Le président camerounais est présenté  en Afrique comme un véritable judoka de la politique. Ceci, grâce à la dextérité avec laquelle il a toujours su venir à bout des situations ; parfois même des plus complexes.

Au lendemain des élections présidentielles d’octobre dernier, face aux nombreuses critiques des différentes missions d’observations déployées sur place, il a promis de revoir entièrement le système électoral camerounais. C’est ainsi qu’en début de ce mois, il a déposé sur la table des députés un projet de loi portant élaboration d’un code électoral unique. Seulement, ce texte sera désapprouvé jusqu’à dans sa propre famille politique. Car il n’apportait à dire vrai aucune nouveauté par rapports aux anciens textes. Seulement, en raison de la très large majorité dont jouit le parti du président Camerounais au parlement, le texte passera comme une lettre à la poste,  au grand dam des propositions et menaces de l’opposition et de la société civile. Face à ce qu’Edith Kah Walla (opposante) a qualifié d’escroquerie politique, de nombreux partis politiques et organisations de la société civile prévoyaient ces jours de descendre dans la rue pour manifester leur mécontentement. C’est ainsi que l’affaire animait toutes les causeries sur place au Cameroun et faisait d’ailleurs les Chow gras de la presse locale.

En bon stratège et surtout afin de déjoué l’attention des populations sur cette affaire, l’homme fort de Yaoundé a  ordonné lundi dernier l’arrestation de deux hautes personnalités du pays dont l’ancien premier Ministre Ephraim Inoni dans le cadre l’opération dite « épervier » de lutte contre la corruption et les détournements de fonds publics. Et depuis cette date, personne, même pas les opposants n’évoquent plus la question du code électoral. Tous les regards sont désormais braqués vers la prison centrale de Yaoundé Nkodengui où ces personnalités  sont incarcérées.

L’on se souvient que ce n’est pas la première fois que le régime de Yaoundé utilise des événements pareils pour distraire les populations des vrais problèmes. En 2008, alors que le texte sur la suppression de la limitation des mandats présidentiels était en débat à l’assemblée nationale, l’on a de façon spectaculaires procéder à l’arrestation des plusieurs autres hautes personnalités du pays dont l’ancien secrétaire général de la présidence de la république Jean Marie Atangana Mebara. Un événement qui avait lui-aussi à époque endormis de nombreux camerounais.