Percy était supposé rentrer chez lui, à Cannock, dans le britannique Staffordshire, depuis la bretonne Fougères (Ille-et-Vilaine). Il a été localisé finalement à Québec, par chance chez un couple d’amateurs de pigeons voyageurs. Soit une dérive d’environ 5 400 km.
Fugue ou perte du nord (au sens propre, Cannock se situant pile au nord de Cannock, ou presque), telle est la question. Où aversion pour la pluie incessante au nord de la Loire et plus encore de la Tamise ?
On ne sait.
Toujours est-il que Percy le pigeon voyageur s’est offert une escapade d’un quart du tour du monde, agrémentée sans doute par quelques croisières en passager clandestin.
Il est en effet difficilement envisageable que ce pigeon – ou tout autre – ait pu franchir cette distance maritime sans escale, et ce bien avant d’arriver au-dessus de Saint-Pierre ou Miquelon…
Ce pigeon, qui n’est pas né de la dernière pluie, car il compte plusieurs traversées de la Manche ou de la mer du Nord a son actif, n’était nullement maltraité par son propriétaire, un amateur de 75 ans dont il était l’un des meilleurs éléments.
Alors quoi ? Aurait-il rencontré une pigeonne du côté de Jersey ou Guernesay, laquelle cherchait le beau temps cap à l’ouest ? C’est désormais un volatile québécois qui n’est pas sans papiers car sa bague a permis de l’identifier. Ses nouveaux hôtes le garderont car son ancien propriétaire n’envisage pas de le faire rapatrier ou d’aller le récupérer.
Mais peut-être peut-on avancer une autre explication, linguistique… Il participait à la course du Blue Ribbon (le ruban bleu) qui peut aussi se traduire en « cordon bleu ». Ce qui désigne de nos jours un cuisinier. Percy a-t-il craint de finir accommodé aux petits pois à son retour ?
SkyNews, qui rapporte la nouvelle, n’a pu obtenir d’entretien avec Percy, qui gardera sans doute jusqu’à la tombe son secret. La colombophilie mondiale s’interroge. Mais il semble bien que la météo soit en cause, car ils se repèrent beaucoup mieux par temps clair que par temps couvert.
Les pigeons (et d’autres espèces, notamment aquatiques, dont des poissons, tortues, crustacés à la morphologie différente et bien sûr dépourvues de bec) sont supposés s’orienter grâce à des particules de magnétite et maghémite (deux oxydes de fer) localisées dans leur peau, juste au-dessus du bec. Mais leur lecture de la position du soleil semble aussi les guider. En été, ils sont aussi capables, lors d’un parcours terrestre, de profiter des courants ascendants générés par les liaisons routières reflétant la chaleur. Ils sont donc capables de se dérouter.
Les pigeons, longtemps sensés n’avoir d’autre capacité que de rejoindre leur pigeonnier d’origine, ont d’autres dispositions : la Navy américaine les entraîne à repérer, depuis un hélicoptère, les gilets de sauvetage des pilotes ou d’autres naufragés. Ils forment d’ailleurs les derniers contingents militaires encore employés.
Rien n’indique que Percy soit muni d’une cervelle de moineau, et son mystère reste entier.