Réalisateur : Guillermo Del Toro

Date de sortie : 14 octobre 2015

Pays : USA

Genre : Épouvante, Drame, Romance

Durée : 119 minutes

Budget : 55 millions de dollars

Casting : Mia Wasikowska (Edith Cushing), Tom Hiddleston (Sir Thomas Sharpe), Jessica Chastain (Lady Lucille Sharpe), Charlie Hunnam (Dr.Alan McMichael) 

Après le moyen mais esthétique Pacific Rim, Guillermo Del Toro nous revient avec Crimson PeakQue peut-on attendre de cette nouvelle réalisation ? Le metteur en scène mexicain qui nous avait habitué à des univers enchanteurs dignes d’un Tim Burton a connu quelques déconvenues ces derniers mois, telles que l’officialisation chaotique de  Pacific Rim 2  et l’annulation du projet grandiose Silent HillsOccasion ratée où le cinéma et le jeu vidéo devaient se croiser pour livrer une expérience horrifique hors du commun. Crimson Peak apparaît comme une planche de salut. 

Au début du XXème siècle, Edith Cushing est une jeune romancière vivant avec son père, Carter, un riche industriel de l’état de New York. La jeune fille est hantée depuis la mort de sa mère. Elle peut apercevoir et communiquer avec les fantômes notamment celui de sa mère. Un soir, elle lui apparaît et la prévient de faire attention à Crimson Peak. Une étrange prémonition,  peut être a-t-elle un lien avec l’arrivée soudaine de la famille Sharpe, dont les héritiers débarquent d’Angleterre pour faire fortune.

Premier bon point, l’esthétisme. Guillermo Del Toro a soigné son film comme à son habitude, il sublime l’image. Le jeu des couleurs, or et sépia pour les États-Unis signifiant prospérité et vie, noir et gris pour Crimson Peak, synonymes de mort et de désolation, et c’est l’ambiance qui change de tout au tout. C’est tellement joli que même, les monstres sont beaux. Les spectres bien que squelettiques sont raffinés et vaporeux. Que dire des costumes sinon qu’ils sont crédibles et finement travaillés et c’est la mode du début du XXème siècle qui renaît sous nos yeux.. Del Toro est un maître du visuel, chaque scène justifie son talent en sublimant l’image d’une esthétique folle. A l’instar de ce moment où la caméra fait des va-et-vient entre un couloir sombre et la salle de bain éclairée. Par ce simple mouvement, il parvient à insuffler une terrible angoisse, Edith semble jouer avec un chien mais est-ce vraiment le cas ? Doute, stupeur et interrogation. Le réalisateur est tellement pointilleux que même les rares effusions de sang sont stylisées, pas de grosse flaques de sang qui vient se jeter vulgairement sur le sol, ici l’hémoglobine coule en délicatesse. Deuxième bon point, si les yeux sont rassasiés, les oreilles le sont aussi, les compositions de Fernando Velasquez plantent une ambiance gothique, angoissante et féerique à l’instar d’un Dany Elfman période Edward aux mains d’argent.

 

Les autres points sont tout aussi positifs. Un casting au poil et convaincant, Mia Walikowska joue avec justesse cette fille légèrement naïve, rêveuse, courageuse, curieuse et déterminée à vouloir percer le secret d’ Allerdale Hall. Tod Hiddleston confirme qu’il est un grand acteur et qu’il y a une vie en dehors des grosses productions mettant en scène des super héros. Ses grands yeux bleus emplis de mélancolie résument à eux seuls le personnage torturé de Thomas Sharpe . Jessica Chastelain avec son teint diaphane, troquant sa chevelure rousse pour des longs cheveux noirs, est l’avatar de la méchanceté et de la folie, l’inverse d’Edith.

 

Del Toro nous raconte un histoire bien triste que celle de ces deux personnages prisonniers de leur destin. Elle souhaite être une écrivaine libre et indépendante dans une époque qui ne laisse que peu de place à l’émancipation des femmes, lui est condamné par ses origines, devant trouver de l’argent pour faire tenir debout la demeure familiale, parfois au delà de ses propres désirs. Tout lâcher pour vivre libre. Il n’est pas toujours bon d’être issu de la vieille noblesse agricole quand l’industrie contrôlée par les bourgeois domine le monde. Chacun est en quête d’un idéal compromis. 

 

Le film est riche et complexe et ressemble à une vaste mise en abîme ou règne la métaphore. En effet, Édith écrit une histoire avec des fantômes mais pas une histoire de fantômes, ce qu’est exactement Crimson Park. Ici, ils sont bien plus que de simples monstres, ils incarnent le passé. Un passé qui nous pourchasse.