Onward, Christian soldiers,” marchant tel au combat, derrière la bannière du Christ… Tandis que l’église catholique apostolique romaine se met en ordre de bataille (avec quelques dissidences de prêtres, au moins en France) pour combattre le mariage gay, l’islam libanais remet en vigueur tests de virginité vaginaux et anaux, histoire de pourchasser et stigmatiser lesbiennes et homosexuels. Les homos, un prétexte pour combattre la laïcité ?

Je suis résolument contre le mariage des homosexuel·le·s, même si je n’en fais absolument pas un combat, ne serait-ce que par opposition de principe à une institution visant encore à faire des enfants la propriété de parents sacralisés par une pratique dont les adultes peuvent fort bien se dispenser. C’est un point de vue agnostique, laïque, mais dont je ne fais pas un étendard pour combattre des religions dont je souhaite que les membres ne m’imposent pas leurs pratiques.
Le problème, c’est que la réciproque n’est pas vraie.

Il faut bien situer la problématique du mariage, des relations sexuelles entre adultes consentants, dans ce qu’elle révèle profondément. Un combat contre la sexualité, surtout celles des femmes en fait, qui détournerait de la quête d’une volonté d’un dieu quelconque interprétée de la sorte : faire de plus en plus d’enfants susceptibles de combattre pour « la vraie foi ».

La différence entre christianisme et islam s’estompe en ce sens que le plaisir tiré de relations charnelles entre hommes et femmes n’est plus aussi fortement dénoncé publiquement. Dans l’islam, il reste admis, dans le monde chrétien, au moins dans le cadre d’une union consacrée par le sacrement du mariage, forcément hétérosexuel, il est devenu toléré.

Mais l’essentiel reste qu’une jeune femme, à des âges différents selon les sociétés, susceptible de procréer, doit rester vierge puis se marier afin d’enfanter une progéniture capable de combattre derrière l’étendard de la présumée vraie foi. Cela découle peut-être tout simplement de l’idée que former des bataillons d’amazones et d’homosexuels aptes au combat pour défendre leur église a été estimée contreproductive et que celle de placer une fille auprès de plus puissant que soi a été considérée plus judicieuse.

Après tant de siècles, voire de millénaires pour le judéo-christianisme, on en reste en fait toujours là. Au Liban, des rafles d’homosexuels permettent de les faire s’acquitter d’une forte somme pour subir un test anal et tenter de se disculper, ou au contraire d’encourir un an d’emprisonnement. Les tests de virginité peuvent être aussi décidés pour les filles par la police. En France, les évêques somment leurs prêtres de lire une prière contre l’union homosexuelle.

L’objectif reste en fait le même : dicter aux pères et mères qu’ils doivent défendre un seul objectif, celui d’une femme soumise, enfantant, soumise à son époux, et transmettant les valeurs de la religion.

Ce qui est combattu, et on l’a vu récemment au Mali où un couple avec enfants a été lapidé parce que, non marié, il était considéré adultère, c’est en fait l’union libre. Ce n’est pas seulement en se mariant, mais tout simplement en cohabitant ouvertement, que les lesbiennes et les homosexuels offrent le mauvais exemple…

Il y a bien sûr des différences entre les trois grandes religions issues du même moule des cultes solaires égyptiens et autres : christianisme, et dans une moindre mesure judaisme, tolèrent les mariages mixtes, ce qui n’est pas le cas de l’islam. Une musulmane ne peut qu’épouser un musulman (ou un converti, comme, dans le cas du judaisme, un homme peut épouser une non israléite si celle-ci se convertit). 

Pour les laïcs, opposés ou non au mariage, partisans ou non de l’union libre, il convient de bien décrypter les enjeux. L’homosexualité en fait un prétexte. Les cultes visent non seulement leur survie et prolifération démographique mais l’accroissement de leur emprise sur les consciences.

Du côté de nombreux groupes homosexuels, quelles que soient les orientations spirituelles de leurs membres, un autre type de phénomène se fait parfois jour : qui aurait été homosexuel·le le resterait à jamais. La revendication matrimoniale participe aussi au renforcement de cette opinion (qui peut être statistiquement confortée, mais quid des individus la contredisant dans les faits ?). L’union serait d’autant plus durable qu’elle aurait été « sacralisée » (civiquement ou, pour certains groupes, aussi religieusement).

Qu’il soit au moins permis aux célibataires ou concubins, indépendemment de leurs orientations sexuelles durables ou temporaires, de dire aux uns ou aux autres combien tout cela indiffère pour autant que leur droit à l’indifférence ne soit pas menacé.