Après les punks frenchies, les djihadistes al-Faranci de l’EI

Trop trognons, Abu Osama, Abu Maryam et Abu Salman al-Faranci, les trois autres Français ayant rejoint l’État islamique (Daesch) en Irak et Syrie. Après (entre plus de mille autres), Mickaël Dos Santos et Maxime Hauchard, voici trois nouveaux énergumènes à identifier – si ce n’est déjà fait – qui appellent les Français à se convertir ou approfondir leurs convictions musulmanes et semer la terreur au Moyen-Orient mais aussi en France. Mais en France, en cette saison, s’il y a bien des nanas et de la came, darla dirladada, difficile de se la jouer Les Bronzés…

Avec plus de retenue que les titres populaires britanniques, Le Parisien, et d’autres titres reprenant l’AFP, relaye l’appel de trois sauvageons radicalisés prônant soit de rejoindre Daesch, soit de « tuer n’importe quel civil » (musulman trop tiède pour mener le jihad en Syrie ou Irak inclus).
On se questionnera longtemps sur l’art et la manière de traiter le phénomène mais, au risque de me fourvoyer, j’opte pour la dérision…
Wesh, zy-va, fous le souk, viole, étripe, c’est l’avenir… En sus, il y a du pognon, des nanas à se faire, et tu verras, on a de la bonne…

Voici quelques jours, avec l’ami Omar, j’avais émis cette brève de comptoir : « les punks, c’est déjà vu, maintenant, les jihadistes, c’est plus pointu. ». Je l’ai retrouvée illustrée par Zep, dans Le Monde, qui croque les punks à crête d’hier et les barbus d’à présent… No Future pour les uns, les houris du paradis d’Allah pour les autres. Resté beatnik tout au long de la période hippy, j’ai raté la vague punk, mais je me sens trop las, trop tiède, pour me rattraper avec la teuf sanglante auquel tout·e un·e chacun·e est convié·e à la condition aisée de se convertir à l’islam version rénovée et à maintenir sous la bannière de Daesch.

La goguenardise sied au vieux croûton que je suis devenu ou, du moins, je feins de le croire…

Comparaison n’est pas raison et nous sommes, Zep et moi-même parmi d’autres, fort injustes avec les punks. Lesquels ont quand même apporté quelque chose de fortement rénové par rapport aux muscadins de jadis et aux zazous de naguère. Là, le mode de vie razzia conquérante, antérieur à Mahomet mais qu’il a su si bien magnifier, ça sent le rance.

La vidéo de sept minutes (format un peu long pour un clip de réclame) de nos trois trublions débute avec l’autodafé des passeports des trois ex-Français volontaires. C’est une forme de bizutage s’accompagnant parfois, selon divers témoignages, d’un cassage de gueule en règle, histoire de mettre dans l’ambiance et de renoncer au grand Satan occidental et à ses œuvres. La récollection djihadiste est un peu plus musclée que la catholique (quoique… quelques flagellations lacérantes sont encore bien vues en Espagne ou aux Philippines). 

Suit une exhorte. Si tu n’es pas tenté par de belles armes et de belles voitures, si le sabre à décapitations damasquiné ne te tente pas trop, les chemins du paradis sont multiples. Cela étant, attention, un jour viendra où l’État islamique fermera les frontières et tu resteras coincé dans la France impie qui sera ravagée. Les musulmanes enceintes qui ont déjà rejoint nos Pieds Nickelés l’ont compris, la route est belle, et « tu n’as pas d’excuse » pour te soustraire à l’appel solennel. Bref, tu restes en France, c’est à tes risques et périls car ton voisin, ta voisine, qui ont compris leurs intérêts, vont te tuer ou t’estropier quand tu iras faire tes emplettes. On se souvient de l’attentat du Tati de la rue de Rennes, à Paris, dans lequel musulman·e·s ou kafirs de tous âges et sexes avaient péri. Sept mort·e·s et 55 blessé·e·s seulement, attribué·e·s au Hezbollah qui, à présent, combat l’État islamique.

Un futur radieux n’a que faire d’un passé pas si lointain (1985-1986, 13 attentats islamistes chiites à Paris, et un fameux « septembre noir »). Abu Salman al-Faransi veut mieux faire et propose d’empoisonner l’eau et les denrées alimentaires. Déjà, en octobre, un autre ex-Français avait recommandé de « tuer n’importe quel civil ». Il est vrai que, pour les militaires, après Merah, c’est devenu plus difficile, ils ont reçu des consignes.

Aux dernières nouvelles, les musulmans quelque peu plus tièdes se font du mouron. Youssef (ou Yusef) al-Qaradawi, un prêcheur égyptien choyé par le Qatar, avait déjà, en juillet dernier, retourné sa veste. Le califat islamique violerait la charia. À chacun la sienne… À bon chat, bon rat. Car cela risque de craindre : imaginez que les récents convertis, aux bouilles de souchiens bon teint, s’en prennent aux tièdes en se livrant à une justice au faciès ?

C’est d’ailleurs déjà le cas quand les barbus, surtout durant la période du ramadan, s’en prennent à celles et ceux qu’ils imaginent être restés des coreligionnaires, mais devenus impies, en se fondant sur leurs tenues vestimentaires.  

L’ennui, pour ces trois jeunes hommes, c’est que, alors que la punkitude peut lasser et permet de s’en affranchir, il ne leur sera pas loisible de fléchir et de passer à autre chose. En tout cas, très peu aisément. Bien sûr, ils peuvent à la rigueur se faire imams sur le tard, s’ils parviennent à rejoindre la bonne secte soutenue par un véritable État qui les tolérera, histoire de semer la zizanie chez ses voisins (ce qui a réussi un temps à divers de nos « amis » proche-orientaux).

N’empêche, la propagande du califat est très réactive. Nos trois barbus n’ont pas tout à fait l’air de « double nationaux », n’en déplaise à Marine Le Pen. Ni de Français de fraîche date. Il n’est d’ailleurs pas sûr que le vernis islamiste auquel ils ont adhéré suffise à les souder. Il y en aura bien qui finiront par se sentir plus malins et plus légitimes que les autres, et le naturel français poussant à la bisbille finira peut-être par reprendre le dessus. Ils ont de fortes chances d’en venir à s’écharper entre eux.

Avant eux, il y avait eu Raphaël Gendron, dit AbduRaouf Aub Marwa, à les précéder dans la carrière, mais sous la bannière d’une branche d’el-Quaïda, les Faucons du Sham. Il est mort (en 2013) avant d’avoir à combattre nos trois al-Faranci, histoire de d’assurer la prédominance de son canal historique. Nos trois ex-compatriotes, plus férus sans doute en jeux vidéo que congrus de Machiavel et de l’histoire des religions, ont la mémoire courte. Bientôt, d’autres musulmans intégristes les taxeront d’agents de la CIA (comme ce fut le cas pour Gendron, dénoncé pour tel par le mouvement islamiste belge Égalité, Foi et Justice). L’État islamique a d’ailleurs exécuté par décapitation le mentor de Gendron, Iliass Azaouaj. Lui aussi, pourtant, avait appelé à commettre des attentats en France et Belgique. À qui le tour ? Il se trouvera bien deux des trois larrons pour accuser le troisième… L’État islamique, c’est un peu le stalinisme en turban. Pour un oui ou un non, et même un peut-être ou un je ne sais, tes copains sont sommés de t’accuser puis de t’éliminer. C’est souvent le prix à payer du passage au Club Med jihadiste. Nos trois GM ont donné de bons gages… mais il leur faudra en donner d’autres, et d’autres encore… Bon courage !

 

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !