Il y a des films que l’on garde en mémoire pour leurs bons côtés.Shining reste un moment d’effroi mémorable pour quiconque le visionne, Le silence des agneaux procure un suspens haletant tenant en haleine le spectateur de bout en bout tout au long du film, les Monty Python font toujours rire depuis plus de 40 ans après leurs frasques et The Truman Show continue de procurer des émotions à chacune de ses diffusion.

Cependant, il y a des films que l’on garde dans un coin de notre mémoire pour leur piètre qualité, des navets, des nanars, des productions qui n’auraient pas méritées le moindre dollars investis tellement la teneur en divertissement est faible. Des pellicules gâchées par des images insipides couchées dessus. Bref, au cinéma, il y a du bon et du mauvais, le pire est toujours à prévoir mais la rencontre avec une production dénuée de toute saveur fait toujours mal pour le cinéphile. Le dernier long de David Cronenberg est de ceux là.

 

 

Inspiré de l’oeuvre éponyme signée Don Delillo, sorti en 2003 chez les libraires, nous avons affaire à une bien fade transposition sur le grand écran. Cosmopolis est parti bredouille du Festival de Cannes cette année, en le voyant, on peut comprendre pourquoi. Mais au juste, que raconte l’histoire ? Nous sommes à New York, de nos jours, le monde est incertain et le capitalisme vacille. Eric Packer (Robert Pattinson), richissime patron de la haute finance de 28 ans, vit certainement sa journée la plus noire qui soit. Il a tout, Wall Street est à ses pieds, mais il lui manque une coupe de cheveu digne de son rang. Afin de palier à ce manque, il désire se rendre chez son coiffeur situé à l’autre bout de la ville.

 

 

C’est aujourd’hui que le Président des Etats-Unis a eu la bonne idée de venir en visite, de ce fait, toute la circulation urbaine se retrouve perturbée. Aller se faire couper les cheveux, ne sera pas une chose aisée. Tout au long d’une journée, le film se résume au road trip urbain de ce golden boy paranoïaque et sa chute vertigineuse. Il vit dans la peur constante qu’un assassin puisse le tuer et s’en prendre à son empire. Plus on va haut, plus on fait d’envieux et plus dure sera la dégringolade.

 

 

Progressivement, le chaos s’installe au rythme des rencontres. Véritable film à sketchs, dans sa limousine strech transformée en bureau mobile, il reçoit sur sa banquette en cuir une myriade de personnages.

 

 

Une joggeuse, un rappeur endeuillé par la mort d’origine naturelle de son ami, chose qu’il prend comme une trahison pour un gangsta, une maitresse (Juliette Binoche) vivant dans sa cage dorée, un médecin répétant sans cesse que sa prostate est asymétrique (s’il y a un sens caché à cette déclaration, il est habilement dissimulé), un chef de la sécurité que les fans de Lost reconnaitront, un geek accro à sa tablette, une gourou convaincue que la fin du monde est proche, une prostitué sachant tenir sa langue, un homosexuel français (Mathieu Almaric) adepte du lancer de tartes puis LA fille, celle qu’il tente de séduire à tout prix et dont tous les billets du monde ne permettent pas d’acheter l’amour. Un véritable melting-pot à l’image du cosmopolitanisme new-yorkais.

 

 

La dernière œuvre de Cronenberg nous plonge dans une ambiance malsaine, poisseuse, vertigineuse, dans un contexte de fin des temps où plus rien n’est stable. L’intérieur de la longue voiture aseptisée semble le seul havre de paix. Petit à petit, la déchéance du personnage se voit sur son phyisque, un Dorian Grey mais sans le tableau, l’effet putrescible de la décadence se fait directement sur la sujet. Alors qu’au début nous avons devant nous un jeune homme bien propret, une apparence propre à celle de ces hommes jouant à la bourse comme s’ils jouaient aux petits chevaux. Costume noir ultra-chic, cravatte noir, lunettes noires, chemise blanche et raie sur le côté. A la fin, sans spolier, la négligence a pris place.

 

 

Un deuxième parallèle s’établit entre son déclassement social et ses déplacements, plus le film avance et plus on s’éloigne du centre de la ville, lieu du pouvoir politique et économique. On finit dans les bas-fonds mal famés, insalubres, de la Grosse Pomme, une zone ooù dans les cages d’escaliers dorment des clochards avinés.

 

 

Le film est long, trop long, plus de 2 heures. Bien qu’il y ait un va et vient incessant de personnages, le film s’étend à n’en plus finir. Les scènes se suivent et ne se ressemblent pas, si bien que l’on a du mal à suivre le fil du scénario et on se perd dans des élucubrations pseudo philosophiques. Trop de paroles tue les paroles, en 2 mots, on s’ennuie.

 

 

Le seul point qui peut sauver le film du blackout total et des portes qui claquent au rythme des spectateurs quittant la salle, c’est le jeu des acteurs. Robert Pattinson incarne parfaitement le mauvais parieur, l’empereur déchu de son trône de cristal, il est totalement impassible dans cet environnement anxiogène. La touche française est bien présente mais son rôle n’est pas flatteur, entre une cougar et un homosexuel déjanté, la France est une nouvelle fois mal perçue dans l’inconscient collectif américain.

 

 

Cosmopolis est une œuvre étrange, il laisse une impression mitigée. Peut être faut il y voir une critique cronenbergienne de la société actuelle. Rien n’est acquis, le monde est en perpétuelle évolution, on semble tout avoir mais il en est rien. Même les plus riches des boursicoteurs n’ont pas toujours la coupe de cheveux qui leur sied le mieux.