Les dirigeants étasuniens paradent à la face du monde, emplis d’autosatisfaction, la main sur la crosse du revolver. Ils s’introduisent partout, se mêlent de tout, flagornant les uns, menaçant les autres. Ils ne sont pas très appréciés en fait… et ils le savent. Regardez ici ou là  leurs consulats: le summum de la paranoïa et du caprice est désormais atteint. Des barricades grotesques en ciment armé enjambent les trottoirs, débordent parfois allègrement sur la chaussée. Au diable les jérémiades des automobilistes et des passants.  


Pour autant, les Etasuniens tiennent pour établi qu’ils personnifient le Bien. Dans leurs manuels scolaires, ils se font un devoir de le souligner : « Les Etats-Unis ont été une sorte d’Armée du Salut pour le reste du monde : tout au long de l’histoire, ce pays n’a fait qu’aider les pays pauvres, ignorants et malades… Les Etats-Unis ont toujours agi avec désintéressement, toujours au nom de grands principes ; ils ont toujours donné et jamais pris ».

Cf. http://www.legrandsoir.info/etats-unis-une-incessante-quete-d-amour-et-  


A l’idée de la bonté sui generis, Barak Obama est bien sûr tenu de se rallier. En 2011, il avait concocté un récit amusant : « Un de nos avions a eu des ratés en survolant la Libye. Or, quand un de nos aviateurs a sauté en parachute, dans un pays dont le dirigeant a si souvent satanisé les Etats-Unis, dans une région qui a eu des relations si difficiles avec notre pays, cet Etasunien n’a pas rencontré d’ennemis, au contraire, il a été accueilli par les gens à bras ouverts. […] Partout où les gens rêvent d’être libres, ils trouveront un ami dans les Etats-Unis ». Fidel Castro qui rapporte ces propos en dit ceci : « Une histoire à dormir debout ! Obama est un excellent enfileur de grands mots et de belles phrases. Il pourrait gagner sa vie à écrire des contes pour enfants ».

Cf. http://www.cuba.cu/gobierno/reflexiones/2011/fra/f310311f.html   


Les officiels américains croient-ils parfois ce qu’ils racontent ? Disons plutôt qu’ils ont une croyance illimitée en la jobardise de leurs concitoyens. Ces balivernes sont assez révélatrices d’un état d’esprit. En mars 1953, le Président Eisenhower s’interrogeait innocemment : « Pourquoi ne réussissons-nous pas à nous faire aimer dans ces bleds perdus au lieu de nous faire haïr ? ».

Cf. http://camarade.over-blog.org/page/104


Soixante ans après, cette question énigmatique est plus que jamais d’actualité… Au moins, pourrait-on dire, un dictateur maintenu en selle par Washington et dès lors qu’il se soumet corps et âme à ses intérêts, est traité comme un ami… Saddam, Ben Ali et Moubarak le pensaient sincèrement. Une méprise fatale : l’Empire n’a pas d’amis, il n’a que des vassaux ou des laquais. Hilary Clinton, à la veille de la fuite de Ben Ali, s’était crue obligée de prévenir (je cite de mémoire) : « aucun dirigeant [arabe]ne doit se sentir couvert par le gouvernement américain ». Autrement dit : si le vent tourne, ne comptez pas sur nous.


S’il le faut, les satrapes mis en place sont renvoyés sans état d’âme. Lorsqu’ils sont politiquement discrédités et/ou ne servent pas assez les intérêts de leurs protecteurs, ils sont remplacés par de nouvelles têtes, souvent enrôlées dans les rangs même de l’opposition. Cet ordonnancement est concret et manifeste, même s’il n’est pas vérifié en tout lieux, même s’il est appelé à s’infléchir à la suite des révoltes populaires.