Bayrou tente d’attirer les déçus du Sarkozysme !

 

(Capture d’écran sur libération.fr)

 

Jeudi soir, François Bayrou attaquait son premier discours de campagne à Dunkerque dans le Nord. La salle était plutôt calme.  L’auditoire n’était pas fait de partisans ou de groupies, non. C’était certainement des « déçus de Sarkozy et des curieux fans de différents partis de droite ou de gauche.

    L’Express donne deux exempes.  « Carole, par exemple, qui hésite entre les deux François, Bayrou et Hollande. Après la fermeture du centre de formation qu’elle avait monté en pleine campagne flamande, elle s’est mise à chercher un emploi. Aujourd’hui, elle cherche aussi un candidat pour lequel voter en avril prochain. "Et Bayrou m’a convaincue ce soir", dit-elle à la sortie du meeting ».

Ensuite, Christophe, 33 ans, « qui se définit lui comme "un déçu du sarkozysme". Ce soir, il est venu "pour voir ce que Bayrou valait en situation". Ensuite, il décidera pour qui voter, "mais peut-être faut-il essayer une fois de le mettre au pouvoir". 

    Mais voilà, dans la journée d’hier, il a eu connaissance des propos réactionnaires du Chef de l’Etat et de son dernier tournant à droite. Alors, il espère attirer des  partisans de l’UMP qui pourraient être déçu par se positionnement de leur leader ! Il rêve de voir quelques dizaines de députés faire défection et le rejoindre au centre. Il doit penser à cet appel des 43 dont Jacques Chirac avait pris la tête en 1974 contre Chaban Delmas. Et si quelque chose comme cela se produisait actuellement pour désavouer le « tournant droitier » du Président-candidat ?

     François Bayrou a été le premier à réagir fortement à la suite de l’interview donné par Nocolas Sarkozy au Figaro Magazine. Au cours de son meeting de Dunkerque, jeudi soir, il a martelé que «la droite républicaine française et les modérés qui se réclament du centre ne peuvent soutenir plus longtemps une démarche politique qui fait courir de si grands risques à la société française et à l’unité du pays». Il a ajouté que « la ligne politique choisie par le président-candidat de l’UMP «contredit tout ce que le gaullisme a été»… et encore… il s’est dit «certain que des gens marqués par le christianisme social ne peuvent accepter ça». (d’après Libération)

     Avec les 15% de voix que lui accorde les derniers sondages, François Bayrou stagne à la quatrième place derrière Marine Le Pen, loin derrière les deux premiers favoris ! Ce qui risque de n’être pas suffisant pour susciter une levée en masse de parlementaires UMP en sa faveur, même si des observateurs politiques croient percevoir un malaise qui s’agrandit dans la majorité ! Ce jour, d’anciens parlementaires RPR, qui étaient proches du feu Pierre Séguin, ont annoncé « la création du Collectif d’opinions républicaines (Coloré) pour soutenir la candidature de Bayrou, seul capable à leurs yeux de battre le candidat socialiste » et ils ont lancé un appel à rejoindre le Président du Modem, toujours d’après Libération. Ils auraient déjà fédéré une centaine de personnes et veulent démontrer que c’est François Bayrou qui incarne le mieux aujourd’hui « les valeurs gaullistes et républicaines ».

    Mais cette dernière initiative reste isolée. Ce n’est pas le raz-de-marée qui permettrait au leader centriste d’avoir de fortes chances d’accéder au second tour. Philippe Douste-Blazy, ex-ministre chiraquien – récemment rallié à Bayrou, co-fondateur de l’UMP, qui n’aimait pas Srakozy et que ce dernier n’aimait pas non plus, se dit convaincu « que face à la dérive droitière de l’actuel chef de l’Etat, qui a décidé (de) représenter cette droite pure et dure, cette droite réactionnaire, son favori va apparaître comme un nécessaire recours républicain».

    Donc, hier soir, à Dunkerque, François Bayrou était bien décidé à essayer de convaincre ceux qui pouvait être déçu du Sarkozysme. Il avait même des accents révolutionnaires en rappelant « comment il a grandi au milieu des ouvriers, des paysans, des commerçants et des artisans dans un petit village, où il n’y avait pas de nobles, pas même de bourgeois ». Ainsi, il parlait « aux petits, aux obscurs, aux sans-grade. A  cette France des sans-voix » que tout  candidat aimerait attirer.

    Il a aussi décliné une nouvelle fois ses mesures : produire en France, redresser l’école, instaurer une République irréprochable. Comme un autre candidat de l’autre bord, il a appelé à « résister ».

    François Bayrou voudrait donc attirer à lui tous ceux qui sont mécontents du virage à droite du Chef de l’Etat, mais est-ce que ce sera suffisant pour des centristes qui auraient déjà pu prendre conscience du problème depuis longtemps déjà ? Il est bien décidé à escalader la montagne par le côté droit… Reste à attendre l’entrée en campagne du Président actuel, pour savoir s’il est toujours aussi bien soutenu par son camp ou si une partie de ses soutiens fait défection, déçue par quelques mesures annoncées difficiles à porter !