La rapidité de l'information et sa disponibilité font qu'elle n'est pas toujours, sous couvert de neutralité, aussi nuancée qu'il n'y parait, d'autant qu'il faut qu'elle passe vite, faute de perdre une grande partie de son intérêt. Aussi est-elle, même lorsqu'elle est incomplète, diffusée le plus vite possible. On ne peut attendre. Le temps, dit-on, c'est de l'argent… 
 
Est-ce la raison pour laquelle les propos tenus par le pape, dans l'avion qui le menait en Afrique, cette semaine, en réponse à un journaliste qui l'interrogeait, ont été tronqués?
Nul ne le sait!
 
Mais une fois le propos déformé, la charge a été lancée. Ainsi le pape aurait dit "On ne peut pas régler le drame du sida avec la distribution de préservatifs, qui au contraire augmentent le problème".
 
Du moins, cette fois-ci, le pape a-t-il vraiment cité le mot "préservatif", contrairement à Jean-Paul II, vilipendé à l'époque par tous, avant de devenir une sorte de saint laïc, le jour de sa mort.

L'information passée, l'ensemble de la presse l'a reprise et il devenait difficile de rétablir la vérité telle qu'elle a été. Ainsi chacun s'est senti obligé, dans le petit monde politico-médiatique français, de lancer une petite pique à l'intention du pape, le taxant de meurtrier ici, d'irresponsable là, le disant problématique dans l'ensemble, en tant que pape.
 
Peut-être, mais nous pourrions aussi nous interroger sur nos personnalités françaises. Pas un seul n'a attendu d'avoir le texte en son intégralité. Personne n'a cherché à savoir ce que le pape avait réellement dit. sans doute faut-il savoir hurler en même temps que les autres, à défaut, l'on est pas entendu.
 
Se félicitant d'abord de l'action des organisations catholiques, Benoit XVI  a simplement répondu à la question d'un journaliste concernant la position de l'Eglise : "La position de l'Eglise catholique sur la façon de lutter contre celui-ci (le sida) est souvent considérée comme n'étant pas réaliste et efficace" disait le journaliste.
 
Ce à quoi le pape a répondu, en prônant la responsabilité de chacun et la charité envers les malades, l'allusion au préservatif n'étant qu'une a-parté. Que le lecteur prennent son temps pour se faire une idée juste en allant lire la réponse de Benoit XVI, bien plus profonde que le propos qui lui est attribué.
 
Cette démarche médiatique et les réactions qui s'en suivent restent pourtant surprenantes. Peut-être faudra-t-il un jour expliquer que le pape est catholique, et qu'il ne prônera rien autre qu'un idéal chrétien de chasteté, avant mariage.
 
"Malgré" les déclarations des papes, il est à noter que les pays africains à tendance catholique sont parmi les moins touchés par cette maladie. Et, les africains n'ont pas attendu la presse française, pour accueillir chaleureusement Benoit XVI, notamment pour une grande messe à Yaoundé…
 
L'on peut parier que son voyage, comme aux Etats-Unis, comme en France, sera une véritable réussite.