Beaucoup diront qu’il est déplacé de comparer Nicolas Sarkozy à Napoléon III, citons de nouveau l’excellente caricature que Hugo avait faite qui lui colle parfaitement à la peau.

Etrangement un évènement récent me fait penser que l’Histoire s’est répétée, et curieusement d’une façon similaire, qui a eu lieu sous une période où un Bonaparte faisait des siennes, il est bien sûr question de Napoléon Ier et du coup d’Etat du 18 brumaire.

 

En venant au fait, c’est de Bernard Accoyer dont il est question. Il est peu probable que ce Président de l’Assemblée Nationale tente actuellement de prendre le poste de Président de la République comme l’a essayé Napoléon Bonaparte. Néanmoins, ce qu’il s’est passé le 15 septembre 2010 lors du débat sur la réforme des retraites ressemble bien à un coup d’Etat parlementaire en faveur du programme Sarkozyen que de vraiment traiter le sujet dans les valeurs de la République.

Que s’est-il passé ? Lors du débat, les membres de l’opposition ont voulu prendre la parole avant le vote de concernant cette réforme, comme le permet le règlement de l’hémicycle. Ils étaient environ 150 à vouloir prendre la parole. Logiquement, chacun aurait dû passer au micro pour avancer ses arguments.

Mais le Président Accoyer, du haut de son trône a préféré couper court à toutes tergiversions en suspendant la séance, invoquant plus tard la volonté de la gauche de retarder le vote voire de l’empêcher. Peut-être. Ce ne serait pas étonnant à la rigueur, car en politique, tous les moyens sont bons lorsque l’on veut arriver à ses fins.

 

Il n’empêche, que ce comportement est contraire au règlement et a déclenché de vives réactions parmi les membres de l’opposition, et ils demandent donc la démission de ce président qui selon eux, s’est mis hors-la-loi. Selon la gauche, plutôt que de conserver les valeurs de neutralité et de la cohésion de l’assemblée, il a manifesté sa préférence en favorisant un vote en « coup de force » sous l’influence de l’Elysée, d’une réforme très controversée.

 

coupdetat.jpgEn comparant, c’est en gros ce qui s’est passé à Saint Cloud lors du 18 brumaire (9 novembre 1799). Bonaparte en voyant que les députés parlementaient et que sa nomination à la tête du pouvoir ne se pointait pas à l’horizon de façon facile, il a préféré faire sortir par l’armée, les députés de la salle pour ne réunir que ses partisans et faire voter les décrets qui lui accordaient la reconnaissance d’une nouvelle assemblée et ainsi lui conférer le pouvoir suprême.

Ici bien sûr, il n’y avait pas de militaires pour faire sortir les députés, le simple fait de dire « la séance est suspendue » et de plier ses dossiers, équivalant au couperet de la guillotine qui donne bien le ton de dire, « taisez vous, vous n’avez rien à dire ! ».

 

Alors, Bernard Accoyer aurait-il voulu favoriser le passage en force de cette réforme sous influence de l’Elysée ?

En y réfléchissant, ce n’est pas impossible, quel que soit l’âge, la sagesse ou les fonctions, l’Homme reste influençable du moment qu’on a trouvé son point faible ; les moyens de pressions sont divers et variés, et sont monnaie courante qui plus est, l’Histoire nous l’a bien démontré.

Cette levée de séance est-elle donc vraiment un signe pour apaiser l’assemblée ? Pourquoi refuser de donner la parole à des personnes qui sont en droit de la prendre ?

Au nom de quoi, Bernard Accoyer a-t-il agi ainsi ? Serait-il donc lui aussi un pion sur l’échiquier dans la stratégie de la partie ?

Promesses de couloirs ? Avantages ? Pression ? Intimidation ? Peur de perdre des acquis ?

La coïncidence veut que le jour du 15 septembre ou 29 fructidor ait pour nom « Marron » dans le calendrier républicain. Il aurait été curieux de savoir de quelle couleur était le caleçon du Président de l’Assemblée Nationale après le débat pour avoir un élément de réponse…