Notre ministre des Affaires étrangères et européennes, Bernard Kouchner, a expliqué lors d'une interview accordée à la radio-télévision luxembourgeoise qu'il n'était pas optimiste quant à la possibilité d'une libération de l'ancienne candidate présidentielle colombienne Ingrid Betancourt retenue par les FARC depuis plus de six ans.

Après les rumeurs quant à l'état de santé précaire de Ingrid Betancourt qui avaient amené notre gouvernement à envoyer inutilement un avion médicalisé à Bogotá, rumeurs en partie propagées par les enfants de l'ancienne candidate présidentielle ainsi que par les comités œuvrant pour la libération de l'otage des FARC, la France disait avoir perdu tout contact avec le groupe terroriste.

Bernard Kouchner s'est donc rendu d'abord à Bogotá et ensuite à Caracas pour relancer une dynamique pouvant amener les FARC vers une table de négociations. Notre ministre, bien qu'il affirme que son voyage n'était pas inutile puisqu'il a pu renoué les contacts entre la Colombie, le Venezuela et l'Équateur, reste malgré tout pessimiste quant au sort d'Ingrid Betancourt, ce qui signifierait que le contact avec les FARC n'a toujours pas pu être rétabli.

C'était prévisible, puisque dans leur dernier communiqué les FARC critiquaient la France et son gouvernement de droite proche des États-Unis. De plus il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une guérilla aux abois, qui se méfie de tout et de tous, et qu'à moins de payer très cher la libération d'Ingrid Betancourt on ne voit pas très bien ce qui pourrait amener les guérilléros à se défaire du dernier bouclier qu'il leur reste contre les forces armées colombiennes.

Bernard Kouchner espérait aussi parvenir à convaincre Hugo Chavez de reprendre son rôle de médiateur qui avait déjà permis la libération de plusieurs otages, mais c'était oublié, d'une part que le président du Venezuela a pour l'instant d'autres chats à fouetter dans son propre pays, et que, d'autre part, une enquête est ouverte en Colombie à propos du financement possible des FARC par le Venezuela, et qu'il est donc pour le moins indélicat de demander au gouvernement colombien de confier une nouvelle médiation à Hugo Chavez.

Bernard Kouchner revient les mains vides, il fallait s'y attendre, mais comme le dit notre ministre : « qui ne risque rien n'a rien. »