Dans une tribune publiée sur « Le Nouvel Observateur » et datée du 20 mai dernier, l’homme d’affaires français Jean-Yves Ollivier intervient sur la délicate question de l’intervention au Mali. En effet, de plus en plus mal perçues par l’opinion, ces opérations extérieures apparaissent le plus souvent comme des impasses pour nos gouvernements.
De Sangaris en Centrafrique jusqu’à Serval au Mali, les interventions françaises sur le continent africain se suivent et se ressemblent. Après une victoire militaire –relativement- facile et rapide vient le temps d’une pacification délicate. En effet, difficilement capable d’installer une paix durable sur des territoires immenses en proie à la violence de guerriers fantômes, le gouvernement français se retrouve toujours dans un bourbier dont il ne sait comment sortir. Pour Jean-Yves Ollivier, ancien proche de Nelson Mandela pendant les années de l’Apartheid et ancien « négociateur en politique » à ses heures perdues, il faut repenser en profondeur nos interventions extérieures.
« La France peut-elle prêter son glaive à des États africains si défaillants que leurs élites ont perdu tout sens des responsabilités et ne pensent qu’à régler leurs comptes, au détriment de leur propre pays ? » se demande ainsi l’homme d’affaires.
Au Mali, la question de la pacification semble la plus délicate. En effet, Ibrahim Boubacar Keïtan (IBK), président malien nouvellement élu, semble plus apte à régler ses comptes qu’à répondre aux besoins d’une population aux abois. Elu dans des conditions douteuses avec plus de 70 % des voix, le nouveau chef d’Etat malien se retrouve déjà esseulé. Coupé des chefs religieux, en froid avec l’Algérie, en rupture complète avec son premier ministre et une partie de son Etat-Major militaire, sans assise populaire, le nouveau président semble déjà voué à tomber sous la violence d’un nouveau coup d’Etat. Pour se légitimer, IBK préfère ainsi s’en prendre à l’ancien président Toumani Touré, récemment accusé de « Haute Trahison », plutôt que de tenir les rênes d’un pays à la dérive.
« Bref, si l’on entend instruire un procès politique à l’ex-président dans l’espoir de réparer une popularité mise à mal par six mois de gestion hasardeuse, qu’on ait au moins le courage de le dire » affirme Jean-Yves Ollivier.
Partisan d’une remise à plat de notre tradition interventionniste dans le domaine militaire, Jean-Yves Ollivier considère que les interventions armées extérieures nécessitent des contreparties fiables de la part des gouvernements africains, notamment en matière de démocratisation et de souveraineté populaire. Si la voix de l’homme d’affaires semble pour l’instant très minoritaire au sein de nos élites dirigeantes, Jean-Yves Ollivier espère tout de même une prise de conscience radicale de la part de nos gouvernements, qui éviterait sans nul doute de nouveaux bourbiers et de nouvelles dépenses inconsidérées pour nos armées.