Tiens voilà Brigitte Bardot qui s’inquiète du sort des ours au New Jersey. Tiens, voilà la Fondation abbé Pierre qui s’inquiète du sort de huit millions de Français ne pouvant plus se chauffer (et s’éclairer). Tiens, voilà des pandas qui chient 30 kilos par jour qui vont à Édimbourg et pas à Blois. Tiens, bientôt, il n’y aura plus de boudin, pas que pour les Belges, aussi pour les Alsaciens, les Suisses et les Lorrains.

D’accord, Gandhi n’avait pas tort : l’humanité d’une société peut être estimée à l’aune du sort qu’elle réserve aux animaux.
Et il faut préserver les espèces.

Mais quand je vois la diplomatie chinoise du panda, je me demande si ces bouffeurs de cœurs de bambou doivent être préservés aux seuls fins de la sublimation de la politique spectaculaire et marchande.

Oops, là, je me dévoile.
Ils sont si « chou », si  vraiment trop « trognon », ces pandas géants, qui bouffent un max et chient des tonnes. Je ne sais plus quelle ministre (ou potiche) française (Kosiusko-Morizet ?) avait été expédiée en Chine pour ramener des pandas, histoire qu’elle ne sorte pas une ânerie en plein point G de presse  (G20, peut-être, était-ce à Nice, on a oublié).

C’est le zoo d’Édimborrô (comme on prononce là-bas, chez les miens, enfin, par Auld Alliance) qui a récupéré les deux prédateurs de bambous et massifs défécateurs. Blois attendra. Franchement, je m’en contrefous. Et même au contraire, j’espère bien qu’on se passera de coûteux pandas en France.

Or donc, voilà la Brigitte Bardot qui interpelle le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, because il a contribué à faire tuer 592 ours noirs. BB n’a plus ses ours. C’est un « scandaleux carnage », qu’elle dit. Chasse, Pêche et traditions s’en fout. Cela me rappelle l’histoire des bébés phoques. Mieux vaut avoir des Inuits alcoolos, « on the dole » (vivant de prestations sociales) et ne chassant plus, que d’horribles photos dans la presse. Je sais, c’est caricatural, biaisé, partisan, et pourtant, si vous saviez comme je me fous des Inuits (que je salue amicalement au passage, mais, moi, mes œuvres sociales, c’est les Moldaves en France, chacun son truc).

Je me fous de tout, j’ai pété un plomb, je tourne tout en dérision, tel le dernier des stipendiés de la société du spectacle télévisuel (ou autre), j’admets.

Mais, bon, faut peut-être, dans un premier temps, tuer des ours qui viennent taper dans les poubelles, avant de réduire l’attractivité des poubelles (et des ch’tits nienfants tout près des poubelles), non ?

Selon la Fondation abbé Pierre, huit millions de personnes souffrent en France du froid. Soit 3,8 millions de ménages souffrant de « précarité énergétique ». C’est un peu paradoxal. Quand un couple de kinés se suicide parce qu’il a trop bossé et que la Sécu se demande s’il n’a pas profité d’ordonnances médicales de complaisance (pardon à la famille, je suis aussi très attristé, et j’ai eu du mal à trouver une kiné, non pas pour des drainages lymphatiques,  mais pour tenter de me remettre à marcher), tout le monde y va de sa larme. Quand un chômeur trépasse parce qu’il se chauffe et s’éclaire à la bougie, faute de pouvoir régler EDF ou GDF, tout le monde – ou presque – s’en contrefout. La presse fait pleurer dans les chaumières avec les classes moyennes (son lectorat) mais pour qui n’achète pas le journal, une brève est bien suffisante.

Si les pandas avaient un ongle incarné, ce serait le tollé. Je sais, l’argument est facile. Je ne redoute pas la facilité que j’affronte résolument, du poing et du regard. Les loyers ont progressé de moitié en dix ans, les petits propriétaires en collectif sont submergés de charges, et les individuels sont au riz-pain sans sel. Aux pâtes aussi, moins chères que les patates, devenues hors de prix, alors que les patates vous arrivent plus ou moins brutes et que les pâtes sont un produit manufacturé.

Bon, ils n’ont pas froid, quand même, les pandas, en Écosse ? Ah ben, c’est le principal. Faut les maintenir en température. Pour les Écossaises et Écossais qui affrontent un blizzard, c’est moins grave : ils sont plus nombreux que les pandas, on peut en perdre un certain pourcentage.

 

Tiens, j’ai un peu honte de n’avoir pas un couple de pandas chez moi. Je dois être un salaud de pauvre. Même pas de quoi héberger deux pandas et préserver la diversité. M’en fous. J’ai encore une cheminée et je vois plein de bois à la rue, à côté des poubelles. De quoi faire chauffer des pâtes à l’eau des rares fontaines Wallace en débitant encore. C’est idiot, mais sous la couette, je me verrais bien au chaud sous une fourrure de panda, les nuits très froides. Ou alors, Brigitte, tant qu’il te reste un peu de chaleur humaine, bienvenue…

Tout cela, comme le chantait Jean Yanne, c’est du chobizenesse. Mais il refroidit… sec.