d’humour, de dérision et surtout d’autodérision, ça fourmille de références. Deadpool n’est pas là pour beurrer les sandwiches. Là où les Avengers sont gentillets, lui n’hésite pas à faire parler la poudre et le tranchant de son sabre japonais. Il devient difficile parfois de suivre le personnage dans ses élucubrations, dans ses délires quand il casse le 4ème mur pour discuter avec le spectateur comme s’il était son pote. Deadpool c’est le film d’un fan pour les fans. Même s’il est préférable de connaître un minimum de choses sur les super héros et l’univers qui gravite autour, si vous n’y connaissez rien cela n’est pas grave, ce n’est pas un frein. Les novices aussi passeront un très bon moment. Parmi les clins d’oeil, il y a : de nombreux tacles à Wolverine, la carte d’identité de Green Lantern sortant d’un portefeuille rappelant de mauvais souvenirs à l’acteur si raillé pour son interprétation calamiteuse, Hello Kitty dont Deadpool est fan, c’est d’ailleurs la seul page qu’il suit sur Twitter ou encore une publicité peu flatteuse pour les meubles Ikea. Un vrai produit de pop culture moderne et dynamique.
Un film sincère, il ne cherche pas à cacher les points faibles issus d’une réalisation difficile. Elles en deviennent des sujets de drôleries et une véritable force. Deadpool se demandant même jusqu’au Ryan Reynold a-t-il pu aller pour parvenir à faire ce film ? Le manque de moyen et une filiation rejetée engendre des pirouettes scénaristiques ingénieuses, par exemple quand Deadpool attend à l’extérieur du manoir des X-men pour ne pas devoir louer une énorme bâtisse juste pour deux personnages et une scène de quelques secondes. L’utilisation des effets spéciaux coûteux a elle aussi été rabotée. Certes il y en a mais pas autant que dans les Avengers, Thor ouIron Man. Les affrontements gagnent alors en fureur et en puissance, les coups de pied retournés, les pirouettes et les fusillades en deviennent des danses macabres esthétiquement chorégraphiées. Des ralentis appréciables juste afin les impacts dans la figure ou toute autre partie du corps servent à la compréhension visuelle. Dans le genre, la première scène est tout simplement géniale ! Tout est en suspend, la caméra se faufile entre les protagonistes en plein accident de voiture sur une musique pop laissant apparaître des détails croustillants. Nous avons droit à un générique honnête qui s’amuse des clichés : le méchant charismatique, le super héros, le caméo que tout le monde attend, la bombasse, etc. Les choix musicaux sont à contre courant et on aime ça. Là où il y aurait eu des musiques épiques faites par Hans Zimmer et un orchestre philharmonique, ici rien de tout cela. Les violons, les contrebasses et les tambours font place à George Michael, Juice Newton, Neil Sedaka et The Black Keyes.
Du point de vue du scénario, c’est simple et assez efficace pour susciter l’intérêt, maintenir en haleine et ne pas s’ennuyer une seule seconde. Il est construit en 2 phases, celle du présent narrant la vengeance de Deadpool et celle du passé expliquant comment il est devenu ainsi, les 2 finissant par se rejoindre. La fin prévisible et très schématique laisse un petit goût amer, on se croirait dans Mario allant sauver Peach prisonnière de Bowser dans son donjon. Le film n’est pas seulement drôle, il garde un fond dramatique. Le cancer de Wade fait éclater sa vie en mille morceaux au moment même où il acquiert une certaine stabilité dans sa vie sentimentale. La maladie engendre une peur de la mort combinée à une profonde dépression mais également un attachement à la vie pour ne pas laisser sa bien aimée. Deadpool est un personnage paradoxal, il fait le pitre, se comporte comme un grand enfant mais c’est semble-t-il pour mieux cacher ses tourments intérieurs et son mal être, il ne s’aime pas et refuse d’être vu comme un héros. L’archétype même de l’antihéros qui se dissimule derrière un costume de cuir rouge, l’exutoire de Wade Wilson.
Ryan Reynold s’est réellement investi dans ce film et cela porte ses fruits, pas seulement sur le plan physique, l’acteur a désormais une tablette de chocolat en guise de ventre et des bras aussi gros que des cuisses, mais dans la qualité de l’oeuvre. Reynold est en symbiose avec Deadpool gardant le costume dans ses valises en quittant le plateau. Il saura marquer les esprits et influencer les prochains films du genre par son côté décomplexé et fun.