De la compétence (ter) de nos élites. Hasard des écrits sur C4N, j’ai envoyé hier un articulet sur la fusion entre l’Ecureuil et les BP où il était question de compétence (ter). Il faut croire que le syndrome courtisan a encore frappé puisque M. Luc Chatel, interviewé, a trouvé utile de resservir la formule à la première occasion. (cf NS ostinato, autre article).
Or, ce matin, horrible perplexité ! RMC et BFM TV aidant, M. Eric Besson répondait au journaliste J. J. Bourdin. Malice ou illumination, ce dernier posa la plus banale des questions. « Savez-vous ce que signifie ADN ? » La réponse fusa, honnête, immédiate : « Non ».
Ainsi donc, M. Besson, passé du Ministère de l’Evaluation à celui de l’Immigration etc… est bien chargé de mettre en œuvre une loi vivement contestée par des spécialistes pour des raisons éthiques et pratiques ? Mais il ne lui a pas jusque là semblé essentiel de savoir le menu détail de cette loi. Ni à son entourage. Etrange ! Pourvu que l’on me dénonce pas comme passeur de définitions clandestines ? Avec les sigles, il faut s’attendre à tout.
La notion de compétence doit avoir une définition à géométrie variable. Elle est innée dès que l’on est nommé à un poste ministériel. A moins qu’elle ne vienne en dormant.
Nous devrions pourtant être prévenus à force d’admirer la valse des maroquins dans notre bonne république. On doit alors parler de polyvalence. Ce qui me navre est de prendre conscience aussi brutalement de mon incompétence. De la même génération que M. Besson, je me reproche de connaître la réponse et même de savoir ce qu’est l’ARN. Tare rédhibitoire, j’ai lu, apprécié et commenté « La princesse de Clèves ». Tout élève ayant fréquenté le lycée jusqu’en Terminale a appris avec détail les bases de la génétique. Il faut en conclure que les SVT sont à bannir de l’enseignement. Elles risquent de handicaper un étudiant ayant un projet politique. Iriez-vous acheter votre baguette chez un boulanger qui ne sait ce qu’est la levure ? Chez un médecin ignorant les virus ? La compétence, c’est ce qui reste quand on a tout oublié… M. le Président, il est urgent de nous annoncer que la compétence (ter) s’use dès que l’on s’en sert.