Un livre à offrir ou à s’offrir….
 
Un long poème sur la ferraille qui s’enfonce dans la terre
une ode aux boulons qui rouillent doucement et qui grippent la machine…
 
Impossible d’écrire aussi beau pour décrire cette prose fantaisiste et poétique qui court sur les 190 pages illustrées de photographies en noir et blanc, de croquis au crayon, impossible.
 
Au fil des pages, un instinct d’abandon, un instant d’impuissance, face aux éléments, le lierre, la pluie, la boue, les arbres, les friches, qui ensevelissent peu à peu les vieilles ferrailles. Ici une batteuse s’endort sous son drap de tôle ondulée, se borde d’herbes hautes, là c’est une vieille voiture qui baille au fond d’un bois, gueule ouverte et capot béant sous les branches dépouillées de leurs feuilles.
 
"Un attachement lointain relie des souvenirs écrits sur le cuir des sièges, dans le rétroviseur jusqu’au grincement harmonieux de la portière arrière gauche". Et l’odeur du vieux cuirs, l’odeur des vieilles guimbardes vous emplit les narines. Remontent alors du tréfonds de la mémoire, ces heures passées sur le terrain des poules, dans cette Dauphine pourrissante. Chez d’autres, c’était peut être une Juva 4…
 
Et au fil des pages, c’est l’histoire… l’histoire d’une ville, l’histoire d’un homme, l’histoire d’une gare et d’un canal, et d’une usine entre les deux. Un rêve. Du travail pour les habitants, du travail dans les champs, là-bas après la gare.
 
"Il sait aussi qu’à midi, quand les assiettes fumeront sur les estomacs vides, le tracteur, à la porte continuera de battre, pour rien, en attendant, pour éviter de rechauffer la boule, de re-tourner le volant, de re-doser ses gestes".
Et soudain un bruit lancinant vous revient aux oreilles, quand la famille réunie maudissait ce fichu tracteur portant le nom d’une ville dont on ignorait la localisation, et que, dans les villages, ils étaient parfois seulement un ou deux à en posséder. Alors revient dans les tympans, les conversations du père, les réflexions de la mère, la petite sœur qu’il faut sermonner pour qu’elle mange, le frère qui veut aller voir le tracteur plutôt que de se concentrer sur le bouillon.
 
Pas question de rivaliser avec les phrases, les mots, les termes, les images, les métaphores de l’auteur. La lecture se fait comme dans un rêve, les yeux glissent sur les lignes, emportés par les termes, emportés par les images écrites ou réels.
 
Non, malgré son titre, ce n’est pas un livre sur les tracteurs. Non ce n’est pas un livre sur les batteuses.
Mais oui, c’est un livre sur les vieilles ferrailles. C’est un livre sur le temps qui passe et la rouille qui s’installe.  Non, ce n’est pas un livre déprimant sur le temps qui efface en dévorant le métal, ni sur la terre qui engloutit.
Mais oui, c’est un livre un peu mélancolique et nostalgique.  "Le grand père du voisin a rangé dans sa boîte ses souvenirs fripés."
Mais oui, c’est un livre sur le grand père, sur l’oncle, sur le voisin, sur ceux qui sont allés aux champs, ou au bois. C’est un livre sur ceux qui roulaient en camionnettes pour relier les villages, sur ceux qui faisaient les marchés. C’est un livre sur ces véhicules abandonnés après usage, alors même que les casses automobiles ne devaient pas exister, alors même que l’on conservait les choses pour cause de "ça peut servir", et qu’un jour, on a tiré ce tas de métal devenu inutile, encombrant, un peu plus loin. C’est l’histoire aussi du véhicule resté à côté d’une ferme isolée devenue inhabitée mais dont les pierres sont parties construire une autre maison plus près du village.
 
C’est un livre de poésie. C’est un livre fait de rencontres, la rencontre de la photographe, de l’écrivain, du dessinateur, la rencontre de plusieurs passions.
 
C’est comme un théatre, le théatre de la vie:
les textes sont de Rémy BEURION
les photos sont de Yolaine VALLET et de Rémy BEURION
les dessins sont de Michel JANVIER et de Franck LEMORT
l’édition est de CPE EDITIONS.
C’est imprimé en France.
 
"Il n’y a pas d’un côté, l’extrême fragilité d’une envie et de l’autre, la fabuleuse façon de la réaliser."
 
 
N.B.: les phrases en italiques sont extraites du livre, des phrases cueillies au hasard du champ des pages, au vent des lignes.
 
J’espère, avec ces quelques photos, ne pas déroger à l’article L.122-5.2° et 3°a) du code de la propriété intellectuelle.
 
N.B. 2 : C.P.E., [email protected]http://www.cpe-editions.com