Réalisateur : Sharon Maguire
Date de sortie : 5 octobre 2016
Pays : USA, UK, Irlande, France
Genre : Comédie
Durée : 123 minutes
Budget : 35 millions de dollars
Casting : Renée Zellweger (Bridget Jones), Colin Firth (Mark Darcy), Patrick Dempsey (Jack Qwant), Emma Thompson (Dr Rawling)
Bridget Jones a 43 ans, elle est séparée de Marc Darcy depuis 5 ans et mène une vie monastique. Elle se concentre sur sa vie professionnelle bien remplie et des sorties entre amies, délaissant sa vie amoureuse. Tout semble aller pour le mieux en apparence mais elle souffre de ce célibat. Bien décidée à se reprendre en main, lors d’un festival elle fait la rencontre de Jack, un charmant américain avec qui elle a des rapports. Le week end d’après, c’est au tour de Marc de réapparaître dans sa vie lors d’un baptême, là encore cela se termine sous les draps. Quelques semaines plus tard, elle apprend qu’elle est enceinte, mais qui est le père ? Cette histoire originale signée Emma Thompson et Dan Mazer colle parfaitement à l’esprit de la saga, drôle et loufoque. Il ne s’agit donc pas de l’adaptation du troisième tome Folle de lui paru en mars 2016 .
Le reste du film est à l’image de ce pitch, nous avons droit à une succession de situations cocasses, voire hilarantes. L’effet comique est a son comble et on ne compte pas le nombre de fous rires. Car si le deuxième film, L’âge de raison, a divisé les fans avec une qualité moindre, ce troisième opus va les réconcilier avec Bridget Jones et sa galerie de personnages amusants. Un ton semblable au premier film grâce au retour de la réalisatrice Sharon Maguire aux manettes. Amusant mais jamais lourd, on se plait à voir les déboires et les péripéties de cette working girl maladroite qui a le chic pour se fourrer dans des situations délicates mais toujours avec le sourire et une pointe de positivisme. En ces temps moroses, cela fait du bien. On rit à gorges déployées devant des scènes comme l’arrivée à l’hôpital où Marc et Jack portent Bridget tel un vulgaire sac de patates ou l’interview complètement ubuesque pleine de qui pro quo d’un expert en géopolitique africaine suite à la mort d’un dictateur et encore quand elle profite de son émission pour en savoir plus sur les antécédents et la vie sexuelle de Jack.
Si ce Bridget Jones séduit c’est grace à un trio d’acteurs performants qui se plaît à se donner la réplique ainsi qu’une myriade de personnages secondaires savoureux. Que ce soit la gynécologue, sarcastique, sarcastique mais serviable incarnée par Emma Thompson, la mère de Bridget en course pour l’élection à la paroisse locale prête à s’asseoir sur ses convictions pour gagner des voix, son amie présentatrice adepte des sites de rencontres, son père, le talentueux Jim Broadbent à qui elle se confie, son autre amie avec qui elle métaphorise les ébats sexuels par un spectacle de marionnettes, sans oublier Hugh Grant qui même absent est présent indirectement. On a plaisir a retrouvé Renée Zelwegger et Colin Firth dans des rôles qu’ils connaissent bien et de faire la connaissance de Patrick Dempsey, petit nouveau dans la série qui trouve sa place. Colin Firth reste infiniment élégant et distingué, un condensé de classe britannique, détaché mais paradoxalement drôle quand il n’est pas en phase avec le reste du monde. Patrick Dempsey est un rival plus dangereux que Hugh Grant, il n’est pas hautain, pas collectionneur de minettes, juste charmant, galant et amoureux. Quant à Renée Zelwegger, si les régimes et les coups de bistouris ont fait disparaître sa marque de fabrique, c’est à dire les kilos en trop et une bouille ronde, elle demeure pertinente. Il est cependant triste de voir que son visage n’est plus si expressif qu’avant. Le plastique c’est moins malléable que de la vraie peau humaine. Si sa lutte contre l’alcool et la cigarette ne sont plus au coeur du récit, elle est dorénavant en quête d’un bébé.
Bien plus qu’une rom’com’ lambda nombriliste uniquement concentrée sur ses protagonistes, le film aborde des thèmes très actuels, directement ou implicitement. Tout premièrement, les mères en grossesse dite « gériatrique » par le corps médical, en effet passé 43 ans, l’accouchement devient dangereux pour la mère et le bébé. Ensuite l’homosexualité parentale avec les séances chez la sage femme où Bridget est accompagnée des deux pères potentiels ou bien encore quand son meilleur ami gay décide d’adopter. Puis il y a la parodie des FEMEN défendue par Darcy au nom de la liberté d’expression qui a une façon très particulière de le remercier. Pour finir le journal papier a été remplacé par des notes enregistrées dans l’iPad et on utilise Face Time pour se parler le matin. Mais c’est aussi la rivalité entre deux hommes que tout oppose, d’un côté l’américain et de l’autre l’anglais. Le scientifique contre le lettré, une fortune construite dans le vif contre celle bâtie grâce à internet, l’introvertie contre l’extravertie, le comique contre le terre à terre, le café contre le jus de fruit vitaminé.
Malgré un scénario simple on reste scotché jusqu’à la fin pour connaitre l’identité du père. On appréciera la petite référence, voulue ou non, à Romeo + Juliet de Baz Luhrmann, en terme de mise en scène et de cadrage lors des retrouvailles entre Bridget et Marc. Bridget Jones Baby contredit la règle généralement admise visant à montrer que le troisième film est clairement le plus mauvais, par sa légèreté, son humour, ses acteurs et une certaine nostalgie.