Taxer, verbe transitif du premier groupe signifiant payer des impôts mais également, accuser quelqu’un. Les deux significations sont assez voisines, ainsi si on ne peut paie pas de taxe, on peut nous taxer d’être un fraudeur. Imposer une taxe au fraudeur, ça c’est une idée, mais est elle applicable ? Car il y aura toujours des fraudeurs de la taxe contre les fraudeurs et ainsi de suite, un cercle vicieux aussi éternel qu’ un anneau de Moebius. La géopolitique a cette qualité formidable de proposer une myriade de lois fiscales différentes selon les pays. Les plus nantis, et par conséquent les plus assujettis aux impôts dans un système théoriquement juste, ont su voir l’herbe plus verte chez nos voisins européen et voire bien au delà. Afin de préserver leurs revenus du siphon étatique, ils plient bagage pour s’installer au delà des frontières françaises.

 

 

User de calomnie en politique, c’est une chose communément admise. De tout temps, on a joué de fausses accusations et de mensonges pour mettre à mal son adversaire. Si on se fiait aux journaux dits de droites, la France connaîtrait une exode des plus fortunés. Au début du mois de juillet, un nouveau rebondissement a eu lieu dans une affaire déjà bien connue des services du fisc, montrant que le sujet des expatriés fiscaux reste sensible. L’arrestation d’ Hervé Falciani à Barcelone. Si son nom ne vous dit rien, voici un petit retour sur ce qui lui est repproché.

 

 

Employé de la banque suisse HSBC à Genève, il est accusé par la direction d’avoir piraté et recueilli des milliers de fichiers concernant des clients français soupçonnés d’exil fiscal, plus de 9000 pour être exact. Très rapidement, le dossier brûlant est tombé dans les mains du fisc français dans le but de sévir contre les escrocs. La divulgation s’est faite par la vente d’un CD acquis par un policier français et le procureur niçois, Eric de Montgolfier. Après avoir étudié les listes complexes et codées et cèdant aux demandes pressantes des suisses, les autorités françaises ont fini par rendre le dossier, du moins une copie de celui-ci tout en prenant le soin de transmettre les informations à d’autres pays.

 

 

En 2009, le ministre du Budget de l’époque, Eric Woerth, avait agité cette liste sulfureuse en prônant une intolérance zéro envers les magouilleurs. Les banques de la confédération helvétique, bléssées dans leur égo, se sont mises à voir rouge, telle la couleur de leur drapeau, craignant qu’il y ait des répercussions sur les comptes de leurs clients francophones. Dépassant les limites du monde bancaire, l’histoire a frôler la crise diplomatique. En effet, le Ministère public de la Confédération s’est senti trahi et a émis un mandat d’arrêt internationalà l’encontre d’Hervé Falciani, un ressortissant français.

 

 

L’ancien employé d’HSBC n’est, à ses yeux, qu’un voleur d’informations top secrètes et confidentielles. M.Falciani n’a rien d’un Robin des Bois, souhaitant que les riches fraudeurs soient rattrapés par leur devoir patriotique, car il pèse sur lui de lourds soupçons de falsifications. De noms auraient été modifié par rapport au dossier original. Dans quel but ? La réponse échappe encore aux inspecteurs, peut être voulait-on effacer des noms de ce listing litigieux

 

 

Mais les suisses vont plus loin. Ils se sont permis d’accuser Bercy d’avoir une quelconque responsabilité dans le vol de ces données bancaires. Hervé Falciani aurait été une sorte d’espion agissant dans l’antre du loup. Bercy lui aurait demandé de se procurer une liste de noms d’evadés fiscaux. Deux éléments d’enquête témoignent qu’Hervé Falciani était en étroite relation avec les autorités fiscales françaises. Premièrement, dans son répertoire fgurait le numéro de François Jean-Louis, secrétaire général de la DNEF (Direction Nationale des enquêtes fiscales) et deuxièment, les deux hommes se sont échangés de nombreux messages. François Jean-Louis aurait longuement insisté pour avoir toujours plus de noms et des codes valides pour décrypter les données. 

 

 

Toutefois, grâce à la divulgations des personnes citées dans le dossier, 2.846 propriétaires de comptes en Suisse sont passées sous les fourches caudines du trésor public. Cependant, à cause d’un trucage évident du fichier informatique, la liste n’a pas permis de sanctionner comme il se devait les criminels pris la main dans le sac. Au mieux, des accords négociés ont été passés, imposant des sanctions moins élevées mais qui ont tout de même permis d’engrenger près de 1,2 milliard d’euros.

 

 

Autant dire que cette histoire va encore faire du bruit. Le problème de ces hommes et femmes fortunés souhaitant éviter de se faire puiser telles des vaches à lait a pris une tournure exceptionnelle avec l’arrivée de François Hollande au pouvoir. Le Figaro et consort, ont voulu nous faire croire qu’avec l’accession au trône de ce bolchevique en furie, voulant imposer à 75% les revenus supérieurs à 1 million d’euros, la France allait se priver définitvement de ses grandes fortunes. Une émigration massive de crésus, remplissant leurs sacs Louis Vuitton de leur biftons était à craindre. Pour rendre plus parlant leur menace, ils ont fait parler les chiffres s’appuyant sur un fait mineur ne voulant rien signifié. Ils ont affirmé que le nombre de petits français voulant entrer au prestigieux lycée Charles-de-Gaulle à Londres avait augmenter de 700 par rapport aux années précédentes.

 

 

Une nouvelle montée en épingle pour prouver que ce président est nuisible pour le pays. Le magazine indépendant Marianne a voulu vérifier ces informations en menant sa propre enquête. Le résultat est saisisant de mauvaise foi, en joignant le proviseur du dit lycée, il a dementi les chiffres avancés par les scribouillards du Figaro. Ce ne sont pas 700 élèves, mais 492, et ce chiffres se situe dans la moyenne annuelle, il n’y a donc pas de quoi s’alarmer. Moralité de l’histoire, il faut toujours confondre les sources et ne pas se fier à des feuilles partisanes, sinon on risque de nous taxer d’être partial.