Le Prix Médicis 2013 a été décerné à Marie Darrieussecq pour son Il faut beaucoup aimer les hommes. Faire profession de les détester est pourtant beaucoup plus rentable. Illustration avec la fondatrice de la Fondation Somaly Mam qui fit tant pleurer dans les chaumières en poussant des fillettes cambodgiennes à se dire sauvées des bordels grâce à elle. Somaly Mam connut ses premières heures de gloire en 1998. En novembre 2013, cette jetsetteuse du Charity Business de très haut vol (et luxe) semble aussi sincère dame patronnesse qu’une Carla Bruni paraît désintéressée…

La Fondation Somaly Mam a encore le vent en poupe. Elle vient de signer un accord avec le groupe Estée Lauder pour le financement sur trois ans d’un centre d’apprentissage pour esthéticiennes.
Avec OmLuxe, Somaly Mam vient d’organiser, à Siem Rep (Cambodge), les journées Compassion in Cambodia.
Une session, ouverte le 9 dernier et s’étendant jusqu’au 15 prochain, pour méditer et verser 40 000 USD à la fondation.

Le 23 octobre dernier, au Gotham Hall, sur Broadway (New York), le gala de la fondation s’ouvrait par une intervention de Seth Meyers (Saturday Night Live).
Tout l’état-major d’Estée Lauder, ainsi que les membres du comité d’organisation, dont Diane von Furstenberg, Susan Sarandon, avaient revêtu de “festive attires" (prêtées ou non par de grands couturiers). L’an dernier, le parrain associé était Goldman Sachs, le fameux groupe financier versé dans l’humanitaire.

L’ennui, c’est que, le 12 octobre, dans The Cambodia Daily, paraissait l’article de Simon Marks et Phron Bopha,“Sex Slave Story Revealed to be Fabricated”. Il a été repris depuis par le Vancouver Sun et plus récemment par El Mundo :« La heroina camboyana se invento hasta su propia vida » et « Las mentiras y montajes de la heroina que restacaba a niñas prostituidas&nbps;».

Très photogénique, adversaire du mariage et proclamant sa détestation des hommes (hormis, bien sûr les plus riches, fortunés, influents), mais néanmoins mariée avec un Français, Pierre Legros (il en est séparé depuis 2004 et la qualifie à présent de « grande actrice »), Somaly Mam s’est inventée une biographie avec son livre Le Silence de l’innocence (2005).

Elle serait née dans un petit village de la province du Mondolkiri (nord du Cambodge) et vendue encore mineure à un bordel de Phonm Penh, vers les « neuf ou dix ans ». Sa virginité est, narre-t-elle, vendue à un riche Chinois, et pomponnée telle une Barbie infantile, elle doit enchaîner les passes. Tout le monde gobe plutôt deux fois qu’une, dont Oprah Winfrey et Tyra Banks.

Mais Susan Sarandon et la reine Sophie d’Espagne les avaient précédées. Elles ont largement contribué à financer l’Afesip (Action pour les femmes en situation précaire).

L’ennui, c’est que Somaly Mam avait laissé des souvenirs à Thlok Chhrov, la région où elle vécut sa petite enfance, et son adolescence. Ses camarades de classe ont fini par donner leurs versions.
Sam Nareth, 48 ans, se souvient de l’arrivée de Somaly dans la localité, en 1981, avec ses présumés parents adoptifs.
Ils venaient de Thnort, s’établirent à Khchao, où la mère (décrite adoptive dans le livre) fut maîtresse d’école.
Somaly Mam était encore scolarisée, cette fois en collège, en 1987. Au temps pour la soi-disant analphabète qui obtint l’équivalent d’un brevet supérieur en septembre 1987.

Thou Soy, 68 ans, qui fut directeur du collège jusqu’en 2005, atteste que Somaly Mam fut scolarisée au moins jusqu’en 1987.
Tout comme le maire et deux de ses adjoints.
Selon toute vraisemblance, Somaly Mam aurait fait une fugue…

Plus tard, en 2006, elle inventera que sa fille, alors âgée de 14 ans, aurait été, en représailles, enlevée, séquestrée, violée par des proxénètes. D’autres témoignages aussi fictifs ont été démentis par les intéressés.

Le nègre littéraire du Silence de l’innocence avait été le sociologue révisionniste Serge Thion. Il affirmait l’avoir connue depuis environ deux décennies. Il indiquera par la suite que la traduction vers l’anglais avait été encore plus romancée. Il indique que l’image de marque de Somaly Mam est totalement préfabriquée à présent par des officines de communication étasuniennes.

Lisa Appignanesi, traductrice ou co-traductrice (avec Ruth Marshall) du français vers l’anglais pour The Road of Lost Innocence, s’est défendue d’avoir adapté le texte pour le mettre au goût du lectorat américain. Le livre s’est vendu initialement à 50 000 exemplaires avant de reparaître chez Doubleday.

Michetonneuse d’occasion ?

Selon Pierre Legros et Serge Thion, Somaly Mam serait âgée de 43 ou 44 ans. Pierre Legros fit la connaissance de sa future épouse en 1991, dans un bar proche de l’hôtel Le Royal de la capitale cambodgienne. Ce n’était pas vraiment un « bar à bouchon ». Le couple revient au Cambodge en 1994. Somaly Mam a soutenu à son mari qu’elle avait été vendue en 1980 et serait parvenue à s’échapper d’un bordel en 1990. En 2008, elle rectifiait le tir, disant avoir été vendue âgée de treize ou quatorze ans.

L’affaire fait grand bruit en Espagne car la fondation fut lauréate, en 1998, du prix de la Coopération internationale de la Fundación Príncipe de Asturias. L’organisation associative Anesvad versa aussi près d’un million d’euros et l’Agencie espagnole de coopération internationale près du double (dont, pour 2007 et 2008, 697 000 euros).

Somaly Mam a dicté divers contes de sorcières à des protégées. Lesquelles ont par exemple, pour certaines, révélé depuis le nom de l’hôtel – le Chai Hour – où elles furent planquées pendant que Somaly Mam proclamait qu’elles avaient été enlevées puis assassinées par un réseau de traites d’enfants et adolescents.

Parmi les témoignages bidonnés, dictés, celui de Meas Ratha, 32 ans à présent, retient davantage l’attention du public français. Elle avait alors 14 ans, en 1998, lorsque l’émission « Envoyé spécial » de France 2 lui consacre un long temps d’antenne. Meas Ratha avait été préférée à sa sœur, moins expressive, pour se dire victime d’une traite d’enfants. Somaly Mam l’avait persuadée que son récit aiderait beaucoup de vraies victimes.

La charité, en général, est souvent (trop souvent) un secteur lucratif, permettant de rétribuer, grâce à des donateurs et des bénévoles, des dirigeants menant grand train pour mieux récolter des fonds. Avec la prostitution, en serait-il devenu de même ?

De très grands doutes…

En France, alors que se profile une loi de pénalisation des « clients-prostitueurs », faute de pouvoir s’en prendre plus efficacement aux réseaux mafieux de la prostitution (même si la Brigade de répression du proxénétisme réalise parfois de belles affaires), des associations recueillent des témoignages, tous plus alarmants les uns que les autres. Les prostituées traditionnelles indépendantes mettent en doute nombre de ces témoignages de « désavouées » (anciennes prostituées). 

Somaly Mam s’est désavouée elle-même, devant, l’an dernier, concéder que, pour la bonne cause, elle avait fabriqué, à la tribune des Nations-Unies, l’histoire d’une dizaine de ses pupilles enlevées et exécutées. L’Assemblée générale de l’Onu n’a pas, depuis, commenté.

Mais les officines nord-américaines du Charity Business soutiennent à présent que ces exagérations (ou totales inventions) étaient justifiées par l’ampleur du problème de la prostitution infantile en Asie. Demain, en sera-t-il de même, au Sénat et à l’Assemblée nationale, à propos de la prostitution d’étrangères non-communautaires en France ?

Les chiffres publiés par la Fondation Somaly Mam pour 2011 (derniers divulgués) font état d’un déficit d’un million et demi d’USD (2,9 recueillis ; 3,7 présumément engagés). Les actions ont pourtant diminué d’une année sur l’autre, les frais administratifs et de fonctionnement croissant de 3 % (et d’un pour cent pour les activités de levées de fonds et dons).

Gap (habillement), Facebook, Tau Investment Management, Google, sont représentés au bureau de la fondation. Hilton Worlwide et Estée Lauder figurent en bonne place parmi les parrains.

Le story-telling de la fondation a totalement évacué le mari et l’ami français de la co-fondatrice. À présent, il n’est plus question que des Américains Jared Greenberg et Nicholas Lump.

Somaly Mam paradait la nuit dernière lors de la remise des trophées Women of the Year du magazine Glamour (presse beauté, mode, pipeules, frivolités et bienpensance).

Le mot d’ordre est à présent « fashion + compassion ». Le 20 prochain, Somaly Mam sera au Standard Spa Rooftop Bar de Los Angeles. 125 USD le ticket d’entrée pour la soirée, 225 pour obtenir, en sus, un mois d’abonnement introductif au club et spa.

Des versions ad hoc

Elle racontera une nouvelle version de son calvaire (de vendue à dix ans, puis à treize-quatorze, elle est revenue à 12 pour l’Huffington Post récemment). Elle narrera comment elle a pu s’enfuir en France mais n’y supportait plus une vie paisible « tandis que des milliers de fillettes étaient torturées dans son pays » (article d’Eleanor Goldberg pour l’Huffington Post). Elle affirmera sans crainte d’être contredite des chiffres forts : 30 000 enfants prostitués en Asie du Sud-Est, selon ses propres estimations. Avec des fillettes « et même de six ans » forcées à se prostituer par centaines. Elle redira, au mépris de ses compatriotes, qu’au Cambodge, coucher avec une vierge est censé guérir du Sida (Carla Bruni nous a épargné cette fable).

Faute de dénoncer l’esclavage en Arabie ou des les Émirats, le Body Shop mène campagne contre l’exploitation sexuelle, nouvel esclavage généralisé et tellement médiatique. Mam, qui se traduit à présent aussi en Master of Advertising & Marketing, était très convaincante.

Beaucoup plus convaincante que l’association cambodgienne The Women’s Network for Unity and Empower Foundation, qui rassemble, elle, des prostitué·e·s en exercice et est un peu à ce pays ce que le Strass (Syndicat du travail sexuel) est à la France. Bien évidemment, ces prostitué·e·s ne savent pas ce qu’elles ou ils disent, sont fragiles, forcément fragiles, et bien moins, bien moins « perturbés » qu’une si diserte Somaly Mam. Des personnes dégradées (voire dégradantes) tandis que Somaly Mam, réhabilitée, est si chic, si stylée, si digne d’écoute (et de vos dons, directs ou en tant que contribuables). Et si responsable !

La direction de la fondation s’est dotée d’une augmentation de revenus de près de 52 % entre 2010 et 2011, et la cofondatrice s’est octroyée légèrement moins (à près de dix mille euros par mois) que ce qu’elle a concédé à d’autres. Charité bien ordonnée commence par soi-même, mais restons modestes.

Moins de 350 pupilles réparties en trois centres, le plus souvent, comme en Haïti, confiées par les parents et servant parfois de domestiques, sont censées éponger tous les fonds et subventions. La formation est tellement qualifiante que la témoin de France 2 s’emploie à présent à vendre des fruits et légumes à la sauvette aux employées du textile d’une banlieue de la capitale.

Des émules en France ?

Le Nid, lorsque cette association organisera des sessions de sensibilisation des clients prostitueurs, serait bien avisée d’inviter Somaly Mam à expliquer son action. Après tout, l’aller-retour depuis New York n »est pas si onéreux en classe affaires et mieux vaut que les subventions aillent à des personnalités reconnues qu’à des inconnues.

Elle débutera par « je me nomme Somaly. Je ne connais pas mon véritable nom ni mon âge (…) j’ai été vendue à un homme qui se prétendait mon grand-père… » (autre variante : un oncle). Sa seule amie au bordel, une jeune fille d’environ 16 ans, fut exécutée d’une balle dans la tête par une maquerelle. Elle expliquera comment Tom Dy, une jeune fille prostituée en fugue ou chassée d’un bordel car souffrant du sida, donnera post mortem son nom au premier centre de l’Afesip (Agir pour les femmes en situation précaire).

La Fondation Solyna (Sauvons les enfants du trafic sexuel) a tout gobé de son récit fantasmé. Sur sa page, ce n’est plus à 13-14 ans, plus à 12, plus à 10 ans, mais : « vendue à l’âge de huit ans par son prétendu grand-père » (site fondationsolyna.ch, accédé ce jour à 17h30). Qui dit mieux ? Pour la Fondation Solyna, le Français qui deviendra son mari devient « un Lausannois ».

Le président de la Fondation Solyna a été fortement impressionné par les distinctions de Somaly Mam :
• Prix Prince des Asturies pour la coopération internationale ;
• Femme de l’année 2006 – Glamour Magazine ;
• Roland Berger Human Dignity Award 2009 ;
TIME Magazine most influent people ;
CNN Hero en 2011 ;
• Porte drapeau du CIO en 2006 à Turin…

Et rien de prévu pour 2014 ?

C’est à la suite d’une rencontre avec elle, en 2011, que Chris Wolf crée sa propre fondation et la nomme « présidente d’honneur ». Ce qui permettra de recruter de sémillants jeunes gens (ou d’obtenir des stagiaires non rétribué·e·s, peut-être, ou bien rémunéré·e·s, selon affinité, allez savoir). L’action consiste surtout à aller distribuer des préservatifs dans des bordels asiatiques.

Tourisme compassionnel

Après le tourisme sexuel, le tourisme compassionnel anti-trafics sexuels. C’est moins coûteux.
À chaque fois, on affirme « bien que les chiffres concernant ces pratiques soient difficiles à établir », on en avance en milliers, centaines de mille, millions, dizaines de millions.

En juin 2013, la fondation Solyna avait réussi à obtenir 64 800 francs suisses (chf), avec l’aide de Swiss Charity. Ce qui a permis, en octobre dernier, à trois membres suisses d’ailler au Cambodge pour accompagner « les équipes de sensibilisation dans les bordels ». Mais aussi assister « à des séances de sensibilisation données aux jeunes filles ». Des jeunes filles recrutées de plus en plus jeunes (car plus dociles ?) auprès des familles. 

Conclusion du rapport de virée au Cambodge : « cette excursion en Asie du Sud-Est, nous aura permis de vous préparer une magnifique surprise, que vous aurez la joie de découvrir au début de l’année prochaine. ». La surprise ? Une conférence de Somaly Mam invitée tous frais couverts, sans doute ? Avec vente de t-shirts, de mugs, de produits locaux cambodgiens issus du fameux développement durable… des associations d’aides de toutes sortes.

Prostitueuse elle-même ?

David Jiménez, correspondant d’El Mundo pour l’Asie du Sud-Est, va plus loin. Il a retrouvé Veasna Chan, qui s’était réfugiée dans un centre de l’Afesip, et Pedro Barbadillo, le réalisateur d’un film dont Veasna Chan est le sujet central. Pedro Barbadillo recueille le témoignage de la présumée protégée de Somaly Mam. Il alerte l’ONG espagnole (et basque) Anesvad.
Le chef du centre de Siem Reap de l’Afesip aurait profité de ses pensionnaires à son gré. «&nbspi; et au plus haut niveau, l’Afesip était au courant, car des victimes avaient fait remonter l’information ».
Anesvad, qui recommandait l’association cambodgienne et la Fondation Somaly Mam, avait développé des suspicions. Une ancienne collaboratrice, Ane Miren Fernandez, avait émis des doutes sur l’emploi des fonds et relevé que le niveau de vie de Somaly Mam devenait plus que suspect.

Le cinéaste Pedro Barbadillo fut envoyé au Cambodge en tant qu’investigateur pour Anesvad. Il put contacter six jeunes femmes ou femmes qui dénoncèrent un certain Phana et un dénommé Ou Sophan, qui a des liens familiaux avec Somaly Mam. Les deux hommes obligeaient des pensionnaires à avoir des relations sexuelles avec eux, selon les témoignages. Veasna put obtenir le statut de réfugiée en Galice.

Une pratique courante

Pierre Fallavier, qui a travaillé pour l’Afesip entre 1999 et 2007, s’est confié par courriels à Simon Marks, du Cambodia Daily. Diplômé du MIT, il a constaté que l’Afesip n’était pas la seule association créant des narratifs « composites ». La fin justifiant les moyens.

Les donateurs exigent des récits édifiants pour se mettre en avant dans de beaux rôles. On les leur fournit, quitte à les inventer. La méthode consiste à amalgamer différents épisodes racontés par diverses victimes, et d’en faire un narratif qu’une victime photogénique ou sachant bien s’exprimer saura débiter devant les micros, les caméras, en conférence de presse.

Il faut absolument pimenter, et donner un visage à l’opinion, un seul, et dramatiser à l’extrême. Comme d’habitude, informée des dires de Pierre Fallavier, la Fondation Somaly Mam s’est refusée à confirmer ou infirmer, mais Pierre Legros se souvient fort bien de Pierre Fallavier. Lequel permit d’obtenir des fonds de la Commission européenne (donc des contribuables européens).
Pierre Fallavier servait d’agent de liaison entre Handicap International et l’Afesip.

Selon Pierre Fallavier, Handicap International France avait lancé une campagne sur le sujet des enfants victimes de mines anti-personnel, en 1999. Mettre en avant des enfants permet de recueillir des fonds pour des projets (utiles) d’une toute autre nature. 

Mais dans le cas de Somaly Mam, il s’agissait sans doute davantage de faire profiter ses relations personnelles de la manne.

Zoom News a titré sur « Le Disneyland de la bonté ».

On peut se demander aussi pourquoi Somaly Mam a très peu sollicité l’opinion et les donateurs français. Elle a pourtant passé quelques années en France. Mais elle avait démarché les mairies de Nantes, du Mans, et du Cannet. Michèle Tabarot, maire du Cannet, trésorière de l’UMP, l’avait accueillie, ainsi que Jean-Marc Ayraut qui lui remit le Prix de l’Édit de Nantes.

Le contact en France de l’Afesip est Madame Matiada Ngalikmima ([email protected]). Un message téléphonique et un courriel lui ont été adressés par nos soins ce soir avant 22 heures.

Sur Facebook, Pierre Legros a commenté : « l’histoire est encore plus extravagante que cela. Entre les mensonges de Somaly Mam qui commencent à peine a sortir et l’implication de la finance et des grosses entreprises dans le juteux jeu des ONG, le débat aujourd’hui devrait se porter sur
1. Le parasitisme humanitaire ;
2. les Institutions internationales ;
3. le développement des pays du Sud.
Là est le scandale. Les stratégies politiques et économiques sont néocolonialistes et ne reflètent que la vision financière du Nord
. »