Une élection aux tournures soviétiques

 

L’UMP se déchire depuis des semaines quant à son avenir. La formation politique d’opposition ne parvient pas à se trouver un chef. L’implosion est à prévoir et les groupuscules aux idéaux similaires jubilent, se frottant les mains devant le nombre d’adhésions en pleine augmentation. Ce qui devait être un exercice de style, voulant mettre un pied de nez aux primaires socialistes déviant à la guerre des chefs individualistes, s’est transformé en une foireuse entreprise dont la fin de crise demeure dans le domaine de l’incertain. 
 
Ici, les chiffres n’ont plus de valeurs, les fédération départementales n’ont pas le même poids, putschs et déclarations chocs de victoires prématurées se font en série. A situation analogue, remède semblable, quand un pays souffre dans ses entrailles d’un conflit, comme d’une maladie, on fait appelle à des intermédiaires. Ici, devant une telle antipathie, tous on échoué. Copé et Fillon ne sont plus réconciliables, il est utopique d’espérer qu’un jour ils se resserrent la main en toute franchise. 
 
Mais comment un tel cafouillage a-t-il pu avoir lieu ? Qui en est responsable ? S’il fallait jeter la pierre à quelqu’un ce serait la COCOE. Derrière ce sigle se cache la Commission d’Organisation et de Contrôle des Opérations Électorales  internes au parti. Une haute instance organisatrice et décisionnelle, élue le 11 décembre 2010 pour un mandat de 3 ans et sur laquelle court de graves soupçons de connivence envers un des candidats, Jean François Copé. Voyons un peu qui y siège : 
– Patrice Gélard, président de la Commission, sénateur de la Seine Maritime, homme de droit spécialisé dans les affaires soviétiques et proche de Copé
– Camille Bedin, ancien secrétaire national aux banlieues et proche de Copé
– Agnès Lebrun, député européen, proche de Copé
– Hamida Rezeg, adjointe au maire de Meaux, c’est à dire Copé, donc proche de Copé
– Isabelle Vasseur, député de l’Aisne et proche de Copé
– Boris Ravignon, vice-président du conseil général des Ardennes
– Pierre André, sénateur de l’Aisne
– Alain Pouchelon, avocat et personnage émérite des Bâtonniers
– Sebastien Lepêtre, maire de La Madeleine, proche de Fillon 
 
En jetant un oeil, on se rend bien compte que quelque chose cloche. Un manque de neutralité flagrant. Le même phénomène apparaît dans la constitution de la Commission Nationale des Recourt, appelée très ironiquement sous le sobriquet de CoNaRe. Ce regroupement de 9 personnes mobilisées pour mettre un point final aux élections litigieuses au bout de 5 jours, est dirigée par Yannick Paternotte, proche de Copé, avec une majorité de membre le soutenant. L’impartialité a été rangée au placard. 
 
De multiples irrégularités sont à déclarer comme le fait que Copé soit resté Secrétaire National de l’UMP alors qu’il se lançait dans la course à la présidence. Pis encore, le Trésorier du parti, Dominique Dard, a démissionné de son poste devant de telles malversations. Il assure que l’UMP est verrouillé par le clan Copé, que lui et ses agents ont fait capoter les élections pour créer cette situation abracadabrantesque où il y aurait deux lauréats. Un président perdant mais officiellement adoubé par la COCOE et un perdant victorieux démontrant une pugnacité dont on ne se doutait guère du temps où il était Premier Ministre. 
 
Les lieutenants de Copé aux postes importants auraient délibérément rendu les procédures de fonctionnement moins transparentes pour plonger les électeurs dans la confusion. Par exemple, lors du scrutin, il ne fallait pas uniquement choisir un chef, mais également procéder à deux autres votes pas bien clairs. Ils auraient également prolongé artificiellement les files d’attente dans les bureaux de vote. De plus, la COCOE a été décapité de son chef, David Biroste, peu de temps avant les élections, par André Césari un proche de Copé. Il est assuré que s’il était resté à son poste, les résultats auraient été clairement identifiés et l’UMP aurait actuellement un président en bonne et due forme. 
 
Une question est sur toute les bouches, celles des partisans comme sur celles des opposants, comment l’UMP va-t-il survivre à ce cataclysme ? Fillon est ses sbires se rassemblent sous un nouvel étendard aux couleurs voisines mais avec une nuance différente, la décomplexité en moins, sous le l’appellation R-UMP. Cet épisode semble marquer un coup d’arrêt à la machine initialement prévue pour la victoire d’un homme ayant échoué un certain mai 2012. 

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