Je suis sans opinion … et alors ?

Tout le monde a le droit d’avoir ses opinions et personne n’est obligé de partager les opinions des autres. Mais est-ce bien utile de partager ses opinions quand justement … on n’a pas d’opinion ?

 

Voilà une introduction mystérieuse qui part pourtant d’un constat assez simple : j’écoute par un beau samedi matin d’automne RTL. Rien de bien original en soi. Le présentateur de la tranche info pose, comme chaque jour, une question en rapport avec l’actualité. Celle de ce 19 novembre concerne les déclarations de l’ancien tennisman Yannick Noah et du dopage dans le monde sportif espagnol.

Amateur de sport et amusé par le sujet, je décide, pour une fois, d’aller consulter sur le site web de la station de radio les résultats du sondage le lendemain. Et là quelle surprise …

3025 personnes ont participé et ont répondu à la question "Les sportifs espagnols sont-ils dopés; comme le laisse entendre Yannick Noah ?". Plus que le taux de participation, c’est le choix des réponses qui me laisse perplexe : oui, non et "sans opinion".

"Sans opinion", voilà un choix bien surprenant pour un sondage où l’on doit répondre de manière volontaire. 

23,6 % des sondés sont donc "sans opinion". Quand on analyse un peu les résultats (puisque c’est bien le but d’un questionnaire que d’analyser les résultats) on se rend compte que plus de 700 personnes ont entendu la question à la radio et se sont dit "Tiens, je vais allumer mon ordinateur, me connecter au site d’RTL et leur donner mon avis qui, en l’espèce est "je n’ai pas d’avis sur la question"".

Curieux quand même ? Si j’avais eu envie de voter, à titre personnel, j’aurais été dire "oui" ou "non", mais je n’aurais pas pris la peine d’aller dire que je n’ai pas d’opinion.

J’ai pourtant cherché à quoi pouvait bien servir cette option "sans opinion". Qu’elle soit disponible dans un sondage direct, un peu comme quand on vous interroge au téléphone ou à la sortie d’une grand magasin, c’est normal. On peut ne pas avoir d’idée sur la question posée ou n’avoir jamais réfléchi au problème.

Mais là, dans les sondages de ce type qui sont très présents sur le net, c’est à nous les internautes de faire la démarche de répondre sur un sujet que l’on maîtrise ou qui nous touche. Pourquoi donc vouloir répondre si on n’a rien à dire ?

Quand un instituteur pose une question en classe, vous avez d’un côté ceux qui lèvent le doigt pour donner une réponse qu’ils connaissent (ou qu’ils pensent connaître) et de l’autre ceux qui ne lèvent pas le doigt parce qu’ils n’ont aucune idée de la réponse (je laisse volontairement de côté ceux qui ne lèvent pas le doigt parce qu’ils dorment ou parce qu’ils n’ont pas écouté !).

Je ne crois pas qu’un enfant demande la parole pour dire "je ne sais pas" de lui même.

Heureusement le site de RTL précise bien que ce sondage a une valeur "non scientifique". Et là dessus je suis entièrement d’accord.

58,02 % des personnes qui ont répondu pensent que les sportifs espagnols sont dopés, 18,38 % ne le pensent pas et donc 23,6 % ont répondu qu’ils ne savent pas quoi répondre.

Si l’on n’avait pas eu l’avis des "sans avis", on aurait donc eu 2311 votants, 1755 pensant "oui" et 556 "non". Et de 58 % on passe à 75 % des sondés qui sont convaincus du dopage dans le sport en Espagne …

 

Voilà là ma réflexion du dimanche. Elle ne changera rien en soit. Mais peut être que la prochaine fois, confrontés à la même option "sans opinion", vous aussi vous vous poserez la question "mais à quoi ça sert ???" …