La course cycliste Paris-Roubaix

 

Dimanche prochain va se disputer la classique susmentionnée, avec plus ou moins les mêmes coureurs qu’au Tour des Flandres, à la notable exception d’un Cancellara qui s’est fracturé la clavicule lors du Ronde. Dommage pour lui (ou heureusement pour lui, d’un autre point de vue, puisqu’il est devenu papa ces jours-ci!), puisque Paris-Roubais, avec ses pavés, sa poussière quand il fait sec, ou sa boue collée aux pavés et aux deux bas côtés de la route lorsqu’il a plu ou lorsqu’il en est en train de pleuvoir; bref, une telle course est faite pour  les puissants gabarits, mais aussi, parfois,  pour des athlètes qui, pour être plus fins, n’en sont pas moins de véritables funambules sur leur vélo.

 

Le meilleur exemple,  à cet égard, fut  Roger De Vlaminck, coureur assez petit et doté, une fois posé sur le vélo,  de ce  sens de l’équilibre absolument phénoménal  qu’il avait acquis grâce à une longue pratique du cyclocross en compagnie d’un frère qui fut d’ailleurs champion du monde dans cette discipline avant de sombrer dans la drogue.

 

ET ce même Roger De Vlaminck, qui toujours refusa d’entrer dans l’équipe de Merckx comme gregario, préférant affronter le Maître sur son propre terrain en appartenant à une autre équipe, bref ce coureur-là étant également un redoutable sprinter, il put ainsi, grâce à ses deux talents conjugués, remporter 4 fois Paris-Roubaix – en quoi il détient le record du nombre de victoires dans cette course, qu’il aurait d’ailleurs pu remporter une cinquième fois s’il n’avait été le coéquipier de Franceso Moser durant telle année où celui-ci remporta lui-même l’épreuve, un Moser qui se présenta, une autre année, dans le Vélodrome de Roubaix, en compagnie du même Roger De Vlaminck et d’un troisième larron qui, quoi que détestant cette course en raison des nombreuses chutes ou crevaisons qu’elle peut apporter  – et parfois aux pires moments de la course – aux différents coureurs, et qui, bien que n’étant pas un pur sprinter (si on le compare, par exemple, à Roger de Vlaminck), imposa une cadence si infernale, à peine entré dans le Vélodrome de Roubaix, que ses deux compagnons d’échappée ne virent rien d’autre que son dos jusqu’à la ligne d’arrivée. Son nom:  Bernard Hinault (dit le Blaireau).

 

Et puisque celui-ci était français au lieu d’être belge, on aura une pensée émue pour tous les Français qui ont gagné Paris-Roubais, et notamment pour deux coureurs qui, chacun avec son talent respectif, remportèrent deux fois cette épreuve  : à savoir Gilbert Duclos-Lassalle (lequel, sauf erreur de ma part, avait déjà disputé quatorze Paris-Roubaix avant de remporter pour la première fois cette épreuve en 1992, exploit réitéré l’année suivante;  et, de l’autre Marc Madiot (lequel est  aujourd’hui directeur, après l’avoir fondée, de  l’équipe cycliste professionnelle La Française des Jeux), qui remporta l’épreuve en 1985 et 1991.

 

Quant aux étrangers qui remportèrent Parix-Roubaix, tous furent de très grands noms du cyclisme international, qu’il s’agisse de Fausto Coppi dans les années 50, ou, dans les décennies suivantes, des Belges Van Loy, Merckx et Museew qui tous les trois remportèrent trois fois cette épreuve.

 

Et puisque j’en suis aux Belges, je me souviens également d’un Eddy Merckx qui, une année où il ne remporta pas la course, creva deux fois de suite, avant de prendre la tête d’un deuxième peloton dont tous les membres se  mirent en file indienne durant une vingtaine de kilomètres derrière un Cannibale en train de chasser comme un beau diable afin de rattraper un premier groupe où figurait un  Roger de Vlaminck qui remporta la victoire cette année-là; lequel Eddy Merckx témoigna, ce jour-là, une volonté de gagneur, ainsi qu’une hargne et une classe,  avec tout un  peloton dans son sillage, qui ne fut dépassée, à l’époque du cyclisme moderne, que par celui que je considère personnellement comme le plus grand coureur de contre la montre de tous les temps – j’ai nommé ce Miguel Indurain qui, lors d’une étape du Tour de France terminée à Liège, en Belgique, tint tête, une fois échappé avec un Johan Bruyneel qu’il avait rejoint en cours d’étape,  à tout le peloton du Tour de France, durant les trente derniers kilomètres; et qui plus est, sur un terrain plat avec de longs bouts droits; cet Indurain à qui trois équipes complètes lancées à sa poursuite ne prirent pas un mètre durant tous ces kilomètres, ce qui constitue, de mon point de vue, le plus grand exploit jamais accompli, sur terrain plat, par un cycliste professionnel, dans toute l’histoire du cyclisme moderne; à telle enseigne que Bruyneel dira plus tard – après avoir déposé Indurain dans les derniers mètres de la course, sans avoir jamais pu, d’ailleurs, le relayer durant un seul mètre, auparavant – avoir roulé derrière une moto).

 

Pour en revenir aux vainqueurs de Paris-Roubaix, on notera également, parmi les vainqueurs non français, les Italiens Francesco Moser, qui remporta trois fois cette course, et Franco Ballerini, qui la remporta deux fois; sans parler de l’Irlandais Sean Kelly, pour qui j’ai toujours eu un faible, et notamment durant l’année 1984, où il emmena, sur un train d’enfer, et notamment au "Carrefour de l’Arbre" situé 40 km plus loin, environ, que le secteur d’Orchies – avec son "Chemin des Prières" et son "Chemin des Abattoirs" aux noms mythiques), et dans des conditions de course absolument dantesques, une triplette dont les deux autres étaient le Belge Rudy Rodgers et le Français Alain Bondue, qu’il régla au sprint dans le Vélodrome de Roubaix, s’adjugeant ainsi une première victoire dans Paris-Roubaix qu’il renouvellera deux ans plus tard. 

 

A tous ces coureurs d’exception, il faut ajouter le Suisse Fabian Cancellara, absent lors de la prochaine édition en raison d’une quadruple fracture de la clavicule contractée durant sa chute – à cause d’un bidon qui traînait sur la route – durant son ravitaillement au Tour des Flandres, et qui lui aussi épata la galerie (spectateurs et coureurs réunis), durant l’édition 2010, au cours d’une envolée solitaire que seul un coureur très puissant, et capable, avec son adresse, de voltiger sur ces pavés qui font trembler guidon, pédalier, et tout le reste, sans parler des bras et des jambes du coureur  – qui ressemble alors à un cocotier qu’on ne cesse de secouer -, comme aucune autre course n’est capable de le faire: d’où le surnom d’Enfer du Nord donné à cette épreuve.

 

Quant à la prochaine édition qui aura lieu dimanche prochain, ses favoris sont un peu les mêmes qu’au Tour des Flandres, avec une mention particulière pour les trois premiers de ce Tour que furent le Belge Tom Bonnen, et les Italiens Filippo Pozzatto et Alessandro Ballan; auquels il faut adjoindre ces jeunes Belges que sont  Tosh Van der Sande et Sepp Vanmarcke, et ce coureur expérimenté qu’est  Stijn Devolder, sans oublier  le Français Sylvain Chavanel, qui a toutes les chances de gagner l’épreuve si Bonnen,  son chef d’équipe, ne situe pas devant lui, ou dans le même groupe que lui, durant la dernière partie de la course.

 

Mentionnons également, comme sérieux outsiders, le Français Thomas Voeckler, premier Français classé au Tour des Flandres, ainsi que le Slovaque Peter Sagan, qui fit très forte impression durant cette même épreuve – un Sagan qui, si le vent n’avait pas été trois quart de face, au moment où il était en chasse patate derrière les trois hommes de tête, aurait sans doute pu les rattraper; ou d’autres coureurs qui, Thor Hushovd et  Juan Antonio Flecha, se sont déjà illustrés dans cette course. Quant au Belge Philippe Gilbert, vu qu’il ne semble pas, présentement,  au mieux de sa forme, on ne voit pas comment il pourrait gagner une épreuve aussi exigeante, physiquement, que Paris-Roubaix. Mais sait-on jamais!

 

Côté spectacle durant la course, la traversée, par des coureurs qui, pour la circonstance, se déplacent en file indienne en raison du mauvais revêtement et des nombreux spectateurs présents à cet endroit, de la forêt d’Arenberg, plus exactement de la trouée d’Arenberg – puisqu’à l’endroit ou passent les coureurs, il n’existe aucune forêt – située non loin de Valenciennes (un boujour, en passant, à Sophy), représente chaque année un des hauts lieux de cette course qui, au lieu partir de Paris à proprement parler, part d’une cité de Compiègne située à 20 km environ au nord de Paris.