Casser l’Université, le mode d’emploi de la loi Pécresse

Casser l’Université, le mode d’emploi de la Loi Pécresse

Pour casser l’université sous prétexte de la sauver, la Loi Précresse utilise trois armes de destruction massive :

1. L’introduction déréglée des financements privés

2. Le basculement de l’autogestion démocratique dans un management autocratique

3. La fin de la garantie nationale de l’équivalence dans les compétences des enseignants et dans les contenus d’enseignement.

 

1. La Loi Pécressse organise la vente de l’Université au marché privé: voilà qui fera faire des économies à l’Etat et offrira d’excellents investissements aux entreprises ! Oui, mais c’est par là même condamner à la PAUVRETE les «petites» facs (dans des régions économiquement fragiles), les «petites» filières (à vocation culturelle, non directement «rentables» pour les entreprises) et les «premières années» (là où le taux d’échec est catastrophique, là où on est encore loin des cycles rentables consacrés à la recherche).

L’ouverture aux capitaux privés (que le PS avait aussi envisagé) aurait dû s’accompagner de toute une série de mesures compensatoires au niveau de l’Etat (compensations inter-régionales, inter-filières, inter-cycles) qui sont absentes de la loi Pécresse.

Car dans la répartition des financements, tout est laissé à l’appréciation… des nouveaux super-Présidents.

 

2. …

2. Le basculement de l’autogestion démocratique dans un management autocratique.

            Puisque les universités deviennent des sortes d’entreprises, avec gestion des budgets, des ressources (démarchage du privé), des postes et des personnels, il était logique que la fonction de président d’université soit conçue sur le modèle du PDG international.

            Elu par un CA où la proportion des acteurs privés leur assure une minorité de blocage, le Président nouvelle façon n’est plus un universitaire élu par ses pairs et dont le CA est contrôlé démocratiquement par un ensemble de conseils (conseils scientifiques, conseils de la vie étudiante, etc.), il devient un monarque autocratique qui gère sans contrepoids les fonds de sa boîte en poursuivant deux objectifs : récolter toujours plus de fonds, assurer sa réélection en ne déplaisant pas au C.A.

            Tout passant par le Président, c’est donc la FIN DES ESPACES DE DEBAT ET DE DEMOCRATIE, où pouvaient remonter les remarques de la «base» (des ETUDIANTS, des personnels, des départements…) vers le sommet. La démocratie en interne est enterrée.

 

3. La fin de la garantie nationale de l’équivalence dans les compétences des enseignants et dans les contenus d’enseignements.

            Le Président, directeur de son C.A., décide du profilage des postes d’enseignement (répartition entre heures d’enseignements et heures de recherche), de leur ventilation entre les filières, de leurs salaires.

Petit décryptage à usage des étudiants:

– où iront les meilleurs enseignants? sur les postes à hauts salaires et à profil de recherche, autrement dit dans les cycles les mieux payés (masters et doctorats), dans les départements les mieux payés (ceux pour lesquels le retour sur investissement privé est garanti), dans les universités les mieux dotées (dans les régions les plus riches).

– Qui sera cocu? L’étudiant des petites université, l’étudiant des premières années, l’étudiant des petites filières (philo, sciences du langage, lettres classiques, histoire de l’art…). En face de lui, des enseignants démotivés (moins payés) et déconnectés de la recherche (moins performants). Sympa non?

 

Voilà comment la Loi Pécresse, en vendant l’université, la casse: elle condamne à la seconde zone les petites facs, les petits départements, les petits niveaux, partout où il y aura de petits moyens – en capitaux et en postes d’enseignement.

 

Alors au bout du compte, qu’adviendra-t-il de l’EQUIVALENCE DES DIPLOMES ?

Puisque l’université est alignée sur le modèle capitaliste, elle s’ouvrira franchement à la loi de l’offre et de la demande: les cycles les mieux dotés en ressources humaines et financières pourront choisir leurs étudiants et leur imposer des droits d’inscription en hausse.

Et les autres? Pourra-t-on croire que les diplômes qui y seront délivrés seront équivalents? La langue de bois n’existe pas sur le marché de l’emploi.

 

 BONNE LECTURE A TOUS !

 

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