La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers


(extrait de Correspondances, les Fleurs du mal – Baudelaire)



 

Les couleurs déterminent l’ambiance et  suggèrent l’état d’esprit d’une société.  

Elles occupent une place tellement importante dans la vie des êtres humains, qu’il leur a été attribué des significations spécifiques voire des « codes ». 

L’agencement des couleurs se traduit par un impact non négligeable sur l’humeur de l’individu. 
Il n’est plus à démontrer qu’elles influencent le moral  des êtres et agissent sur leur corps. 
 
Leur symbolique diffère d’un continent à l’autre. 
Il est opportun de ne pas l’ignorer, afin  d’éviter des conséquences parfois dommageables.  
 
Depuis les Mésopotamiens, chaque planète a sa couleur et la symbolique des couleurs a traversé avec  souveraineté l’antiquité,  le Moyen Âge et les temps modernes.  

 

 

 

Au tout début du XVIIIè siècle,  Newton  était persuadé qu’il y avait une correspondance précise entre les couleurs et les notes de la gamme.  http://fr.wikipedia.org/wiki/Isaac_Newton

Voltaire suivra Newton dans cette analyse, notamment à travers « les éléments de philosophie de Newton ».  

 
Le XIXè siècle voit de nombreux artistes et scientifiques exercer une influence majeure dans les domaines de l’étude et de l’interprétation des couleurs.  

Ainsi,  Newton est contré par Goethe dans sa « théorie des couleurs ». 

Ce dernier lui reproche de ne voir que l’aspect physique et matériel alors que lui insiste sur l’aspect spirituel.  http://fr.wikipedia.org/wiki/Goethe.

 

Maître Philippe de Lyon, occultiste,  soutient quant à lui que les sons sont formés de couleurs, et qu’ils ont une influence capitale sur l’organisme. http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_de_Lyon

 

 Notes de musiques exprimées en couleur.

 

Ainsi, selon ce dernier :  

 
Le DO (rouge) agit sur le cerveau, l’estomac et les intestins. 
Le RE (orange) agit sur l’estomac, l’abdomen et les intestins. 
Le MI (jaune) agit sur le coeur et la rate. 
Le FA (vert) contracte le diaphragme. 
Le SOL (bleu) agit sur la partie supérieure des organes et sur les bras. 
Le LA (indigo) provoque des tremblements au cœur et dans la région cardiaque. 
Le SI (violet) agit sur le cœur lui-même.  

 

 

A la fin du XXè siècle, Michel Pastourneau , spécialiste de l’étude des couleurs,  publie plusieurs ouvrages sur ce thème http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Pastoureau.

Tandis que l’Américain  Ken Wilber attribue une couleur aux différentes visions du monde.  http://fr.wikipedia.org/wiki/Ken_Wilber.

 

Sociologues, psychologues, naturopathes, réflexologues et autres stylistes étudient l’expression des couleurs et leur rayonnement sur le comportement humain.

A l’observation des couleurs, la première sensation ressentie est assurément le chaud ou le froid.
 
Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, notre œil ne voit pas toujours la même chose et, dans la mesure où l’œil « mesure » en permanence,  une même couleur peut être perçue différemment. 
On sait que l’intensité des couleurs d’un journal permet d’augmenter de façon significative le nombre d’exemplaires vendus. 
Parallèlement, des chercheurs ont observé que le nombre de bouteilles de vins consultées sont plus élevées lorsque la lumière est vive, alors qu’une lumière tamisée augmente significativement la vente de bouteilles de vins. 
Chez les sportifs, la couleur du vêtement semble influer sur les résultats obtenus. 
Selon des études récentes,  la couleur des vêtements des sportifs influencerait  la décision voire la note des juges ou arbitres.  

Les couleurs agissent donc comme des ondes qui émettent des vibrations, d’où, le choix des couleurs résonne à partir de ce langage.   

 

Que ce soit objectif ou subjectif,  il est utile de rappeler que les couleurs se divisent en quatre classes :                 

 
–  Les couleurs primaires  ou primitives : bleu, jaune, rouge.  
–  Les couleurs secondaires ou dérivées : orange, vert, violet. 
–  Les couleurs tertiaires : doré et marron. 
–  Les inclassables : noir, blanc, rose et gris 

 

Les couleurs primaires : bleu, jaune, rouge :  


 
Le bleu évoque le ciel, l’air, l’infini.  
 
Dans nos sociétés occidentales, c’est la couleur attribuée au garçon. 
Elle symbolise en outre la sérénité, le rêve, la foi, la pureté, la fraîcheur, la sagesse.  
C’est la couleur de la féérie, de la communication mais aussi de l’intuition. A l’inverse elle peut être associée à la mélancolie.  
 
Par analogie au ciel, et incitant à la méditation, le bleu assortit les représentations divines de l’Orient et de l’Occident.   
Comment s’étonner que Louis XIV, auto proclamé Roi Soleil, ait jeté son dévolu sur le bleu assorti d’or  pour illustrer la couleur de la Maison de France.  
 
A noter que les organismes internationaux tels  l’ONU, l’UNESCO, l’Union Européenne, le Conseil de l’Europe, ont  tous choisi le bleu comme couleur emblématique.  
 
EXPRESSION connue : « Etre blanc-bleu » (avoir une réputation intacte)    

 
 
Le jaune est la couleur du soleil et de l’or.  
 
Il symbolise  la fête et la joie, le pouvoir, l’égo et l’illumination intérieure. 
C’est la couleur du Dieu immortel. 
Elle correspond à la richesse mais aussi à la foi, ce qui explique que de l’Orient à l’Occident, le jaune a longtemps été réservé aux empereurs et rois.  
 
Devenue pâle, la couleur est alors associée à la dépravation.  
 
A cause de sa note ambivalente, l’Islam considère le jaune comme symbole de trahison. De même, les Chrétiens représentaient Judas vêtu d’une tunique jaune.

Par extension, le Concile de Latran (1215) imposa aux juifs le port d’un morceau d’étoffe jaune sur leur vêtement,  en signe d’infamie. « Ecusson » de sinistre mémoire, quelques siècles plus tard dans une Europe déchirée.    

 
La fin du Moyen Âge en France, voit les fous fagotés de jaune et au XVIè siècle on peignait la porte des traîtres en jaune. 
Cette couleur demeurera longtemps le signe de reconnaissance des prostituées.
 
EXPRESSION connue : « rire jaune ».
 
     
 
Le rouge  symbolise  l’ardeur, le danger, la colère, l’interdiction, l’amour.   
 
Son ambivalence est permanente, peu importe les civilisations.  
C’est la couleur sentimentale par excellence.  
 
On l’associe sans détour à la luxure, à l’enfer, au sang et … à la prudence  dont les signaux d’alarme et  les panneaux STOP sont emblématiques. 
A ce sujet, ce sont les chemins de fer qui utilisèrent cette couleur dès 1830, pour signifier un arrêt.  
 
EXPRESSION connue : « voir rouge »    

 
 
Les couleurs secondaires : orange, vert, violet :  

 
L’orange, symbole du fruit de même couleur, est porteuse d’optimisme et de joie.    
 
Elle représente  la création et la joie de vivre mais incarne par-dessus tout le point d’équilibre de la libido et de la fidélité.  

A l’instar du jaune, c’est une couleur ambivalente, et les variations de son intensité peuvent aussi déterminer la luxure ou l’infidélité. 
Chez les anglo-saxons, l’orange exprime la santé et l’émotion.     
 
EXPRESSION connue : « apporter des oranges » (Aller visiter quelqu’un en prison ou à l’hôpital)
 
     
 
Le vert, symbole du monde végétal est associé à la jeunesse et exprime le renouveau.  
 
En occident, cette couleur correspond  à l’espoir, au dynamisme, à la vitalité, à la croissance, à l’expérience, à la justice mais aussi à la chance. A l’infortune et à l’échec, dualité oblige.  
 
Une rumeur prête à Jean-Baptiste Poquelin –  dit Molière –  d’avoir été vêtu de vert le jour de son décès sur scène.  A ce titre cette couleur est bannie des théâtres. 
 
En France, au moyen-âge, un chapeau vert coiffait les pâtres, apothicaires et médecins. 
Par extension, cette couleur illustre aujourd’hui les logos des hôpitaux et pharmacies et est restée attribuée aux pharmaciens militaires.  
 
Pour l’Islam, le vert est synonyme de salut et de connaissance. 
Les saints musulmans sont vêtus de vert car le manteau du prophète Mahomet était de couleur verte. 
Ceci explique, notamment, que de nombreux pays musulmans aient choisi la couleur verte pour agencer l’ornement de leur drapeau.  
 
Pendant la guerre de Sécession, le Trésor américain fabriqua le « dollar » papier avec de l’encre verte. Le pigment  était non seulement abondant mais facile à trouver, et cette couleur se révélait très résistante aux produits chimiques.     
 
EXPRESSION connue : « donner le feu vert »    

 
 
Le violet … (la mal-aimée) symbolise le deuil ou le demi-deuil.   
 
C’est la couleur de la tempérance, de la douceur et du rêve, de la mélancolie,  de la solitude, de l’obéissance et de la soumission.   
C’est la couleur par excellence des  êtres spirituels. 
 
La violette n’est-elle pas  une fleur funéraire ?  
 
EXPRESSION connue : « Faire du feu violet » (emballement  passager pour une chose)

 

 

Les couleurs tertiaires : doré et marron    


 
Le marron est la couleur de la matérialité.  
 
Couleur de terre et de boue, le brun recèle une notion de dégradation. 
Il correspond à l’avarice et l’égoïsme.  
 
EXPRESSION connue : « ouvrage marron» (imprimé clandestinement)    

 
 
Le doré symbolise le faste et le luxe.
 
Est également lié à la fécondité. 
Il est synonyme de puissance et d’argent et n’a aucune connotation négative.  
 
EXPRESSION connue : « Se faire dorer la pilule »       

 

 

Les inclassables : noir, blanc, rose et gris :

 

Le noir : ou l’absence de couleurs.

Il symbolise  le néant, le désespoir, la peur, le mystère, la mort, la nuit, les ténèbres. 

 
En Occident, c’est la couleur du deuil.  
Il est acquis que dans de nombreuses cultures,  les gens ont une perception spontanément négative du noir. 
 
Peut-être que dans la mémoire collective, cette couleur resterait attachée à l’une des pandémies les plus meurtrières traversées par l’humanité : « la peste noire » ou « peste bubonique » qui se propagea en Europe de 1347 à 1352. 
En provenance d’Asie, cette affection a fait un nombre de victimes estimé à 75 millions.  
 
Il n’en est pas moins vrai que c’est aussi la couleur de l’élégance par excellence,  qui incarne les tenues vestimentaires habituellement portées  aux réveillons.  
 
EXPRESSION connue : «Broyer du noir»

 

 

Le blanc, n’est pas une couleur en soi.  

 
Il a la particularité d’être la synthèse chromatique de toutes les couleurs.  
Il incarne la chance. 
 
En Occident on l’associe à la pureté, à la virginité et souvent au mariage tandis qu’en Orient, il symbolise le deuil.   
Couleur d’innocence, de pureté et de virginité, le blanc habille l’enfant porté sur les fonds baptismaux, le communiant, la mariée, et accompagne traditionnellement dans leur dernier voyage les petits partis trop tôt.  
 
La couleur blanche est retenue comme le symbole international de trêve,  voire de reddition. 
 
EXPRESSION connue : « col blanc » (employé de bureau)    

 
 
Le rose est à la fille, ce que le bleu est au garçon.  
 
Il symbolise la féminité, le romantisme,  la séduction, la délicatesse.  
Cette couleur est étroitement liée à la tendresse et au bonheur.  
 
EXPRESSION connue :   « voir la vie en rose »      
 
 
 
Le gris  est une couleur équivoque, symbole de pénitence et de deuil.     
 
Il évoque la solitude, l’ennui, le malheur ou  la mélancolie mais est toutefois assorti de vertus douce et apaisante. 
C’est la couleur des narcissiques. 

 

EXPRESSION connue : « Eminence grise » (conseiller occulte d’un homme de pouvoir)

 

 

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