Audace et prudence, le nécessaire paradoxe de la sortie de crise

Avant de se lancer dans l’aventure, les créateurs d’entreprise ont tous dû affronter les mêmes conseils et réserves de la part de leur entourage inquiet. Une fois lancés, ces nouveaux patrons connaissent leur lot d’incertitudes identiques. Dans l’immense majorité des cas, ils ne doivent leur réussite qu’à quelques règles simples qu’ils appliquent en priorité à eux-memes. Cinq regards et expériences croisées.

Se remettre en selle, avec prudence

 

Pendant dix très belles années, tout lui a souri. Bien qu’ayant quitté l’école à 16 ans sans le moindre diplôme, il avait gravi un à un les échelons dans le commerce des voitures pour finir couronné meilleur commercial de l’année dans son secteur. Le vent en poupe, Nicolas Doucerain se décide à réaliser son rêve de toujours : posséder sa propre entreprise. Epaulé par son père, il prend la tête de Solic, cabinet de conseil en recrutement. Débuts tonitruants. Embauches. Et taux de croissance à deux chiffres. Voilà un homme heureux …pour qui tout a presque failli s’arrêter en septembre 2008, quand éclate la crise financière. La belle construction –trop fragile, car elle n’a pas pris la précaution d’assurer ses arrières financiers– s’écroule, ou peu s’en faut. En dix mois, Nicolas Doucerain connaît trois plans sociaux et un redressement judiciaire. Mais il s’acharne. Ne baisse pas les bras, décidé à sauver Solic. Contre toute attente, une fois rigueur et organisation au cordeau retrouvées, Solic redémarre et semble assurée aujourd’hui de son avenir. Le jeune patron, malmené par la crise mais aussi de son propre aveu, imprévoyant et fougueux, a consigné cette aventure dans un livre passionnant (Ma petite entreprise a connu la crise, éditions François Bourin), histoire de définitivement tourner la page. Passionnant et riche d’enseignements.

 

Une gestion de père de famille

 

Nombre de chefs d’entreprise ont traversé des épreuves similaires, où la construction de toute une vie peut risquer de s’écrouler très vite. C’est une angoisse latente. « Globalement, nous essayons de ne pas réaliser plus de 10% de notre chiffre d’affaire sur un seul secteur d’activité », confiait au journal la Tribune Ebrahim Sammour, directeur général de Hitechpros, une PME spécialisée dans l’intermédiation du marché des services informatiques et qui a vu sa croissance repartir après quelques mois d’incertitude.

 

Même prudence et « gestion de père de famille », souligne de son côté James Blouzard, co-fondateur avec son épouse Bertile Burel, de Wonderbox, leader sur le marché français du coffret-cadeau. Qu’il s’agisse de proposer des week-end détentes ou remises en forme ou des émotions sportives inédites, le secteur du loisir, pâtit d’une fragilité constitutionnelle :en période de crise et de défiance économique, l’arbitrage rendu par les ménages sur ce poste budgétaire peut lui être défavorable. Même portée par une croissance forte et régulière, la PME se doit de rester prudente. « Nous opérons en matière financière avec beaucoup de rigueur, de précaution, indique volontiers James Blouzard, en gardant à l’esprit que l’argent que nous manipulons de nous appartient pas. La disponibilité de notre trésorerie conditionne la solidité de nos relations B2B et de notre modèle économique ».Le respect strict des délais de paiement, ramenés à 15 jours, est une illustration de cet état d’esprit, qui conditionne la crédibilité de Wonderbox et la qualité de ses relations avec ses partenaires. Mû par cette exigence de stricte orthodoxie financière, James Blouzard place les fonds dégagés par l’entreprise dans les produits financiers les plus sûrs du marché ou tout simplement sur le marché monétaire. La logique de Wonderbox est simple : ne jamais s’exposer inutilement au risque. Avec pour conséquence bienvenue de ne jamais entraîner les autres, fournisseurs ou clients par légèreté ou imprévoyance.

 

Foin d’amateurisme

 

Le risque, Sandrine Herbé a bien du l’affronter malgré elle. La trentaine passée, elle rachète une brûlerie de café, bien placée au cœur de Chartres. Les débuts sont prometteurs. Mais la vague est aux salons de thé, aux petits établissements cosy. En quelques mois, une demie douzaine d’établissements concurrents ouvrent. Sandrine Herbé sert les dents. Elle mise tout sur le professionnalisme et le service aux clients. Paris tenu, gagné haut la main. La plupart des concurrents ont baissé rideau, croyant que la seule force de conviction pouvait masquer l’amateurisme. Or, le commerce de détail et les services qui obligent au contact direct et permanent avec le client sont exigeants.  « On est fait pour le commerce, ou on ne l’est pas,  explique-t-elle dans les colonnes du Nouvel Observateur à la faveur d’un dossier sur … ceux que leur métier rend heureux ! « Les petites attentions, les sourires, ça ne s’improvise pas. C’est d’ailleurs pour faire plaisir que je me suis mise à confectionner des thés. Mon « thé bleu » a tellement bien marché que j’en ai inventé trois autres ».

 

Démarche éthique

 

Fondateurs de Solar Ener Jade en 2006, spécialisée dans l’installation des capteurs et des panneaux solaires implantée à Saint-Michel Chef Chef, Pascal Frioux et Frédéric de Lesquen mettent en avant « une démarche éthique qui garantit la qualités de nos conseils et de nos réalisations ». Une éthique qu’ils appliquent aux relations clients comme dans la gestion du personnel. A l’inverse de ce qui se fait couramment dans beaucoup d’entreprise du secteur, les deux jeunes chefs d’entreprise proposent des emplois durables et qualifiés, sans recours à la sous-traitance. « Notre politique sociale privilégie l’épanouissement de nos techniciens en leurs garantissant des emplois pérennes, une rémunération équitable et des perspectives d’évolution dans l’entreprise », argumentent-ils .

 

Une réelle orthodoxie dans la gestion, une prudence financière, un sens client jamais pris en défaut, une équipe saine et motivée : à eux cinq, Nicolas Doucerain, Sandrine Herbé, James Blouzard, Pascal Frioux et Frédéric de Lesquen incarnent au fond assez bien la petite entreprise rêvée. Ils incarnent des patrons exigeants mais à l’écoute, audacieux mais réalistes. Le dosage est subtil et l’équilibre pas toujours évident à trouver quand la gestion quotidienne d’une PME absorbe toute l’énergie et risque parfois de grignoter la lucidité. Nicolas Ceolin, spécialiste de la dynamique entrepreneuriale, écrit en guise de conseil aux chefs d’entreprises sur son blog : « prenez vos responsabilités. Vous devez rendre votre entreprise si précieuse et efficace qu’aucun client ne puisse se passer de vous ». Des mots simples, efficaces, à méditer pour se rebooster le cas échéant.

Une réflexion sur « Audace et prudence, le nécessaire paradoxe de la sortie de crise »

  1. sortie de krise !
    James blouseur trompe énormement !
    Blousard il est, blousard il restera !!!
    attention à la sortie du virage !!!
    … »en gardant à l’esprit que l’argent
    que nous manipulons de nous appartient pas ».
    ..EH OUI !
    car il doit toujours remonter en haut de la
    pyramide DES FRIQUÉS.
    Le triangle de Pascal à l’envers
    1
    11
    121
    1331
    ….

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