Bosco Ntaganda à La Haye : quelles conséquences pour le Rwanda ?

Voila plusieurs décennies que l’Est de la République Démocratique du Congo connait une série de conflits armés très meurtriers.  Des conflits qui se sont aggravés ces derniers temps, avec l’entrée en scène des groupes plus moins organisés tels que le CNDP de Laurent Nkunda, et surtout du tout récent M23 de Bosco Ntaganda. Et, à chaque fois, des doigts accusateurs sont pointés vers  les pays voisins et notamment le Rwanda, considéré comme principal soutien de ses mouvements rebelles. Toutes choses qui ont poussées la communauté internationale à inviter l’ensemble des pays de la région des grands lacs à signer le 24 Février dernier à Addis-Abeba « l’accord – cadre » devant ramener la paix dans cette partie de la République Démocratique du Congo. Moins d’un mois après la signature dudit accord, l’on peut déjà se féliciter de quelques avancées non négligeables déjà enregistrées. Il s’agit tout premièrement de la division qu’a connue depuis quelques jours le M23, et surtout la reddition du général Bosco Ntaganda,  qui serait même actuellement à La Haye au Pays Bas, au siège de la Cour Pénale Internationale.

Pour ne s’intéresser qu’au seul cas de la reddition du général mutin, il faut vite saluer le rôle très déterminant qu’a joué Kigali.  Car lâché par les siens et se sentant en « insécurité », Bosco Ntanganda a choisi de se rendre au Rwanda, et de refugier à l’ambassade américaine. Après seulement deux jours dans les locaux de cette chancellerie, l’on apprit hier par le compte twitter de  Louise Mushikiwabo la ministre rwandaise des Affaires étrangères que Bosco Ntaganda « est route pour la C.P.I » ; une information confirmée quelques minutes plus tard par l’ambassade américaine à Kigali. À l’heure actuelle, « Terminator » comme il se faisait appeler,  serait au siège de la Cour Pénale Internationale où il est inculpé pour crime de guerre et crime contre l’humanité.

En attendant qu’il soit présenté dans les tous prochains jours à Madame Fatou Bensouda la Procureure de cette juridiction, l’on se demande quelles conséquences aurait cette réédition de Bosco Ntaganda sur le Rwanda qui est considéré à tort ou à raison comme son « créateur » ? Déjà que « Terminator » durant le temps qu’il a passé à l’ambassade américaine à Kigali aurait craché quelques « précieuses » informations au sujet d’un éventuel soutien du régime de Kigali. C’est donc un Paul Kagamé bien  inquiet qui apprend lui-aussi le transfèrement de Ntaganda à La Haye. Car s’il est vrai qu’il était le principal soutien du M23, Ntaganda l’aurait dit aux américains.  Une révélation qui risquerait de créer de sérieux ennuis au régime de Paul Kagamé,  qui dément jusqu’ici toutes les accusations portées contre lui.