«Nous, ce que nous mettons en premier, ce n’est pas l’argent, c’est l’être humain».

Première conférence nationale du MoDem, hier, à la Mutualité, à Paris : les quelques 2000 cadres du parti ont pu assister au taillage en règle du sieur Bayrou qui s’en est pris tout à la fois au socialisme et au capitalisme[1]. Dans son discours à charge, il a nié une quelconque pertinence dans l’opposition qui est faite depuis les débuts de la crise financière entre le capitalisme de papy et le libéralisme moderne. [2] Et précise, au besoin, qu’il est illusoire de croire que la régulation financière se fera par une instance non économique. Vise-t-il le petit Nicolas ?[3] Il y a des chances quand même ! Il s’est en effet prononcé contre le travail du dimanche au motif qu’il y aurait « autre chose dans la vie que consommer, qu’acheter »… 

Comble du comble, Bayrou affirme que cette vertu du dimanche chômé doit servir aux enfants, lesquels comprendront qu’il y a «un jour pour le verbe être, et pas pour le verbe avoir »…aurait-il des vues pédagogiques ? Beaucoup de personnels éducatifs ne doivent pas en croire leurs oreilles !…[4] […/…]


Au passage, il s’en prend à la privatisation de la poste, affirme que la refondation du capitalisme est aussi crédible que celle du socialisme et rappelle la fine analyse politique d’Hugo Chavez, pour qui notre président s’est converti au socialisme.[5]

Peu importe qui Bayrou fut naguère…on se prend à regretter qu’il ait perdu 23 de ses amis au Parlement ! Alors certes, certains lui reprochent de ne pas toujours être clair dans son positionnement (parti d’opposition on indépendant ?), voire de ne pas être suffisamment clair sur le bord depuis lequel il prêche (gauche ?…droite ?…) mais il a eu au moins le mérite, via une petite phrase philosophie, de ne pas chercher à embuer tout le monde avec des conceptions pseudo-scientifiques, à savoir : «un jour pour le verbe être, et pas pour le verbe avoir »!

Reconnaissons qu’il n’y en a pas beaucoup, comme lui, qui se risquent  à faire rire les technocrates…Il y a bien le facteur, mais là où Bayrou dit que le verbe « être » doit tempérer le verbe « avoir »,[6] on a parfois un peu l’impression que chez le facteur, les termes de l’alternative se résument entre « être » et « ne plus être » !

 


[1] «Je ne crois pas plus à la refondation du capitalisme que je ne crois à la refondation du socialisme».

 

[2] «On cherche à nous faire croire qu’il y aurait un capitalisme vertueux, le gentil capitalisme des affaires d’autrefois, perverti par le mé­chant capitalisme financier. Et qu’on pourrait refonder le premier en supprimant le second. Pour cela, on brûle ce qu’on adorait dimanche. »

[3]  «Le modèle de Sarkozy, c’est le modèle américain. Si de Gaulle était là, vous croyez qu’il laisserait dire que c’est le capitalisme, même refondé, l’idéal de la France ?»

 

[4] «L’éducation appartient au non-marchand. Or, la réforme ac­tuelle des lycées m’inquiète. Avec la semestrialisation, on cherche à gagner des heures, à faire des économies. Et on fait sortir le lycée de la culture de la durée pour la culture du zapping».

 

[5] « Même Chavez salue la conversion socialiste de Sarkozy. Ça doit bien faire rigoler du côté du Fouquet’s !»

 

[6]  «Entre le projet socialiste et le projet capitaliste, les Français auront désormais le choix avec un projet humaniste, dont la première affirmation, c’est qu’il y a dans la vie humaine, dans la société, des choses qui n’appartiennent pas à l’univers marchand».