Cameroun : quand des fascicules damnent le pion aux ouvrages officiels !

Seuls les enseignants des matières scientifiques proposaient  jusqu’ici sur le marché camerounais une pléthore  de fascicules. Des petits livrets offrant un condensé de cours, des exercices corrigés,  et surtout les anciens sujets avec solutions aux examens officiels des sessions précédentes.

Depuis quelques années, le menu de ces « livres » s’est diversifié. C’est ainsi qu’on en trouve presque dans toutes les disciplines proposées tant au primaire qu’au secondaire. Ils offrent l’avantage d’être moins couteux par rapport aux livres classiques ; aussi, ils proposent un menu digeste et adapté à l’environnement local. Et les élèves camerounais leur réservent plutôt un accueil des plus chaleureux ; ceci, de par les nombreuses facilités qu’offrent ces « Bords » comme on les appelle ici. Vanessa est élève en classe de 1e D dans un établissement scolaire privé d’une banlieue de Yaoundé ; pour elle, le fascicule est de loin plus efficace que le livre indiqué par les textes ministériels : « l’avantage qu’offrent les fascicules c’est qu’on s’en sert tout seul. Car ils proposent une multitude d’exercices avec corrigés ; toute chose qui nous permet de préparer sereinement nos examens et concours. »

Cet amour pour ces fascicule est aussi bien partagé  par de nombreux enseignants à l’instar de ce jeune enseignant de sciences physiques rencontré devant le portail d’un Lycée de Yaoundé : « vous savez, les livres au programme officiel ne présentent toujours pas le plus souvent un contenu adapté à notre environnement. Pourtant, ces fascicules, conçus par les enseignants camerounais pour des élèves camerounais se veulent plus authentique » nous lance le jeune prof avant de regretter : «  si les autorités pouvaient mettre un peu de l’ordre dans ce secteur, ce serait une très bonne chose ; car de nombreux aventuriers s’y introduisent déjà … »

Les auteurs de ces livres d’un autre genre sont des enseignants ou alors des jeunes étudiants en quête de pain quotidien. A la question de savoir si un auteur de fascicule trouve réellement son compte, voici ce que répond le sieur Bertin Tella, co-auteur du « Technicien en Maths aux CAP » : « quand le travail est bien fait vous trouvez votre compte ».

A ce jour, difficile de donner avec exactitude le nombre de titre de fascicules qui circuleraient dans la seule ville de Yaoundé. Car de nouveaux produits apparaissent quotidiennement et leurs noms de baptême vont des plus simples aux plus énigmatiques. Dans un contexte où la pauvreté et surtout le chômage constituent un cancer en milieu jeune, ce business de « bords » peut apparaître comme une bonne alternative. Cependant, l’Etat, garant de l’éducation de sa population se doit d’y mettre de l’ordre, afin de séparer la bonne graine de l’ivraie ; car beaucoup d’opportunistes s’y sont introduits à des fins purement mercantilistes.

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