BIP de fin


Internet est une très belle invention, elle permet à des milliards de gens de communiquer entre eux à des milliers de kilomètres de distance. Grace à cet outil fabuleux, on l’on peut trouver le meilleur comme le pire, on peut faire des milliers de choses. Un doute sur une méthode de grand mère pour nettoyer un tissu souillé par du vin, hop, on tripatouille dans les fils de cette toile pour dénicher la réponse. On se pose une question sur les dates de règne d’un monarque, Wikipédia est notre ami ( faire attention tout de même de ne pas gober tout cru l’information, il faut vérifier les réponses en confrontant les sources). Certes Internet est magique mais avant cela, un autre moyen de contact et de savoir était en circulation, il a émis ses derniers signalements il y a peu, c’était le Minitel. Hommage. 



Ma génération n’a pas vraiment connu le Minitel, ces petites boites en plastique avec un écran digital affichant des caractères pixelisés muni d’un clavier, mais cet ancêtre fut un élément important de notre moyen de converser. Si comme moi vous êtes nés dans la toute fin des années 80, vous êtes sans doute passés directement par le Web, sans faire une diversion par ce terminal informatique. 



En 1982, cette étrange petite lucarne de couleur marron, ou beige, munie d’un clavier était mise en service par  l’opérateur téléphonique France Télécom. Utilisant le protocole X.25 du réseau Transpac, il a du se retirer après 30 années de bons et loyaux services. Il a eu tout de même la chance d’avoir une période de sursis car dans la logique des choses, il devait rendre l’âme le 30 septembre 2011, il survécu jusqu’au 30 juin 2012. Transpac a été remplacé par le TCP/IP, une forme plus performante et plus économique de relier les ondes. 



Durant trois décennies, des millions d’abonnés, 9 à son heure de gloire à l’aube des années 2000,  s’en sont servi pour : consulter l’annuaire, se cultiver, se divertir,  ou faire des conversations "cochonnes". Dorénavant le fameux "3615" est a rangé dans la grande armoire de l’Histoire, il ne sera plus opérationnel  mais dans la mémoire de chacun, il évoque de tendres souvenirs.



Tout a commencé avec le 3611, un simple annuaire téléphonique affichant des pixels blancs sur un écran noir. Puis en 1996, année faste, fut crée 3615 ANNU, un recueil téléphonique moderne avec de nouveaux procédés de recherche. Modernité et développement technologique obligent, le 3618 a permis à des personnes, distants de milliers de kilomètres, de pouvoir s’échanger des petits messages, véritable précurseur des SMS. 



Le Minitel a engendré une explosion des ventes par correspondance. Les acheteurs potentiels n’avaient même plus besoin de se déplacer pour acquérir ce qu’ils désiraient, il leur suffisait de pianoter sur le clavier pour vider leur porte monnaie. Ainsi, les enseignes de VPC, basant leur fond de commerce sur leur catalogue papier, se sont littéralement jetés dessus en créant leur propre "site". 



Ludique, alors que Sega et Nintendo se tiraient la bourre pour occuper la première place des jeux vidéo, le Minitel, sans prétention, divertissaient petits et grands avec ses jeux basiques mais prenant. Aventures, casse-têtes, courses de voitures, quizzs, il y avait de tout. 



Prévisionnel, il le fut avec la myriade de 3615 destinée à nous prédire l’avenir en échange d’une communication surtaxée. 3615 Predira, 3615 Avenir ou 3615 Voyance, on donné du fil à retordre aux plus sceptiques et aux cartésiens, décrieurs de la voyance en ligne et directe. Chaud, affirmatif, tout comme sur internet actuellement, les coquins amateurs de femmes plantureuses et légèrement vêtues, ont pu se rincer l’oeil sur 3615 ULLA, 3615 Géraldine et tout les autres dérivés comportant les 4 chiffres suivis d’un prénom féminin suggérant des charmes non voilés. Utile pour les démarches administratives et logistiques, on pouvait y réserver des places de cinéma, de théâtre, organiser un voyage, demander des papiers officiels, spéculer en ayant vent des cotations boursières, être informer des résultats d’un examen et bien d’autres choses encore. 



Le Minitel n’était pas seul en Europe, cependant ses cousins germains, Bildschirmtext, et anglo-saxons, Prestel et Ceefax, n’ont pas rencontré le même succès. Que va-t-il advenir de lui ? A l’instar de nos mobiles usagés, une grande collecte sera organisée pour recueillir la totalité de ces outils un brin désuet, soit entre  600 et 700000 Minitels. Une fois cela fait,  ils finiront alors leur existence loin des usagers qu’ils ont si bien servis, dans une décharge toulousaine. Prendre une retraite au soleil, il y a pire comme fin. Ils seront  alors recyclés et c’est alors, en pièces détachées, qu’ils vivront à travers d’autres produits.