Mohamed Morsi: un autre Moubarak ?
Presque tous les observateurs s’accordent sur le fait que le meilleur président Egyptien post-Moubarak aurait été tout le monde, sauf une personne venant des milieux islamistes radicaux. Mais, les urnes en décideront autrement. Fort de leur nombre, les frères Musulmans ont réussi au lendemain de la révolution a placé l’un des leurs à la tête du pays. Plus loin, ils jouissent d’une très forte majorité au parlement. Toute chose qui les laisse penser que toutes les reformes leur sont acquises d’avance.
En effet, depuis un peu plus de deux semaines, de violents affrontements opposent de milliers d’égyptiens aux forces de l’ordre. Des manifestants qui réclament l’annulation du décret par lequel le président Mohamed Morsi s’octroie des pouvoirs exceptionnels, et qui le place pratiquement au dessus de la loi. Par ailleurs, ces derniers se disent contre le référendum qu’entend organiser dans les tous prochains jours le nouvel homme fort de l’Egypte, pour faire passer une nouvelle Constitution que de nombreux égyptiens juge non conforme et anti-démocratique.
Cependant, même si le président Morsi s’est trouvé obligé de renoncer à son fameux décret samedi dernier, il rassure jusqu’ici que le référendum sera bel et bien organisé. Et, probablement samedi prochain. Ce que réfutent catégoriquement les manifestants. Puisqu’ils y voient une tentative pour les frères musulmans d’islamiser davantage l’arsenal législatif égyptien et de restreindre les libertés, en particulier d’expression et de religion.
Ce projet de constitution est également très mal perçu par de nombreux spécialistes ; c’est ainsi qu’au site internet lepoint.fr, Shadi Hamid, directeur de recherches au Centre Brookings de Doha au Qatar a estimé que ce « projet de Constitution contient certes quelques articles à l’arrière-goût islamiste, mais, c’est en grande partie un document médiocre et quelque peu ennuyeux, basé sur la Constitution de 1971, elle-même médiocre…"
Malgré tout ceci, il est fort probable que ce projet de constitution passe comme une lettre à la poste, au grand dam des pauvres manifestants. Car ici, il ne s’agira pas pour les partisans des frères musulmans d’un choix raisonnable, mais plutôt d’un choix purement idéologique. Dès lors, l’on comprend que rien n’a véritablement changé en Egypte.
[b]Ne serait-ce pas que la « victoire » des « frères musulmans » aurait été usurpée par des élections frelatées au maximum ?[/b]