Doit-on obligatoirement choisir entre agriculture raisonnée et appellation biologique ?
On connaît désormais les préoccupations en matière d’écologie et de développement durable, et elles suscitent l’intérêt et l’adhésion d’un nombre toujours plus important de citoyens. Le « Grenelle de l’Environnement » avait déjà montré la limite d’une cohabitation, jugée, à certains égards, contre – nature. La réalité quotidienne de certaines régions démontre bien encore, que bio et développement durable ne prennent pas toujours, malgré ce que certains lobbies voudraient faire croire, la même direction.
Ainsi, depuis plusieurs années, la région viticole de Bourgogne s’est engagée dans un plan d’envergure, « Amplitude 2015 », marquant la volonté du Bureau Interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) de s’engager dans un plan de développement durable. Préserver les écosystèmes sans négliger pour autant la qualité des vins.
Fortes précipitations, chaleurs excessives et autres aléas climatiques ont favorisé cette année le développement du Mildiou, si néfaste aux vignes. Le traitement naturel, principalement à base de cuivre et de soufre pour le bio, s’est révélé bien moins efficace que les épandages chimiques. Certains vignerons ont même décidé de réutiliser à nouveau les produits de synthèse, bien plus efficaces. Le développement durable peine alors à s’imposer.
Mais, certains de ces mêmes vignerons se proposent également d’obtenir la certification d’agriculture bio, dont les mesures qualitatives diffèrent de celles du développement durable. Ainsi, l’agricultur biologique impose l’interdiction d’un recours systématique aux traitements chimiques, garants, à en croire les industriels, d’une productivité accrue. En ce qui concerne la vigne, ce refus de tout interventionnisme systématique impose donc aux vignerons de devoir désherber plusieurs fois par saison, alors qu’autrefois une seule pulvérisation de produits garantissait une saison sereine. On comprend aisément l’enjeu en ce qui concerne l’écologie. Les produits, non disséminés sur la vigne, ne se retrouveront donc plus dans nos verres. Cela participe à la certification « Agriculture biologique », tant recherchée par certains.
Mais, les accros et fervents défenseurs du « développement durable » sortent du bois et menacent une utilisation intensive des tracteurs pour réaliser ces nombreux désherbages. Plus de sorties et donc plus de consommation de CO2 avec un bilan en ce qui concerne l’avenir de la planète des plus noirs…Et voilà, comment certains en arrive à se disputer sur la « bonne voie à adopter » ? Va-t-on devoir, comme souvent en France, devoir inventer une appellation médiane, « agriculture durablement écologique ». Cela n’a plus beaucoup de sens, alors en attendant de trancher, buvons avec modération le résultat de ces enivrantes expérimentations…Santé.