Athlétisme : Oscar Pistorius, « The blade runner ».

Comment Usain Bolt truste tous les titres sur 100 et 200m ? En ayant des jambes lui permettant de courir très vite. Mais, peut-on être un sprinteur sans jambes ? Une question incongrue auquel l’athlète sud-africain Oscar Pistorius apporte une réponse brillante. Portrait du premier athléte handicapé à participer aux JO, lui qui a été sélectionné pour participer au relais 4X400m et au 400m individuel sur le tartan londonien.

Oscar Pistorius est un athléte à part entière. Pourquoi ? Il court sans jambes, voyons, cela paraît tellement évident ! En effet, il est né sans péronné aux deux jambes – du fait d’une maladie congénitale – ce qui força les médecins à l’amputer à l’âge d’un an. Pourtant, viendra très vite chez lui l’envie de pratiquer l’athlétisme. Pour cela, Pistorius se sert de spatules en carbone, spécialement conçues pour la course handisport. Malgré tout, cela ne lui rend pas les performances qu’il pourrait obtenir en étant parfaitement valide, les prothèses ralentissant le départ et compliquant la prise des virages, si important dans le 400m. D’où son surnom de "Blade Runner" : "l’homme aux lames" en français.

Après avoir remporté cinq médailles, dont quatre en or, lors des Jeux Paralympiques, Pistorius participe pour la première aux Championnats d’Afrique du Sud valides où il se classe 6ème ; performance qu’il rééditera et améliorera lors de la même épreuve en 2007, puisqu’il se classera 2nd.

A ce moment, il commence à être invité à prendre part aux compétitions valides dans les épreuves de Coupe du Monde. Lors de cette saison 2007, il participera au meeting de Rome et de Sheffield (Angleterre). Ce qui provoquera une polémique bien malgré lui. En effet, la Fédération Internationale d’Athlétisme (IAAF) se pose à cette occasion la question de la légitimité de sa participation aux épreuves valides. Car il est envisagé que ces prothèses lui confèrent un avantage face à ses adversaires. Un rapport mandaté par l’IAAF affirme bien cette suspicion, en janvier 2008. Mais en mai, l’athléte sud-africain, après avoir fait réalisé de nouvelles expertises et déposé un recours, obtient gain de cause devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS), la cour de cassation du sport mondial. De ce fait, il obtient le sésame lui permettant de se qualifier aux Jeux Olympiques de Pékin, mais rate la qualification pour 70 centièmes.

En 2011, après avoir raté sa chance en 2008, il parvient à réaliser les minima tout en battant son record personnel (45s07). Il se qualifie pour les mondiaux de Daegu, où il est sorti en demi-finale en individuel et obtient une formidable médaille d’argent avec le relais 4x400m sud-africain, même s’il n’est que remplaçant pour la finale. Il devient de ce fait, le premier handisport médaillé chez les valides.

La consécration sera pour lui donc, sa participation aux Jeux Olympiques de Londres, malgré le fait qu’il n’ait réussi qu’une fois les minima pour se qualifier – des minima à 45s30, un temps de 45s20 – alors qu’il faut les avoir dépassé par deux fois. Mais une dérogation lui permettra de s’aligner sur 400m individuel. Ainsi, "la chose la plus rapide du monde sans jambes", comme il se qualifie lui-même atteindra le Graal de tout sportif.