Saint Polycarpe, – Sant Policarpi en occitan -, implanté à 227 mètres d’altitude, est une commune audoise, canton de Saint-Hilaire, arrondissement de Limoux qui, baignée par la rivière éponyme et le ruisseau Rieugrand, s’étend sur une superficie de 13,8 kilomètres carrés. Le village et ses hameaux et lieux-dits, Arce, Fondondy et Theulières, au recensement de 2007, subissant une désaffection de près de 4% de sa population depuis 1999, comptait 178 habitants. Les communes de Villar Saint Anselme, de Nord en Est, de Belcastel et Buc, de Sud-Est en Sud, de Cournanel, de Sud-Ouest en Ouest, et de Limoux sur son Nord-Ouest, le ceinturent.


Niché dans le pays audois de la haute Vallée de l’Aude, terre cathare de défilés, de gorges et de plateaux, dans le Corbières vertes offrant la fraîcheur des luxurieuses sapinières, Saint Polycarpe est une terre agricole, principalement viticole qui, avec Saint Hilaire est le berceau de la célèbre Blanquette de Limoux, un vin effervescent, considéré avec le « Gaillac mousseux » et la « Clairette de Die » comme le plus vieux brut du monde dont s’était inspiré Dom Pérignon, lors d’un pèlerinage à l’abbaye bénédictine de Saint-Hilaire, pour appliquer la méthode sur les vins du vignoble de Champagne.


Que le visiteur accède à Saint Polycarpe par la route de Limoux, de Villar Saint Anselme… ou par celle de Belcastel et Buc, il ne peut faire face qu’à une rencontre inattendue : devant lui se dresse, ou ce qu’il en reste, une église fortifiée, l’église paroissiale dédiée à la Vierge dont les ruines se découvrent au Nord de l’église actuelle qui fut, elle, église abbatiale. Et poussant plus loin ses investigations, allant de surprise en surprise, il accède à l’ancienne Abbaye des Bénédictins, connue sous le vocable de Saint-Polycarpe, fondée vers l’an 780 par Àtal, successivement soumise aux Abbayes d’Alet, de La Grasse et d’Alet avant de recouvrer son autonomie, en 1170, de passer, en 1532, sous le régime de la commende et d’être totalement fermée, sous ordre du Roi, en 1771 Cet édifice religieux est flanqué d’un cloitre et d’un aqueduc du XII° Siècle admirablement conservé.


Que dire autre que « ce sont ces bâtiments qui donnent, au village, une expression de grandeur passée » et qui en rehaussent son image de carte postale. Mais, en cela, il serait délicat d’omettre que le sol de son territoire conserve un grand nombre d’objets, – haches en silex, pointes de javelot en silex corné ou en feuille de laurier, tombelles, menhirs, dolmens, peulvans, peyro dreito, peyro ficado, peyro levado. cistes, celles...-, des traces indéfectibles datant de l’époque néolithique, et nombre plus récentes des périodes celtibère et gallo-romaine.


Au Sud du village, le hameau d’Arce recelle, dans les pierres et les ruines d’un vieux château et d’un donjon attenant qui furent démentelés par les troupes de Simon de Montfort lors de la Croisade des Albigeois, des souvenirs chargés d’histoire, de rébellion, de catharisme, de sang, de larmes et de mort.

 

Raymond Matabosch