Qui connait ici, Clément Onimus, qui était, parmi nous, à son procès ce mercredi 27 mai au matin ? Qui nous en parlera ? Clément Onimus est ce moniteur-doctorant de la Sorbonne qu'un membre des CRS a formellement accusé de « violences avec armes ».
Mon réseau n'a pas fonctionné, ou plutôt il a fonctionné avec trop de retard. Sinon, hier soir, je ne serais sans doute pas passé avec Aline chez Hamid, au Bab'Ilo (rue du Baigneur, Paris, métros Mairie du XVIIIe ou Chateau-Rouge), et ce matin, à 09:00 à peu près, je me serais trouvé à la 24e chambre du Palais de justice de Paris.
Avant de vous évoquer Clément Onimus, j'ai d'abord fait une recherche dans les « Actualités » de Google et une autre, ici, via le champ réservé à cet effet. Il semble bien qu'aucun article n'ait été encore fait (ou n'ait été encore validé et publié) à propos de Clément Onimus.
C'est fort dommage…
Jamais trop tard pour…
Or donc, ce n'est que ce matin que je découvre, dans mes courriels, le message d'une ami me répercutant une entrée du site Fabula sur Clément Ominus. Fabula est un site « académique » où je lis à l'occasion des annonces de parutions d'études, de thèses, &c.
Pas le genre de truc à répercuter à tort et à travers n'importe quoi.

 


Et je découvre par ailleurs que Clément Ominus est un doctorant de la Sorbonne. Bof ! La Sorbonne n'est plus ce qu'elle était. C'était pas mieux avant, d'ailleurs, et en 1968, tout le corps professoral un tant soit peu conscient des phénomènes de reproduction (voir Bourdieu et autres sur la question) a déserté pour aller se déployer ou replier ailleurs.
Oui mais Clément est aussi un condisciple de l'E.P.H.E. Or l'École pratique des hautes-études, dont je suis un auditeur intermittant, ce n'est pas vraiment le centre de formation à la chienlit manifestante. Je ne vais pas dire que c'est plein de vieilles dames et de vieux messieurs plutôt compassé, parce que des étudiantes mutines et de facétieux étudiants de plus de quatre-vingts printemps, j'en ai rencontré quelques un·e·s en histoire du Livre. Mais pas, ou plus vraiment du genre à lancer des pavés, rue Gay-Lussac, avec des Enragé·e·s ou des Situationnistes se livrant à des occupations.
Et par ailleurs, je lis le témoignage d'un certain Guillaume .
Lequel affirme que Clément Onimus a été mis en garde à vue pendant 36 heures (pourquoi si longtemps ? et pourquoi ne l'avoir pas tout bonnement convoqué à se présenter pour déposer ?) à l'issue d'une manifestation de soutien aux occupants de la Sorbonne. Clément Onimus aurait été accusé d'avoir jeté plusieurs bouteilles de verre sur des CRS. Il doit être riche, Clément Onimus. Il n'y a plus beaucoup de doctorants qui peuvent s'acheter plusieurs bouteilles de verre, de nos jours.
Et le Guillaume en question affirme qu'il n'a pratiquement pas quitté des yeux Clément Onimus durant le temps supposé des faits incriminés. Et que Clément Onimus n'aurait jamais, mais jamais rien fait de tel. On lui a pourtant prélevé de l'ADN pour le ficher au titre d'une participation à un « attroupement armé ». Comme un vulgaire patron ou armateur de chalutiers, comme un Beauceron céréalier lambda élu de la F.N.S.E.A., comme un surveillant-chef de l'administration pénitentiaire ! Non, mais, attendez, un futur docteur de l'université traité comme ces manifestants violents qui brûlent des préfectures, des pneus, dégradent des édifices publics ?
Mais dans quel monde vivons-nous donc !
Et le Guillaume en question de s'étonner :
« En mars 2006 (et en 1968..), ce genre d'événement aurait provoqué une émeute ; aujourd'hui, même un chien écrasé aurait fait plus de bruit dans les médias. »
Je lui laisse la paternité de ces propos, mais vérification faite, à défaut d'émeute, il est vrai qu'une arrestation de ce genre aurait suscité au moins une nouvelle manifestation, un sit-in devant le lieu de la garde à vue, pour le moins.
Pour un CRS, un prof est un prof…
Soit un moins que rien, sans doute. Pour être CRS, désormais, il faut, j'imagine, avoir deux ou trois années de droit derrière soi (si on en a fait davantage, on tente de rentrer simple flic dans un commissariat, et on a aucune chance d'intégrer Cannes-Écluses, car à l'oral, on se fait sacquer grâve, ou d'être reçu au concours d'inspecteur ; là, si on a un nom bien français, on a ses chances, si j'en crois la plainte récente présentée à la Halde).
Des étudiant·e·s peu capables ou infortuné·e·s qui lâchent la fac et tentent leur chance dans la police, ce n'est plus du tout rare. En général, elles et ils ont une piêtre opinion du corps professoral, lequel le leur rend généralement assez bien.
Alors, instit ou docteur·e des universités… Institut universitaire de France ou Collège de France, c'est tout un…
– On peut frapper, chef ?
– Même sur les femmes enceintes, chef ?
– J'ai rien entendu brigadier !
– Bon, les gars, on peut foncer, c'est pas des pêcheurs, c'est pas des paysans, c'est pas des éleveurs, c'est des profs !
Je caricature ? À peine !
Si elle ou il n'a pas un ruban (bleu ou rouge, de préférence, pour les autres, ils croient que c'est la médaille du travail…) à la boutonnière, un·e prof, en garde à vue, s'est montré forcément rebelle et bien évidemment forcément arrogant·e.
C'est obligé. Un·e médaillé·e du Mérite ou de la Légion d'honneur a forcément des relations politiques, peut-être même dans l'administration des impôts (et gare aux redressements), voire même à la Chancellerie ou place Beauveau. Donc, profil bas.
Pour tout le reste de ce monde enseignant, quelque soit l'âge, les fonctions (sauf recteur ou inspecteur général d'académie, car là, il faut des relations), les grades, états de services militaires, rang dans l'Armée du Salut, c'est idem. Bon, si vous êtes prof de gym et si vous avez des tuyaux pour le loto sportif… Faut voir à voir !
Sinon, tout sera fait pour vous titiller, vous énerver, vous provoquer au mot déplacé (genre : « je ne vous permets pas de me parler de la sorte », arrogance ! rébellion !). Et du mot à l'acte, hein ! Surtout n'allez pas tomber de votre chaise sur l'orteil du fonctionnaire de police.
J'exagère ? Oui, il est des gardes à vue qui se passent à peu près normalement. Si vous êtes gravement blessé, par exemple, on ne vous serrera pas les poignets à bloc puisqu'on vous a garotté les deux bras pour ralentir l'hemorragie.
Hormis Joxe, Pierre, fils de Louis (agrégé d'histoire et secrétaire général du Comité français de la Libération nationale, et qui à ce titre savait à quoi s'en tenir sur les policiers résistants de la dernière heure, sur ceux de la rue Lauriston, et sur Maurice Papon…), éphémère ministre de l'Intérieur, aucun titulaire du portefeuille n'a été capable de faire sérieusement régresser la délinquance dans la police.  Pierre Joxe, président de la Fondation pour le Protestantisme, n'est pas un joyeux drille.
Pour les autres…
Ah, si pour les profs, quand Jean-Pierre Chevènement passe à l'intérieur, on note un léger mieux. Il est fils d'un couple d'instits, et certains, dans la police, l'ont su. Prudence est mère de sûreté ! En plus, sa famille d'origine, c'est les Schwennemann, qui ont donné des gardes suisses au Vatican. Un descendant de collègues, quoi !
Bref, si vous avez des nouvelles…
Si vous avez des nouvelles de Clément Onimus, laissez des commentaires ou créez un article d'actualisation. Je ne sais pas pourquoi, mais je crains que Rachida Dati aura donné des instructions au parquet. Et qu'en ce moment, pour avoir une note permettant une carrière à la Courroye… J'aimerai que les faits me démentent. Je doute…