Sur un site, vous avez été alléché(e) par la proposition de recevoir des échantillons gratuits de produits cosmétiques (genre crème miracle anti-âge, baume regénérescent…) parmi les plus chers qui soient en rayons. Formidable ! D’autant que le volume des pots ou flacons reçus est suffisant pour, soi-disant, vous permettre de juger de l’efficacité du « traitement ». Surtout, lisez bien la lettre d’accompagnement du pli, et même, abstenez-vous de commander… sauf à risquer de voir la gratuité se transformer en engagement à verser des centaines et des centaines d’euros, parfois à votre insu.
En préambule : attention à qui entreprendrait de traiter d’un sujet similaire en ligne. Vous risquez de recevoir du papier bleu (injonction, assignation…).
Surtout, n’employez pas les termes qui fâchent… évoquez une regrettable confusion, une apparente anomalie, bref, n’évoquez pas, par exemple, la Direction de concurrence ou les associations de protection des consommateurs.
N’écrivez pas, comme je l’ai lu récemment – sur Comment ça marche (.net) – quelque chose comme : « Je viens de me faire arnaquer par la société … (…) après ils se servent impunément sur mon compte bancaire ».
C’était du temps du prédécesseur de l’Huffington Post France, soit Le Post (.fr).
J’avais raconté comment une société de transport aérien à bas coût – qui a mis fin depuis à cette pratique – proposait une réduction de dix euros sur le prochain billet. Il fallait suivre un lien vers le site de la société … qui, non seulement assurait garantir la réduction promise mais proposait aussi maintes réductions sur des produits et des services divers. Pourquoi pas ?
La réduction promise ne s’est jamais concrétisée (et pourtant, le mois suivant, j’embarquais sur un avion de la même société). Je n’ai jamais non plus reçu d’autres offres promotionnelles. Et j’étais confiant puisque j’avais communiqué mes coordonnées bancaires à la seule compagnie aérienne.
Ce n’est que quelques mois plus tard que, consultant mes relevés bancaires, je m’aperçus que j’avais été prélevé de plusieurs fois 13 euros.
Mon billet en ligne sur le sujet resta quelques semaines consultable avant de disparaître. La « modération » du Post, alors même que, prudent, je n’avais employé aucun des mots qui peuvent fâcher, avait été alertée par la société et pour s’éviter une procédure, sucré l’article.
Lourds prélèvements
Ah les copieux frais d’expédition ! Je ne me suis guère étonné quand, au domicile d’une amie, je vois deux petites lettres attendant d’être ouvertes, provenant du Royaume-Uni. Une fois, j’avais acheté trois lots de sacs pour poubelles et reçu trois courriers distincts. L’amie s’empresse d’ouvrir et découvre deux présumés « échantillons » de produits cosmétiques. Pas mal pour des échantillons : un petit pot rebondi, un flacon certes petit mais d’une contenance convenable. Très bonne affaire.
Ce n’est que plusieurs jours plus tard qu’elle consulte la lettre d’accompagnement qu’elle n’avait pas pris la peine de lire soigneusement (serait-elle passée à la poubelle que la déconvenue aurait été plus cuisante).
Elle avait, pour couvrir les frais d’expédition, communiqué ses coordonnées bancaires. La lettre lui signifiait qu’en guise d’échantillons elle avait reçu le premier lot d’un traitement, que son compte était débité de 150 euros et qu’il en serait de même tous les mois si elle ne résiliait pas l’abonnement par lettre recommandée. Mais attention au délai, fort court.
Première chose : si vous avez jamais commandé quoi que ce soit en ligne, vérifiez vos relevés bancaires. Là, 150 euros, ce n’est pas aussi indolore que 13, et mon amie se serait vite inquiétée. Enfin, dès le second mois peut-être…
Deuxième point : si un site vous propose un bien ou un service gratuitement, et vous demande communication de vos coordonnées bancaires, fuyez de suite ou lisez très, très attentivement toutes les pages ou presque du site. Il y a fort à parier que vous ayez souscrit, sans vous en rendre compte, un abonnement. N’acceptez pas impulsivement les conditions générales en cochant sans tout examiner.
La pratique concerne une multitude de produits (éthylotests, par exemple). Bien évidemment, tous les produits de parapharmacie (notamment pour retrouver sa ligne) sont a priori susceptibles de faire l’objet de telles pratiques (sauf, sans doute, ceux proposés sur les sites officiels des marques connues, mais veillez aux redirections vers d’autres sites au moment de profiter de l’aubaine).
D’ailleurs, parfois, les marques en question créent des sites ad hoc pour mettre en garde les consommateurs. Vérifiez d’abord.
Dès fin 2010, l’association UFC-Que choisir avait alerté avec une page « le piège des échantillons gratuits sur Internet » sur son site. Là encore, il s’agissait de sociétés domiciliées en Angleterre dont certaines avaient été mises depuis en liquidation judiciaire. Pour un thé vert, la note montait à près de 70 euros mensuels, pour un blanchisseur de dents à près de 50 euros, et jusqu’à 90 euros pour un « nettoyeur de colon » (comme dans la chanson : « mon colon (…) faut plus nous la faire à l’oseille »).
En 2011, l’UFC-Que choisir mosellane notait que la pratique s’était étendue, notamment à des produits cosmétiques dont les sociétés étaient en domiciliation postale au Royaume-Uni et la maison-mère aux États-Unis.
La marche à suivre, avant toute commande, consiste par exemple (sans garantie de ne pas tomber sur un nouveau site pas encore répertorié) à consulter arnaques-infos.org ou un site similaire. Prenez connaissance de sa liste noire, faites une recherche sur le site avec le nom de la société.
Précautions à prendre
Si c’est gratuit, méfiance, si les prix sont vraiment bas (et là, en périodes de soldes, le danger est encore plus grand), circonspection.
Déjà, vérifiez la localisation réelle du site, soit l’identité de son hébergeur, depuis un service Whois (par exemple celui de Gandi.net : https://www.gandi.net/whois). Si le site est hébergé dans un pays étranger et que son propriétaire est une société d’un autre pays, soyez plus vigilant. Ce n’est évidemment qu’un indice, pas forcément incriminant. Et parfois, l’hébergeur ne sait pas du tout qui il héberge au juste.
Ensuite, vérifiez la date de création du site. Nombre de sociétés, mettons, indélicates (on va l’exprimer ainsi) sont des créations très récentes. Le temps que leurs indélicatesses aient été trop dénoncées, elles auront cessé leurs activité, se seront déclarées en faillite. Dans ce cas, la possibilité de recours est quasi inexistante.
Faites une recherche sur la Toile.
Cela ne vous garantit pas une sécurité totale. Certains sites (on se souvient de MyBioShop ou du Sexecolo du couple Florence Lamblin-Isaac Khaski, maintes fois signalés pour encaisser sans livrer, ce qu’avait révélé incidemment les affaires des frères El Maleh) sont d’apparence parfaitement réguliers, de confiance.
Remontez à l’adresse principale (http://nom.extension) du site. Parfois, c’est sécurisant, mais attention cependant.
Prenez par exemple site de la marque Dash. Pour pouvoir bénéficier de coupons de réductions, de bons plans, vous serez redirigés vers le site www.enviedeplus.com. Comme par hasard, il faut s’inscrire. Là, tout va bien, c’est un site Procter & Gamble. Une adresse est clairement indiquée en France, avec mention du numéro de registre de commerce et de Siret. L’hébergeur du site se situe aux États-Unis, mais cela se conçoit.
Voyez les conditions générales :
« Les informations que vous nous communiquez sont destinées à notre fichier consommateurs, à des fins de prospection et de fidélisation et pour vous faire éventuellement parvenir des informations sur nos produits et ceux d’autres sociétés. Elles pourront être temporairement transférées hors Union Européenne : Maroc – Sénégal pour qualification, États-Unis pour hébergement. Nous pouvons également utiliser des cookies afin de pouvoir vous proposer du contenu qui vous intéresse. ».
À vous de voir si cela vous convient.
Dites-vous bien de toute façon que les remises et réductions sur les marques aboutissent pratiquement toujours – sauf exception, par exemple lors du lancement d’un produit nouveau – à un prix supérieur à celui d’un produit générique (parfois exactement le même produit, du même fabriquant, mais conditionné différemment). Vérifiez toujours les prix au litre ou au kilo de produits similaires.
Sachez enfin que les sites de « bons plans » divers ne s’inquiètent pas trop de la fiabilité des sites commerciaux qu’ils recommandent. Il a vraiment fallu que toute la presse évoque les sites MyBioShop et Sexecolo pour leurs « annonceurs » retirent leurs annonces où les assortissent d’un avertissement. D’ailleurs, vérifiez par vous-mêmes : le site Sexecolo n’existe plus mais de multiples sites ont conservé un lien vers son adresse… cela « gonfle » leurs contenus. Sur Twitter, le compte Sexecolo n’a pas déjà été supprimé… (je viens de le constater à l’instant).
S’abonner ou pas ?
En fait, en « souscrivant » pour avoir deux malheureux « échantillons », mon amie avait souscrit un abonnement sans s’en rendre compte. Or, en général, celui-ci est soumis à des conditions qui ne sont généralement pas consultées ou permettent toutes les modifications (à la hausse du prix de souscription, en général).
Prenez le cas des conditions générales de Remises & Réductions, site opérant en parfaite légalité :
« Le Membre devra payer un droit tous les trente (30) jours, ou un droit mensuel, bimestriel (tous les deux mois), trimestriel ou annuel. Le montant de ce droit et sa fréquence sont choisis par Webloyalty et indiqués au Membre au moment où il adhère au Service (le “Droit d’Adhésion”). Le Membre autorise Webloyalty à facturer automatiquement le Droit d’Adhésion sur le moyen de paiement dont les coordonnées ont été fournies par le Membre et qui a été accepté par Webloyalty, le dernier jour de la période d’essai, puis le dernier jour de chaque période de renouvellement pour la période suivante. (…) Webloyalty peut, le cas échéant, modifier le Droit d’Adhésion au cours des périodes de renouvellement. Le Membre sera informé au moins trente (30) jours à l’avance de toute modification du Droit d’Adhésion. ».
Le programme a été lancé avant février 2010, il en est à sa quatrième modification (dernière en date, en juin dernier). Webloyalty International Sàrl est une société de droit suisse, filiale d’une société américaine. Elle peut communiquer à des tiers des informations vous concernant. Elle peut « à sa discrétion » céder à tout moment votre contrat à une société tierce. Mais, ouf, en cas de problème, « à défaut de solution amiable, les juridictions françaises auront compétence exclusive ».
C’est très simple, si une telle mention ne figure pas dans les conditions générales, la meilleure prévention est peut-être la fuite…
Dernier point : avant d’utiliser des termes comme « arnaque », « escroquerie », « fraude », &c., faites-le à bon escient et sur un support idoine. Car si vous n’avez pas été attentif et avez accepté des conditions générales que vous pouvez certes considérer léonines, vous vous exposez à des poursuites pour dénonciation calomnieuse. Avis à la modération de ce site : ne pas s’en faire, j’ai soigneusement relu tout ce qui figure ci-dessus… Et les juristes d’UFC-Que choisir (voir l’illustration) le confirmeront au besoin, nulle matière à poursuite…
Reçu d’une correspondante un lien vers le site Les Arnaques (.com) signalant une société Bellagenix.
Vu aussi quelques références à Veloura.
Vu aussi mentionner Veloura Bellagenix sur le site de [i]60 millions de consommateurs[/i].
Bah, on voit tant de choses. Il est aussi question d’Hydraxil.
Rien à voir, évidemment, ce message :
« [i]Ma banque m’a dit de les prévenir si je suis débitée et qu’ils feraient le nécessaire pour bloquer ma carte pour des prélèvements ultérieurs. Je devrai alors porter plainte[/i]. ».
Allez, un petit lien :
[url]http://www.60millions-mag.com/temoignez/forums/forums/commerce_en_ligne/anti_rides_velloura_bellagenix[/url]
Ah, oui, au fait, cherchez « Natural Health Network USA ». Histoire voir.