Selon la police britannique, trois islamistes de Birmingham s’apprétaient à commettre divers attentats en milieux urbains très fréquentés. But présumé recherché : lâcher entre six et huit candidats au martyr djihadiste dans des gares, des centres commerciaux, de grands hôtels, &c. Les trois arrêtés qui seront jugés en avril ou mai prochains pourraient se retrouver à la barre en compagnie de comparses.

Irfan Naseer, 31 ans, Irfan Khalid, 27 ans, Ashik Ali, 27 ans, font la une de toute la presse irlandaise et britannique. Selon les informations de la police, ils préparaient des attentats-suicides dont le bilan aurait au moins égalé celui des gares de Madrid… Ou au minimum celui du métro de Londres en 2005 (52 morts, de très nombreux blessés).

Des écoutes clandestines de la police (avec des micros plantés dans un appartement et un véhicule) ont permis neuf arrestations mais les trois djihadistes de Birmingham étaient à la fois les financiers (via une œuvre caritative islamique paravent) et les instigateurs.

En fait, les trois hommes étaient étroitement surveillés depuis leur retour des camps d’entraînement au Pakistan, en 2009 et 2011. Ishaaq Hussain, Naweed Ali, Muhadi et Khobaib Hussain ont aussi été arrêtés dans le cadre de cette affaire, ainsi que diverses autres personnes. L’artificier serait Irfan Naseer, qui avait étudié la chimie. Le plan consistait à faire exploser des sacs à dos au milieu de foules, dans un délai situé, selon les aveux, entre cinq mois et deux ans.

Les trois hommes avaient récolté environ 12 000 livres auprès de musulmans sous le couvert de l’association Muslim Aid mais n’auraient pu les faire fructifier car ils les avaient mal placés sur le marché (pourtant peu islamique) des devises et auraient dû contacter des prêts auprès de la fort peu islamique Barclays. Leur complice en la matière, Rahin Ahmed, a reconnu les faits. Muslim Aid se déclare victime et non complice de détournements de fonds récoltés par ces collecteurs.

Les premières arrestations se sont produites au soir du 18 septembre dernier mais l’affaire n’a été rendue publique que ce jour à l’occasion d’une audience préliminaire.

Les arrêtés principaux détenaient des modes d’emplois et fascicules, avaient téléchargé des prêches djihadistes et des vidéos d’Anwar al-Awlaki. Ils ont fait l’objet d’une surveillance rapprochée de deux mois mais les arrestations ont découlé des écoutes qui révélaient qu’ils tentaient de confectionner un engin explosif.
Deux d’entre eux avaient fait l’objet de la surveillance d’informateurs au Pakistan où ils ne s’étaient pas contentés d’assister à des prêches mais avaient vraiment reçu une formation terroriste au camp de Miran Shah. Selon les conversations piratées, ils se vouaient au suicide meurtrier. Ils ont d’ailleurs admis avoir posé pour des vidéos destinées à être diffusées après leur mort, lesquelles appelaient à la vengeance pour tout acte ou dire à l’encontre du prophète Mahomet.

Outre le fait d’avoir été repérés au Pakistan, contrairement à Mohamed Merah, les apprentis terroristes avaient commis diverses erreurs : se rendre et revenir directement du Pakistan, présenter une physionomie (barbes, cheveux) et des habillements proclamant leurs convictions.

Selon JTA (un site israélite), le Community Security Trust du consistoire israélite britannique, le trio aurait voulu s’en prendre à une synagogue, mais cette information n’a pas été confirmée par la police ou la justice.

Résidant dans à Sparkhill, près de Birmingham, près de la mosquée Amir-e-Millat, ils entretenaient un relationnel amical dans la communauté musulmane locale, sans toutefois faire part de leurs convictions extrémistes. Il n’empêche, au vu des sommes que le trio avait pu recueillir, et en dépit des dénégations de Muslim Aid, la presse britannique soulève diverses questions : les fonds recueillis vont-ils aux nécessiteux ou des prêcheurs, des madrassas, &c., dont il n’est pas sûr que ces institutions découragent les vocations djihadistes. Par ailleurs, pendant plus d’un an et demi, alors qu’il était connu que les jeunes gens planifiaient d’aller au Pakistan ou s’y rendaient, personne du milieu familial ou parmi les proches, pourtant au courant, ne s’est ouvert des faits à la police. Les familles ont influé pour que les quatre hommes reviennent. La police britannique constate que bien que la communauté ne tolérait pas ce type d’engagement, il n’était pas question d’alerter les autorités, a relevé le site Asian Image.

Parmi les neuf arrêtés, le plus jeune avait 20 ans.

Sans qu’il soit question d’établir un parallèle avec l’affaire Merah (d’autres parallèles peuvent être tracées, avec des opérations françaises réussies à temps), on peut aussi se demander si la partie de la fratrie Merah avait bien fait l’objet de la surveillance adéquate.

L’autre question qui est soulevée est plus large puisqu’elle se rapporte à l’emploi de drones au Pakistan, au Yémen et sans doute d’autres pays. Deux des inculpés avaient dû se réfugier pendant quatre heures dans des arbres alors qu’un exercice d’explosion de bombes avaient été interrompu par des survols du « Warzistan » (les régions tribales pakistanaises). Selon des observateurs, sans ces attaques de drones, le recrutement de terroristes serait beaucoup plus intensif. Les deux apprentis terroristes, après cette épreuve, se sont fait porter pâles et ont fini par expulsés du camp.

Il semble aussi qu’en contrepartie, les groupes à l’étranger sélectionnent beaucoup mieux sont qui sont envoyés au Pakistan. À Birmingham, des organisateurs s’étaient inquiétés qu’un groupe séparé ait comporté un jeune homme n’ayant rien trouvé de plus fin que de téléphoner à sa famille dès son arrivée au Pakistan par des itinéraires mieux étudiés qu’un vol direct. Ce second groupe serait lié à un libraire de Birmingham, Ahmed Faraz, rapporte The Independent.

Le dernière affaire française connue remonte au 11 février dernier avec la mise en détention d’un homme suspect d’association en relation avec une entreprise terroriste. Rien n’a filtré sur son identité ou les charges pesant contre lui, le juge Trévidic s’étant refusé à toute déclaration.