Un an après l’arrestation de Laurent Gbagbo, la réconciliation piétine en Côte d’Ivoire

 

C’est le 11 Avril 2011 que les troupes fidèles à Alassane Ouattara appuyées par les troupes françaises avaient réussi à mettre fin au régime de Laurent Gbagbo. Plusieurs mois plus tard, l’ancien homme fort d’Abidjan sera transféré à La Haye, où il comparaîtrait dans quelques mois pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

De son côté, le président Ouattara que de nombreux africains présentent comme une « marionnette » de la France a dit être le président de tous les ivoiriens, tout en affichant sa volonté de mettre sur pied une commission vérité et réconciliation, à l’image de ce qui avait été institué en Afrique du Sud, à l’aube de l’arrivée de Nelson Mandela au pouvoir.

Seulement, près de dix mois après la mise en place de cette fameuse commission vérité et réconciliation dirigé par Charles Konan Banny, rein ne semble réellement bougé. Sur place, plusieurs fidèles de l’ancien président continuent d’être illégalement emprisonnées ; aussi, il ne fait pas bon aujourd’hui en côte d’ivoire se présenter come un pro-Gbagbo. Plus grave, avec le soutien de la France, les enquêtes de la cour pénale internationale ne se limitent jusqu’à l’heure actuelle qu’au seul camp de Laurent Gbagbo, pourtant l’on sait bien que les crimes de guerre ont été causées de part et d’autres.

Tout récemment, la cour pénale internationale par la voix  de Luis Morino Occampo (actuel procureur auprès de ladite cour),  s’est dite déterminée à mener les investigations dans les deux camps, et allant du coup d’Etat manqué de 2002 à la crise post-électorale de 2010.  Mais, là encore, rien ne semble bougé !

Comme autre signe à la fois perceptible et authentique du malaise profond qui sévit actuellement en Côte d’Ivoire, on peut évoquer la non participation du PDCI de Laurent Gbagbo aux dernières législatives. Et devant tout ceci, la communauté internationale et la France particulièrement continue d afficher un silence complice.

Il est peut être vrai que Laurent Gbagbo  a refusé de reconnaitre sa relative défaite aux présidentielles de 2010. Mais, il faudrait tout aussi avoir le courage de reconnaitre que l’actuel président de la Côte d’Ivoire a fait beaucoup de mal à son pays, notamment avec sa milice des Forces Nouvelles que commandait Guillaume Soro, le président de l’assemblée nationale ! Réussir une véritable réconciliation en Côte d’Ivoire revient donc pour l’actuel régime ivoirien à  libérer tous les pro-Gbagbo, et surtout  de permettre à  la CPI de  mener librement ses enquêtes, et dans tous les camps !

 

Auteur/autrice : Monsieur Duverger

Monsieur Duverger est un journaliste et écrivain d'origine africaine.