ALVIN LEE & TEN YEARS AFTER

 

Certes la renommée d’Alvin Lee n’atteint pas les mythes de la guitare électrique tels Jimi Hendrix ou Eric Clapton, et pourtant il était de cette trempe, métamorphosé dès qu’il grimpait sur une scène, là où tout son talent explosait lorsqu’il martyrisait sa Gibson rouge.

Le 6 mars 2013, Alvin Lee est décédé en Espagne (il y résidait depuis quelques années) des suites de complications d’une récente opération chirurgicale, il avait 68 ans. Un coup de massue, encore un pan de ma jeunesse qui s’en va, presque dans l’incognito.

Alvin Lee, c’est Woodstock. Les pointures du festival, on les connait. Pendant que Janis savourait son « héro », que Carlos Santana prenait sa guitare pour un serpent, que Joe Cocker titube entre deux rasades de tord-boyau, débarque un mec un peu moins défoncé, éclipsant les stars de l’époque en nous infligeant un magistral « I’m Going Home », le marathonien du festival m’a procuré et me procure toujours une émotion vive. Pour moi il restera un des plus formidables gratteux qu’ai enfanté la perfide Albion, et pourtant il y en a des fameux (Clapton, Beck et Page, déjà…).

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Indissociable de l’image de son propriétaire, la fameuse Gibson 335 de 1959 customisée d’Alvin, avec ses autocollants « Peace & Love. La Big Red , un choix pas si surprenant car l’une des références d’Alvin Lee n’est autre qu’un grand adepte de cette guitare devenue mythique, j’ai nommé Chuck Berry.

 

 

Je ne vais pas entrer dans le détail des albums de Ten Years After, puis de la carrière solo du guitar héro, je vous livre sa discographie complète.

Il faut bien reconnaitre que malheureusement « « I’m Going Home » permit à Alvin Lee d’entrer dans le panthéon du Rock, mais en même temps c’est tristement réducteur de n’associer sa carrière à ce morceau d’anthologie. Heureusement que l’empreinte laissée par Alvin Lee sur sa génération ne s’arrête pas à son art, on peut aller jusqu’à dire qu’elle le dépasse. Culturel, affectif, et politique, le vide laissé par sa disparition est pareil à un trou béant dans le cœur des rock n’rollers, tant la musique du virtuose était empreinte d’un message de libération des mœurs.

 

 

Par essence, le rock and roll, héritier survitaminé du blues, porte un message au monde. Ce message est souvent simple, il s’entend comme la façon la plus primaire de s’élever contre la norme. A ce titre, si la liberté jaillissant du fameux « I’m Going Home » en est une manifestation, l’émouvant riff de « I’d love to Change the World » en devient la confirmation.

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Résumer les 50 ans de carrière d’Alvin Lee est une gageure si je m’étais limité à retracer son parcours discographique. J’en arrive au summum, sans doute le meilleur album solo d’Alvin Lee, et sans doute l’un des meilleurs albums de rock’n’ roll.

En 2004, Alvin se rend à Nashville pour y rencontrer l’un de ses héros, le légendaire guitariste d’Elvis Presley, j’ai nommé Scotty Moore, flanqué du batteur DJ Fontana, également présent sur les premiers enregistrements du King. Cela donne l’album « Alvin Lee in Tennessee » qui rassemble 11 compositions d’Alvin.

Faire un retour vers le passé ainsi qu’une ouverture sur l’avenir était la seule raison d’être ce cet album plutôt controversé en raison de son caractère trop rockabilly, à croire que ce genre n’est pas une composante du rock actuel ! Alvin faisait ainsi part de sa volonté de contribuer à perpétuer le rock’n’ roll, ce qu’il faisait d’ailleurs depuis ses débuts.

Album ultime, « Still on the Road to Freedom ». Difficile de ne pas y voir une volonté de poser définitivement sa guitare. Ce titre ambigu peut aussi bien signifier le désir de poursuivre sa route que de se libérer des contraintes du showbizz. Et surtout la conclusion, avec une reprise du tube de Ten Years After « Love Like a Man » n’était-il pas une façon d’indiquer que la boucle était bouclée.

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Autant de questions qui resteront sans réponse comme celle de savoir pourquoi celui qui était considéré comme le type même du guitar hero après sa prestation hallucinante à Woodstock n’a eu qu’une gloire éphémère loin de la longévité d’un Eric Clapton. Peut-être Alvin Lee s’est-il laissé enfermer dans cette image de guitariste le plus rapide de sa génération qui, finalement, l’aura plutôt desservi.