Eh bien, ça y est ! Le facteur vient de déposer sous le pavé qui me sert de boîte à lettres nos enveloppes "Elections" – car nous sommes un couple et nous votons tous les deux. Assis dans mon splendide fauteuil roulant payé par la sécu (et bien pratique comme fauteuil de bureau), j’ai lu les propositions et programmes des dix candidats: trois femmes et sept hommes. Où est la parité?

De droite à gauche : Le Pen fille semble, politiquement parlant, le clone de son père, encore qu’elle ait gommé quelques rugosités. Au panier. tiens, au fait, ma maire, Natalie Huart s’est expliqué dans un journal local sur le parrainage qu’elle a  accordé à cette candidate. Elle revendique son appartenance à la sensibilité socialiste et républicaine, mais a pensé, comme nombre de ses administrés, dont moi que l’absence de Le Pen à la présidentielle serait un déni de démocratie.

Dupont-Aignan : amusant mais un peu court. Au panier (j’ai une grande belle corbeille en osier tressé). 

Eva Joly, toujours verte malgré ses lunettes rouges. Elle est intéressante, mais je crains quiconque s’acoquine avec cette crapule de Cohn-Bendit (qui a bien changé depuis 1968). Au panier, mais avec délicatesse. 

Nicolas Sarkozy. Semblable à lui-même. Une outre emplie de vent. Et, je l’espère, bientôt du vent sans outre. Pfff. Au panier, après déchirure du papier et du bulletin qui l’accompagne.

François Bayrou. Les dents qui trainent par terre. Une pensée misérable. Au panier. Avec commisération. Encore qu’il soit prêt, cette fois, pas comme en 2007, à se vendre ou à se louer au mieux disant. Espérons que ce ne sera pas suffisant pour faire élire le précédent. 

François  Hollande. C’est entendu, je voterai pour lui dès le premier tour. Non pas qu’il me séduise, mais simplement parce qu’il me semble le mieux placé pour renvoyer Sarkozi à ses ténèbres (qu’on le juge comme le demande Mme Royal, et d’autres, dont je suis des deux mains, si je peux dire)

Jean-Luc Mélanchon. Je suis loin de partager l’enthousiasme de ses partisans. Son programme pourrait être intéressant s’il était suffisamment réaliste. Il ne l’est guère et ce qui est inquiétant c’est qu’il peut faire réélire Sarkozy comme Chevènement a fait battre Jospin au premier tour en 2002. En outre, son comportement me rappelle un peu trop celui d’Eric Besson qui, en janvier 2007, publiait un livre d’insultes à Sarkozy pour se rallier à lui quelques semaines plus tard et entrer au gouvernement. Le calcul n’est pas sot : la gauche étant vouée à gagner les législatives, Mélanchon peut se voir premier Ministre sans s’être officiellement rallié au prince, vu qu’il serait difficile à ce dernier de ne pas appeler comme chef du gouvernement un socialiste qui aurait, sans le dire, fait battre Hollande. Bref, au panier.

Nathalie (ou Natalie, qui est la bonne orthographe, mais son bulletin la crédite d’un H). Elle pense bien, cette dame, dans le carcan habituel de Lutte Ouvrière. Mais, bof, comme elle ne risque pas de faire des étincelles dans les urnes, je met son argumentaire, bien plié, dans ma corbeille.

Philippe Poutou. Si j’étais certain qu’il ait une chance réelle, je voterais pour lui : son programme est intelligent, cohérent, réalisable dès qu’on a compris que, comme disait Chamfort : "on ne nettoie pas les écuries d’Augias avec un plumeau. Le corps social est comme le corps humain : il est des cas où l’amputation est nécesssaie". Amputons-nous des banques, des marchés, des diverses curailles (juives, chrétiennes de toutes obédiences et islamiques), dès lors que ces prêtres, imams, rabbins sortent de leur rôle qui demeure strictement du privé pour entrer dans l’espace public), et autres parasites. Malheureusement, le réalisme des rapports de force m’oblige à lui préférer, dans l’isoloir, Hollande dès le premier tour. Parce que, comme beaucoup, je suis absolument et totalement allergique à Sarkozy (c’est pas d’hier. Déjà, quand il était Ministre du Budget, sous Balladur, il me foutait des crises d’eczéma).  Donc, bravo Philippe Poutou, dont je garderai la profession de foi entre deux pages d’un livre auquel je tiens beaucoup (la plus récente traduction de l‘Ulysse de James Joyce.

Je m’aperçois que j’ai oublié de parler de M.Cheminade, d’autant que je ne sais pas où le placer sur l’échiquier politique. Je crois que je vais faire un petit avion de son prospectus et le confier au vent d’autan qui souffle en ce moment par chez moi ! Du deuxième étage de ma maison qui domine la vallée, cet aérodyne devrait aller loin !!! Peut-être en Espagne qui en aurait bien besoin.


Allez, chers camarades, tous aux urnes l’autre dimanche pour congédier, à jamais, espérons-le, M.Sarkozy.

Bonne fin de vendredi 13, pour les celles et les ceux qui croiraient à ces choses !!! 


François Lourbet