En France, on ne plaisante pas avec les terroirs. Nos vins et nos fromages d’appellations contrôlées ont une réputation qui dépasse nos frontières.

On a des appellations et des labels pour à peu près tout.

Mais choisir le futur président en fonction de son appartenance à un terroir me paraît pour le moins fantaisiste. C’est pourtant ce que propose Christian Jacob qui s’est autoproclamé spécialiste « es-terroir ». Il se permet de décréter si tel ou tel candidat appartient ou non à un terroir : pour DSK, c’est non ! Alors que François Hollande a brillamment réussi à l’examen.

Quant à Nicolas Sarkozy, on ne sait pas, il ne l’a pas dit. On n’imagine bien notre président les pieds dans la glaise dans sa bonne ville de Neuilly (ville de naissance de DSK). Ça fleure bon la campagne. On ne peut s’empêcher de penser à la chanson de Delpech « Loir et Cher » : « on dirait que ça te gêne de marcher dans la boue… »  

François Hollande, c’est un petit gars bien de chez nous. Ce serait amusant si ça ne cachait pas des relents nauséabonds de néo-poujadisme. On retrouve en filigrane les propos de Patrick Buisson quand il évoque l’amour des Français pour leur clocher. On n’est pas loin de la préférence nationale et des petites phrases sur « l’échec du multiculturalisme ».

Les remarques de Christian Jacob sont d’autant plus ridicules que François Hollande est né à Rouen, il est donc Corrézien d’adoption. Que va-t-il dire de Manuel Valls, espagnol naturalisé ?

Quant à Dominique Strauss Kahn, il fut maire de Sarcelles qui n’est certes pas une ville bourgeoise facile à gérer avec un taux de chômage à 20 %.

Je crois que l’échec de la politique de la majorité actuelle est tel qu’il faut essayer de noyer le poisson. DSK est l’homme à abattre par tous les moyens et Sarkozy préfèrerait en découdre avec Hollande qui lui semble moins dangereux. Christian Jacob n’a d’ailleurs pas expliqué pourquoi DSK n’est pas « du terroir » alors que Hollande l’est, c’est une vague impression.

Tout ça empêche de se poser les vraies questions, comme par exemple pourquoi le taux de chômage a plongé aux Etats-Unis mais pas chez nous.