Affaire Madoff et crise économique 2009: les requins de la Finance sont « RESPECTABLES »

Pour certains médias les Bernard Madoff, George Soros, Jean-Yves Haberer et autres Raoul Weil sont RESPECTABLES, des LEGENDES parce qu’ils sont ou étaient à la tête de véritables empires financiers, parce qu’ils ont engrangé des profits colossaux et ont défrayé la chronique par leurs exploits avant de tout « flamber » et d’entraîner dans leurs chutes des millions d’épargnants ruinés.

 

Tandis que les Nick Leeson, Jérôme Kerviel, et des dizaines d’autres traders anonymes de Wall Street (inculpés pour malversations) sont MEPRISABLES, des voyous, des escrocs, des « arnaqueurs » à la petite semaine, plutôt les boucs-émissaires, les victimes des éminences grises à la tête de machines de destruction massive, à broyer l’argent et l’emploi. On oublie trop souvent que ces délinquants de la finance étaient, avant d’être au centre de « casses du siècle » (ils ont paraît-il dévalisé leur banque !), des employés modèles, excellents traders dont les résultats exceptionnels se chiffraient en centaines de millions, voire en milliards de dollars, adulés par leurs chefs qui leurs faisaient une confiance aveugle…  

Comment peut-on, sur une radio qui se dit objective et critique, « glorifier » un Bernard Madoff en le traitant de RESPECTABLE, oui je dis bien RESPECTABLE. Un journaliste qui fait preuve d’aussi peu de discernement, qui s’étonne qu’un Monsieur aussi RESPECTABLE puisse avoir escroqué de 50 milliards de dollars les investisseurs de la planète toute entière, fait preuve d’une méconnaissance totale de l’histoire des marchés financiers qui n’a pas cessé d’être jalonnée de scandales boursiers depuis quatre siècles ! Plus grave, lorsqu’un intervenant responsable d’un journal financier s’étonne lui aussi et reprend les propos du journaliste, cela relève de l’incompétence, de la subjectivité et même de la désinformation.

On s’aperçoit d’ailleurs, que ce sont toujours les mêmes analystes, économistes, journalistes économiques qui interviennent dans les médias, gardiens de l’orthodoxie financière et garants de la « bonne parole ». Or, qu’est ce qu’on constate ? ils disent un jour blanc et un jour noir, blanc quand c’est noir et noir quand c’est blanc, en contradiction perpétuelle avec les évènements. Ils monopolisent l’antenne avec des chroniques et des éditoriaux dithyrambiques, « économiquement corrects », parce qu’ils voient la vie en rose et contrastent avec les prix Nobel (Stiglitz, Allais, Tobin, Sen, Krugman), les professeurs émérites et autres économistes moroses, accusés de traîner la confiance dans le caniveau de la désillusion. N’en déplaise à tous ces chroniqueurs, éditorialistes qui se prosternent devant les pouvoirs politiques et économiques, il n’y a pas de libre-pensée sur les ondes et dans la presse écrite, à de rares exceptions près, mais une doctrine officielle ringarde, une pensée unique – qui sévit depuis des dizaines d’années dans tous les manuels d’économie –, dénoncée par la grande majorité des enseignants, chercheurs, écrivains et certains analystes qui refusent d’abdiquer face à la pensée hérétique et destructrice de la logique financière. 

Tous ces éminents spécialistes qui ne voient dans « les abuseurs » de biens sociaux que des personnes RESPECTABLES qui ont fauté par omission (de publier les bons comptes et les bonnes données), devraient savoir que les malversations en tous genres – parmi lesquelles le délit d’initié et la communication de fausses informations –, sont légion depuis que le monde de la Finance est monde, et qu’ils ont été à l’origine de toutes les spéculations qui sont responsables des crises monétaires, financières et économiques de ces quatre derniers siècles.

Tout a commencé en 1637 aux Pays-Bas avec la tulipomanie (crise de la tulipe), première bulle spéculative de l’histoire, qui a vu les prix des tulipes s’envoler jusqu’à 6000 florins le bulbe, soit douze années de salaires d’un artisan ou trois fois le prix d’un Rembrandt !!! Les prix s’effondreront ensuite victimes d’une spéculation effrénée, et de nombreux investisseurs seront ruinés. Il s’ensuivra une grave crise économique.

Le 19e siècle va connaître la « Grande dépression » de 1873 à 1895 avec de nombreuses crises. En 1866, La spéculation dans l’immobilier avec les frères Emile et Isaac Pereire va propulser la France et l’Europe dans la « Grande dépression ». Ceux qui ont « transformé la France » en bouleversant les grandes villes comme Paris (gare Saint-Lazare, parc Monceau et les beaux immeubles Haussmanniens), Marseille, Lyon et… Arcachon, et ont créé le capitalisme populaire, le crédit aux entreprises, l’action à bon marché, des agences bancaires dans les sous-préfectures, les compagnies d’assurances, les réseaux centralisés du chemin de fer, les omnibus parisiens, le gaz de ville et la Compagnie générale transatlantique, vont tout perdre avec la faillite retentissante de leur banque, le Crédit immobilier, qui avait été un des moteurs de l'essor industriel sous le Second Empire, avec l’apport de quatre milliards de francs. Ils seront victimes de la chute de la bourse et des attaques des autres banques, notamment de la Maison Rothschild.

Puis, ce sera le krach de Vienne (1873) avec des faillites bancaires retentissantes en Autriche et en Allemagne ; le Krach boursier aux EU (1875) avec des faillites bancaires et des sociétés de chemins de fer ; la crise Boursière et économique en Angleterre (1879) avec de nombreuses faillites dues aux surcapacités et à la chute des exportations ; Krach boursier à Lyon (1882) avec de nombreuses faillites bancaires (Banque de Lyon et de la Loire, Union générale, etc.) et industrielles. « Jamais, je n’ai vu une telle catastrophe » déclare un directeur du Crédit lyonnais » ; la crise financière et économique due aux chemins de fer aux EU (1884) avec des faillites bancaires et industrielles, et la dégringolade des cours de l’Union Pacific ; la panique boursière et la crise du crédit en France (1889), la compagnie chargée de la construction du canal de Panama et la société des métaux engagée dans la spéculation sur le cuivre faisant banqueroute ; puis, la Baring (agent financier de la république argentine) suspendra ses paiements en Angleterre victime d’une crise de confiance. L’intervention de la Banque d’Angleterre évitant le pire ; Une nouvelle dépression qui se développera en Grande-Bretagne en raison des crises liées aux échanges qui frappent les Etats-Unis, l’Argentine et l’Australie en 1893 ; il y aura entre 1893 et 1894, une crise bancaire en Italie et une succession de faillites (Banca Romana, Credito Mobiliere, Banca Generale, etc.), avec la suspension de la convertibilité de la Lire.

Les crises majeures du 20e siècle ont été largement développées dans un article précédent et dans les articles et les livres (« Voyage au centre de la Bourse » et « Krach 2007 », André-Jean Locussol-Mascardi, éditions Le Manuscrit, 2002 et 2007) sur les krachs financiers de 1929 (EU), 1987 (EU), 1989 (EU), 1997 (Asie), 1998 (Russie et Amérique du Sud) et 2000 (Technologiques). Toutes ces crises ont été alimentées par la spéculation et des malversations, et cela continue voire s’aggrave depuis huit ans. Alors pourquoi s’étonner que des figures majeures de la Finance soient compromises dans ces crises, quelles qu’aient été leurs responsabilités antérieures : A la tête d’autorités des marchés financiers, hauts fonctionnaires, politiques (Georges W. Bush et Dick Chesney ont été cités dans plusieurs affaires de délits d’initié et même de malversations) ou « gourous » des places financières !

Le « meilleur » (sous-entendu, le plus surprenant) est à venir, car certaines « grosses têtes » risquent d’être inculpées, partout dans le monde, au plus haut sommet des Etats dans les prochaines années…

Les évènements des dernières années nous prouvent bien que les personnages RESPECTABLES AU-DESSUS DE TOUT SOUPÇONS sont nombreux à avoir trempé dans les affaires de corruption qui alimentent régulièrement les journaux de la presse généraliste et spécialisée de la vieille Europe et outre-Atlantique. Je ne peux m’empêcher d’évoquer ici la signification des mots RESPECTABLES et LEGENDE.

Tout d’abord le mot RESPECTABLE : Digne de respect, qui a droit à la considération d'autrui… Cela s’applique-t-il à Madoff ? Même question pour LEGENDE : Un mythe, une personne célèbre ou remarquable… et même interrogation à laquelle on peut répondre par la négative sans hésitation.

Avant de prononcer certains mots qui semblent excuser voire disculper le plus vil escroc du siècle, responsables de la crise économique et de millions de chômeurs, nos chroniqueurs devraient, par décence vis à vis de ce milliard et demi de travailleurs qui gagnent moins deux dollars par jour – avec 50 milliards de dollars on pourrait nourrir 70 millions d’habitants pendant un an soit la population de l’Ethiopie, le pays d’Afrique le plus pauvre, ou rembourser la dette des 20 pays les plus pauvres –, tourner sept fois leur langue dans leur bouche et méditer ces citations d’Evene.fr :

« Seuls les vivants respectables font des morts respectables (Françoise Giroud)… Il est des respects qui frisent l'insulte (Paul Michaud)… Il n'existe que trois êtres respectables : le prêtre, le guerrier, le poète. Savoir, tuer et créer (Charles Baudelaire)… Pour se sentir respectable, il faut respecter les autres (Pierre Bellemare) »

Nous ne citerons pas ici les dizaines de banques qui ont fait faillite dans le monde, ou celles qui se comptent maintenant par centaines en graves difficultés et proche de la faillite – toutes ces institutions financières qui ont failli à leur devoir de prudence et de gestion de leurs avoirs « en bon père de famille » –, car la tâche serait longue et fastidieuse. Evoquons plutôt les malversations, les escroqueries qui jalonnent depuis toujours et plus particulièrement au cours des vingt dernières années, le chemin tortueux, de plus en plus accidenté, du système financier international. Elles sont légion et ont été « accompagnées » par des commissaires aux comptes et des cabinets d’audit indélicats voire véreux, qui ont fermé les yeux sur les dérives comptables de leurs clients, par ignorance coupable (plutôt que par incompétence), et qui se sont fait complices de pratiques douteuses et illégales comme le montre l’affaire Enron avec Arthur Andersen.

On peut y ajouter la complicité implicite des autorités de contrôle des marchés financiers, prises plus d’une fois « la main dans le sac », faute de rigueur et de procédures irréprochables ; et des Etats qui ont laissé faire des hauts fonctionnaires rêvant de grands desseins, mégalomanes, aux ambitions démesurées et très certainement incompétents, comme dans l’affaire du Crédit lyonnais, où son président Jean-Yves Haberer a fait perdre environ 20 milliards d’euros à sa banque – payés par le contribuable français –, sans être réellement inquiété (avec une promotion à la clé au Crédit National), excepté une amende de 59000 euros, 18 mois de prison avec sursis (pour dissimulation d’informations), et 1 euro de dommage-intérêt…

A cela s’ajoute les « magouilles », il n’existe pas d’autres mots, de délits d’initiés où certains profitent d’informations confidentielles pour s’enrichir au détriment des sociétés et parfois d’institutionnels – voir la vente des parts d’EADS avant l’annonce du retard des livraisons de l’A380, où la Caisse des dépôts et consignations s’est fait abuser ! Dans cette affaire, la presse a révélé que les dirigeants d'EADS étaient au courant dès le 6 mars 2006 des retards de livraison de l'A380, et en auraient profité pour encaisser leurs stock-options. Un mois plus tard, Lagardère vendra sa participation dans EADS au prix fort à la CDC. L’action perdra ensuite, dès les premières rumeurs et puis l’annonce du retard des livraisons, près de 40 % de sa valeur. Depuis, elle a perdu 70 % de sa valeur. Le 3 octobre 2007, on apprend qu’une note préliminaire de l'AMF (Autorité des Marchés Financiers), le gendarme de la Bourse de Paris, transmise au parquet de Paris conclurait que la direction et les actionnaires d'EADS se sont rendus coupables « d'un délit d'initiés massif » et que l'Etat français était au courant des difficultés de l'A380 depuis le mois de juin 2005…

Enfin, l’affaire de la Société générale où Jérôme Kerviel, un trader, a berné sa direction pourtant prévenue à plusieurs reprises par l’autorité allemande du marché boursier (Eurex en l’occurrence), l’obligeant à stopper l’hémorragie en perdant 5 milliards d’euros. Auxquels s’ajouteront 2 milliards d’euros de pertes suite à une mauvaise évaluation de la banque de son exposition aux subprimes (elle n’avait provisionné que 230 millions deux mois et demi auparavant).

L’affaire de la Générale fait penser à la faillite de la Barings, qui avait perdu 1,3 milliards de dollars dans des activités de trading sur les produits dérivés à cause d’un de ses courtiers (Nick Leeson). Toutefois, cette escroquerie était différente. Dans le cas de la Barings, il y avait un compte fictif (88888) par lequel transitaient les opérations à terme, mais les appels de marge réclamés pour couvrir les positions sur le Nikkei étaient toujours honorés par des transferts de fonds du siège social au compte de la filiale de Singapour car Nick Leeson trouvait toujours des justifications à ses engagements.

Interrogé récemment sur l’affaire de la Générale, le 25 janvier 2008 par l’Express, il a considéré que « l'ampleur de la fraude dépassait l'entendement. Les gens du règlement chez Société Générale auraient dû se rendre compte que quelque chose n'allait pas ». Et il ajoute que ce genre de scandale est monnaie courante : « Je pense même que cela arrive tous les jours. Ils se font attraper rapidement et ils sont virés. Les banques n'en font pas la pub et tout le monde se remet au travail » Si on en juge par le nombre de procès en cours aux Etats-Unis contre des courtiers véreux on ne peut que lui donner raison.

Parmi les exemples de corruptions, de malversations, d’inculpations des ténors de la Finance et du monde entrepreneurial, citons :

« Les oracles de Wall Street en disgrâce – Enquêtes ouvertes sur des analystes américains accusés d'avoir orienté leurs études en faveur de leur banque » (P. Riché, Libération, 13/8/2001)

« Mary Meeker, 41 ans, analyste chez Morgan Stanley, était jusqu'à l'an dernier la «reine de l'Internet». Un surnom que lui avait collé le magazine Barrons lorsque la bulle spéculative resplendissait sur les valeurs technologiques. Une vraie pythie. N'avait-elle pas recommandé en 1993 d'acheter l'action AOL, qui valait alors 2 dollars ? Mary Meeker était devenue l'une des femmes les plus puissantes des Etats-Unis. D'un mot, elle faisait grimper ou chuter la Bourse. On lui demandait des autographes dans la rue. Les journaux dressaient d'elle des portraits flatteurs : la fille de la campagne, lycéenne de l'Indiana fascinée par la Bourse, devenant une pièce incontournable du grand jeu financier. Son revenu dépassait 15 millions de dollars par an (16,8 millions d'euros). Le miroir de la reine Meeker ne lui prêtait qu'un vrai rival: Henry Blodget, 35 ans, coqueluche des boursicoteurs. En décembre 1998, Blodget était devenu célèbre du jour au lendemain: analyste chez CIBC Oppenheimer, il avait annoncé qu'Amazon.com atteindrait 400 dollars en moins d'un an, soit un doublement de son cours. Un mois plus tard, sa prévision était avérée, et Merrill Lynch le débauchait en se léchant les babines. Aujourd'hui, Amazon ne vaut pas 400 dollars, mais seulement 10. Tout comme la «reine de l'Internet», le petit prince de Merrill Lynch et bien d'autres «e-analysts» gisent au bas de la roche Tarpéienne qui, comme on le sait, est proche de Wall Street.

Et des centaines de milliers d'investisseurs rêvent de mettre en pièces leurs ex-gourous: Mary Meeker, Henry Blodget, Anthony Noto (Goldman Sachs), Jack Grubman (Salomon Smith Barney), etc. Ils leur reprochent de les avoir trompés en promettant monts et merveilles technologiques. D'avoir fait passer l'intérêt de leurs banques (qui, pendant ce temps, introduisaient ces sociétés technologiques en Bourse, augmentaient leur capital, organisaient leurs fusions…) avant l'objectivité de leurs analyses. Bref, d'avoir embelli la réalité pour servir les intérêts de leur maison, et du même coup les leurs. C'est l'hallali. Pour tenter d'y voir plus clair sur la déontologie des analystes, le Congrès a ouvert des enquêtes et conduit deux séries d'auditions. La SEC (Security and Exchanges Commission) a elle aussi récemment enquêté sur leurs comportements. Des cabinets d'avocats, qui ont compris l'intérêt financier à tirer de la colère des investisseurs contre les riches banques de Wall Street, introduisent en justice des «class actions» (recours collectifs).

Il y a quelques jours, un cabinet, Wolf Haldenstein Adler Freeman & Herz, a déposé trois recours contre Mary Meeker. Il entend démontrer que ses analyses sur e-Bay, Amazon.com et AOL Time Warner, «n'étaient pas fondées sur une analyse objective, mais sur le désir de décrocher ou de maintenir des liens d'affaires» avec ces entreprises. Henry Blodget a fait l'objet de plaintes similaires. Au début du mois, sa banque Merrill Lynch a même accepté de payer 400 000 dollars (448 000 euros) pour mettre fin aux poursuites d'un nigaud de pédiatre qui, sur la foi des conseils de Blodget, biaisés selon lui, avait perdu les 500 000 dollars (560 000 euros) mis de côté pour les études de sa fille. Face à ce tir groupé, les banques défendent – du moins jusque-là – leurs vedettes, tout en les dissuadant de trop apparaître en public.

«Mary Meeker est l'une des analystes les plus respectées. Ces accusations sont injustes, déplacées et sans base légale», a déclaré Morgan Stanley au début du mois. «Henry Blodget est un analyste de premier rang d'une absolue intégrité», avait auparavant déclaré une porte-parole de Merrill Lynch. De nombreux professionnels de la Bourse prennent la défense des analystes, en lesquels ils voient les «boucs émissaires». «Des millions d'Américains qui se sont rués sur le marché grâce à l'Internet ont perdu de l'argent, et ils en veulent à ceux qui sont le plus exposés dans les médias, commente ainsi le gestionnaire de fonds Sunil Vidyarthi (Value Sciences). Pourtant, ce n'est pas pour eux que les analystes travaillent, c'est pour les professionnels, des gens comme moi, qui achètent leurs études. Et, entre professionnels, les règles du jeu sont connues. Nous savons que la "muraille de Chine" (cloison déontologique censée séparer les activités d'analyse de celles de banque d'affaires) ne peut pas vraiment exister, que les analystes travaillent avant tout pour leur banque. Leurs analyses n'en sont pas moins intéressantes.» Pour Vidyarthi, «tout ce vacarme autour des analystes sera oublié dès que la Bourse repartira».

En attendant, le vacarme est de plus en plus assourdissant. L'enquête de la SEC risque de déboucher sur des poursuites et des sanctions. Neuf des plus grandes banques ont déjà été passées au peigne fin. Devant le Congrès, fin juillet, la présidente de la SEC, Laura Unger, 40 ans, a constaté des pratiques étranges : «De nombreux groupes paient leurs analystes en fonction des profits réalisés par les activités de banque d'affaires et, dans certains groupes, les banquiers d'affaires participent même à l'évaluation des analystes pour définir leurs revenus.» La SEC a épluché les comptes de 57 analystes. Et découvert qu'un quart d'entre eux ont acheté des actions d'entreprises avant leur introduction en Bourse, et les ont ensuite chaudement recommandées à l'achat. Plus grave, trois analystes ont empoché des centaines de milliers de dollars en vendant des actions qu'ils conseillaient d'acheter.

Certains témoignages, devant le Congrès, étaient dévastateurs. Celui de Ronald Glantz, par exemple, analyste pendant trente-deux ans dans diverses banques de Wall Street: «En 1997, a-t-il déclaré, une des plus grandes banques d'investissement m'a proposé de tripler ma paye. Ils se fichaient de la qualité de mes recommandations. Ils m'ont montré une liste de quinze noms et m'ont demandé: combien de temps vous faut-il pour publier des recommandations à l'achat sur ces clients potentiels? » Glantz estime que la «prostitution» de la profession a commencé dans les années 80, mais a pris sa pleine mesure «avec l'engouement pour les hautes technologies». L'heure est maintenant au retour de bâton. »

« Malversations comptables – L'ex-directeur financier de WorldCom risque 25 ans de prison » (AFP, Le Devoir.com, 29/8/2002)

« Scott Sullivan, ex-directeur financier de WorldCom, le groupe de télécoms en faillite après des malversations comptables de 7,1 milliards de dollars, a été inculpé formellement hier et risque 25 ans de prison et une amende de 2,25 millions de dollars, selon des documents de justice. Les chefs d'inculpations retenus contre Scott Sullivan, considéré comme l'un des principaux artisans des manipulations des livres de comptes de WorldCom, ont formellement été définis hier, et un juge désigné pour instruire l'affaire. Parallèlement, David Myers, ex-contrôleur de gestion de WorldCom, qui avait été brièvement écroué puis inculpé en même temps que M. Sullivan le 1er août, a accepté de collaborer avec les autorités judiciaires fédérales, selon des sources judiciaires. M. Meyers a renoncé à son droit de voir son inculpation examinée par une chambre de mise en accusation et accepté de plaider coupable des charges de fraudes retenues contre lui, a-t-on affirmé de mêmes sources (…) Les charges finalement retenues contre M. Sullivan comportent deux chefs d'inculpation distincts: fraude sur échanges de titres et falsification de documents remis à la Commission américaine des opérations de Bourse (SEC). »

« Poursuites contre Blodget de Merrill Lynch », (Dépêche d’agence, 01/2003)

 « L'ex-analyste de Merrill Lynch Henry Blodget a été averti par les autorités de régulation de la bourse américaine qu'il allait probablement être poursuivi notamment pour fraude, affirme samedi le New York Times. Les poursuites seraient engagées pour fraude et pour d'autres violations des règlements sur les actions, affirme le quotidien qui se réfère à un proche de l'enquête et un avocat. M. Blodget, l'un des analystes qui a le mieux incarné l'ascension et la chute des titres de l'Internet en bourse, a été averti au cours des dernières semaines de 2002 de possibles poursuites venant de l'association américaine des courtiers en Bourse (NASD), selon le New York Times. La NASD aurait dans le collimateur certains cas où M. Blodget a soutenu en public des compagnies qu'il dénigrait dans des e-mails à ses associés de Merrill Lynch.

Elle lui reprocherait également d'avoir été influencé dans ses rapports d'analyse par les banquiers d'investissement de Merrill Lynch, selon le quotidien. M. Blodget serait le second analyste de renom à faire l'objet de poursuites de la part de la NASD après l'analyste du secteur télécoms de la banque Salomon Smith Barney, Jack Grubman, ajoute le quotidien. Les grandes firmes d'investissement de Wall Street, accusées d'avoir trompé des millions de petits investisseurs avec des analyses financières biaisées, ont accepté le 20 décembre 2002 de payer la somme record de 1,4 milliards de dollars et de réformer en profondeur leurs méthodes de travail pour retrouver la confiance du public. »

« Reliant dans les pas d’Enron » (Nouvelle Solidarité, 5/2/2003)

« … Du côté des entreprises, Enron et d'autres groupes ont déjà démontré leur habileté à falsifier des profits et cacher des pertes, par des méthodes hautement « créatives ». Et l'on continue d'en découvrir de nouvelles. C'est ainsi que le courtier américain en énergie, Reliant, a admis début mai avoir participé à une énorme opération de transactions « round-trip » (aller-retour), par laquelle certaines sociétés se vendaient mutuellement des produits – au même prix et en même temps – juste pour doper leur chiffre d'affaires. Près de 20 % du chiffre d'affaires total de Reliant pour l'année dernière a été artificiellement gonflé de cette manière. Des transactions similaires ont été massivement utilisées par d'autres courtiers en énergie, comme CMS Energy, Xcel Energy, EnCana et Merchant Energy Group of the Americas.

La Stern School of Business de l'université de New York a publié une étude montrant qu'entre 1997 et 2001, le nombre d'entreprises ayant « redéclaré » leur état financier avait triplé, et que celles-ci faisaient à présent l'objet d'une enquête de la part de la SEC ou risquaient de l'être. « Redéclarer » son état financier signifie admettre que l'on a utilisé des méthodes comptables frauduleuses lors de la première déclaration. L'année dernière, 158 entreprises l'ont fait et l'on s'attend cette année à un chiffre bien plus élevé. »

« 47 courtiers de Wall Street poursuivis par la justice américaine pour des malversations diverses » (AFP, 19/11/2003)

« Plus de 1.000 victimes et des millions de dollars de préjudice : 47 courtiers de Wall Street sont poursuivis par la justice américaine (…) accusées d'avoir lésé "plus de 1.000 victimes", de petits investisseurs comme de grandes banques, entraînant des "millions" de dollars de pertes, a affirmé le procureur du district sud de la ville, James Comey.

 "Nous pensons que ces poursuites seront étendues pour nettoyer ce qui est devenue quelque part une culture de la corruption sur le marché des changes", a-t-il ajouté, soulignant toutefois "réaliser qu'il y a beaucoup à faire". "L'enquête a révélé un nombre impressionnant d'actes criminels par des gens travaillant dans et en marge du marché des changes", a souligné M. Comey. Ces inculpations font suite à une enquête du FBI, en coordination avec la Commission américaine des opérations de bourse (SEC), dans des salles de marché de change, consacrées aux échanges interbancaires de Wall Street. Sur les 47 courtiers poursuivis, 40 ont été placés en détention provisoire entre mardi soir et mercredi matin (…) Parmi les personnes interpellées, figurent trois employés de la maison de courtage ICAP, travaillant dans une de ses divisions américaines du New Jersey, et un courtier de la banque suisse UBS, selon ces entreprises (…)

Des employés de JP Morgan Chase, la Société Générale, UBS Warburg Dillon Reade, Dresdner Kleinwort Benson et la banque israélienne Discount Bank sont également impliqués, a précisé le procureur lors de sa conférence de presse. Tous occupaient des positions hiérarchiques diverses. Interrogée à New York, JP Morgan Chase s'est refusée à commenter l'information. Figure également au nombre des poursuivis un ancien responsable du comité des devises étrangères de la Réserve fédérale (Fed), a souligné M. Comey. Selon le procureur, les accusations comprennent le blanchiment d'argent sale, l'extorsion de fonds, la faillite frauduleuse, le trafic de stupéfiants et des infractions liées à des armes. Il a expliqué que le FBI avait "placé un agent sous couverture dans le monde du marché des changes, se faisant passer pour une personne malhonnête"…»« Alstom – Irrégularités comptables aux USA…» (Reuters, 30/6/2003)« Alstom annonce lundi avoir découvert des irrégularités comptables au sein d'une unité de sa filiale américaine Alstom Transportation Inc (ATI), qui se traduiront, pour l'exercice clos le 31 mars 2003, par une charge après impôt de 51 millions d'euros. Dans un communiqué, le groupe spécialisé dans les transports et l'énergie précise qu'il avait engagé un audit de l'unité de Hornell à la suite de réception, au début du mois, de courriers dénonçant des irrégularités sur un contrat de fourniture de matériel ferroviaire. "Cet audit, auquel participent des auditeurs et juristes extérieurs à l'entreprise, a identifié une sous-estimation importante des pertes telles qu'enregistrées dans les comptes d'ATI", poursuit Alstom. Le groupe ajoute que le directeur général et le directeur financier d'ATI ont été suspendus de leurs fonctions dans l'attente des résultats définitifs de l'audit. "Une charge additionnelle après impôt de 51 millions d'euros sera enregistrée dans les comptes d'ATI pour l'exercice clos le 31 mars 2003. Parallèlement, le P-DG d'Alstom va soumettre à l'approbation du conseil d'administration des modifications aux comptes consolidés pour l'exercice clos au 31 mars 2003, qui vont intégrer une charge additionnelle après impôt de 51 millions d'euros", déclare Alstom. Le groupe précise que la SEC (les autorités boursières américaines) et le FBI mènent déjà une enquête informelle sur cette affaire et souligne qu'il "coopère totalement avec ces autorités". »« USA/scandale des teneurs marché: cinq firmes vont payer 241,8 millions de dollars » (AFP, 30/03/2004)

« Le New York Stock Exchange (NYSE) et la Commission américaine des opérations de bourse (SEC) ont annoncé mardi que cinq teneurs de marché allaient payer un total de 241,8 millions de dollars d'amendes et de remboursements, après avoir été accusés d'avoir profité de leur position privilégiée sur le parquet pour s'enrichir personnellement. Les cinq firmes concernées, LaBranche and Co., premier teneur de marché de la bourse de New York, Fleet Specialist, le numéro trois du secteur, Bear Wagner, Spear Leads and Kellogg et Van der Moolen, vont également prendre des mesures pour améliorer leurs procédures d'application des règles et leurs systèmes, selon le communiqué conjoint de la SEC, gendarme des marchés boursiers, et du NYSE. Elles n'ont "ni admis ni nié les accusations", selon l'expression consacrée, a ajouté le communiqué (…) La SEC et le NYSE accusaient ces firmes d'avoir fait passer leurs ordres avant ceux de leurs clients, empêchant ces derniers de profiter du meilleur prix possible. Les transactions "ont soit été réalisées à des prix inférieurs, soit été complètement ignorées" pendant une période entre 1999 et 2003, affirmait l'enquête conjointe. L'enquête continue pour établir la responsabilité des courtiers individuels impliqués dans le scandale.

"Quand un spécialiste du marché prend illégalement avantage de sa position privilégiée en profitant d'opportunités de courtage qu'il devrait laisser aux clients, il sape fondamentalement le fonctionnement juste et ordonné du système des enchères de la bourse", a déclaré Stephen Cutler, responsable de la SEC, dans le communiqué (…) Par ailleurs, le NYSE pourrait maintenant se retrouver dans le collimateur de la SEC pour avoir échoué à faire respecter ses propres règles dans le cadre du scandale des teneurs de marché, rapporte mardi le Wall Street Journal. Les accusations de la SEC pourraient déclencher toute une gamme de sanctions, allant de la suspension temporaire à la révocation de l'autorité d'auto-réglementation de la bourse, selon le WSJ. Des sources proches du dossier soulignent que les commissaires de la SEC n'ont pas encore pris de décision finale et que le NYSE n'a pas été formellement informé qu'une telle plainte était imminente. Le NYSE fait déjà l'objet depuis la mi-décembre d'une plainte du fonds de retraite américain Calpers, le plus important des Etats-Unis, qui englobe également les teneurs de marché. »

« L'ancien pdg du conglomérat industriel Tyco, Dennis Kozlowski, a été reconnu hier coupable de vol, de fraude et de complot par un jury d'un tribunal new-yorkais » (dépêches AP et AFP, Le devoir.com, 18/06/05).

« L'ex-patron de Tyco, âgé de 58 ans, et son ex-directeur financier, Mark Swartz, 44 ans, ont été reconnus coupables de 22 des 23 chefs d'accusation qui pesaient sur eux, et risquent jusqu'à 25 ans de prison. Le rideau n'est toutefois pas encore tombé sur cette affaire. La peine doit être prononcée le 2 août et surtout les avocats des deux hommes ont indiqué, dès la sortie du tribunal, qu'ils allaient faire appel. Les deux hommes étaient accusés d'avoir détourné 600 millions de dollars américains des caisses du groupe entre 1999 et 2001, dont une bonne part à leurs fins personnelles.

En pleine vague de scandales, déclenchée fin 2001 par la faillite d'Enron, Dennis Kozlowski et Mark Swartz ont incarné le dirigeant cupide finançant son train de vie extravagant avec l'argent de l'entreprise, sans égard pour les employés ou les actionnaires. Selon l'accusation, ils se sont servis de Tyco comme d'une banque personnelle, au nez et à la barbe du comité de rémunération du conseil d'administration, pour s'octroyer des bonus indus et s'acheter appartements de luxe à New York, villégiatures dans les Rocheuses et yachts. Plus précisément, les anciens dirigeants étaient accusés de s'être enrichis de 600 millions $US grâce à des rémunérations et des primes non autorisées, en plus d'avoir abusé de programmes de prêts et d'avoir vendu à des prix gonflés des actions de leur entreprise en mentant au sujet de la situation financière de Tyco. »

« Le « délit d'initiés du siècle » relance le débat sur les hedge funds », (Isabelle Lesniak, New York, l'Expansion.com, 02/03/2007)

« La justice américaine et la SEC ont démantelé le plus vaste réseau de délits d'initiés de ces vingt dernières années. 13 employés des plus grandes banques de Wall Street ont été inculpés. La crise américaine de l'immobilier piège aussi les hedge funds. C'est, selon l'hebdomadaire Business Week, rien moins que « le délit d'initiés du siècle ». Jeudi, la justice américaine et la Commission des Opérations en Bourse (SEC) ont annoncé avoir démantelé le plus vaste réseau de délits d'initiés de ces vingt dernières années. «Aussi fort que l'affaire Ivan Boesky à la fin des années 80 », commente le magazine Forbes, en référence à l'ex-golden boy de Wall Street, condamné en 1987 à trois ans de prison et 100 millions de dollars d'amende pour sa participation à un scandale resté dans les annales. Sont impliqués dans le cas actuel treize employés de quatre des plus prestigieuses banques de Wall Street (UBS, Morgan Stanley, Banc of America et Bear Sterns) et de trois hedge funds (Lyford Cay Capital, Chelsey Capital, Q Capital Investment Partners), dont quatre ont déjà plaidé coupable. Ils risquent jusqu'à 25 ans de prison. Les employés des banques revendaient aux hedge funds, via des intermédiaires, des données confidentielles leur permettant de prendre des positions sur certains titres avant le grand public, puis de les revendre avec plus-value, une fois les informations officiellement annoncées. Ils auraient ainsi empoché plus de quinze millions de dollars. Ainsi, Mitchel Guttenberg (41 ans), responsable de la gestion des portefeuilles des clients institutionnels chez UBS, a-t-il gagné des centaines de milliers de dollars pendant quatre ans en informant ses contacts de centaines de changements de recommandations à venir sur certains titres, souvent via des textos codés.

En mai 2006, il annonçait encore une prochaine recommandation positive d'UBS sur Goldman Sachs à des traders qui ont pu acheter 7.300 actions de la société, et les revendre le lendemain avec 20.000 dollars de profit. Une autre inculpée, Randi Collotta (30 ans), ex-avocate chez Morgan Stanley, était à l'affût de toutes les informations de la banque sur les fusions à venir, comme l'offre d'achat finalement avortée de Johnson&Johnson sur Guidant ou encore l'acquisition de PacifiCare Health Systems par UnitedHealth dans les années 2004 et 2005. Son mari, également avocat, monnayait ces fuites auprès du réseau. L'enquête de la SEC n'aura finalement duré « que » six mois. Elle a été facilitée par les confidences de témoins directs, dont certains ont enregistré les conversations des employés au cœur du scandale. Les grandes maisons de Wall Street mises en cause ont aussi coopéré à l'investigation pour sauver leur réputation… « Des affaires comme celle-ci fournissent des arguments à tous ceux qui veulent mieux réglementer les hedge funds, comme le sénateur républicain de Pennsylvanie Arlen Specter», estime l'ex-conseiller général de la SEC David Becker. Ces derniers temps pourtant, l'état d'esprit était plutôt au laissez-faire. Patron de la SEC depuis un an, Christopher Cox semble avoir abandonné toute velléité de régulation contraignante. Et la semaine dernière, un groupe de travail conduit par Henry Paulson, le secrétaire au Trésor, jugeait superflues de nouvelles règles… »« 37 mois de prison pour des anciens NatWest dans l'affaire Enron » (Reuters, Houston, 22/02/2008)

« Trois banquiers britanniques, surnommé "les trois de NatWest, ont été condamnés vendredi par la justice américaine à trois années et un mois de prison chacun pour leur rôle dans l'affaire Enron. David Bermingham, Gary Mulgrew et Giles Darby étaient accusés d'avoir détourné 19 millions de dollars au détriment de la National Westminster Bank, ou NatWest, et d'avoir agi en complicité avec l'ancien directeur financier d'Enron Andrew Fastow. Les trois hommes avaient été inculpés en 2002 et arrêtés en 2004. Enron, premier courtier mondial avant sa chute en décembre 2001, avait déposé son bilan après la découverte de montages hors bilan utilisés pour dissimuler des dettes de plusieurs milliards de dollars. »

« Le Crédit suisse dans le collimateur de la justice américaine » (AP, 02/12/2008)

« Après l'UBS, c'est au tour du Crédit suisse de se trouver dans le collimateur de la justice américaine, selon le "New York Times" de mardi. Le journal croit savoir que le numéro deux de la place financière suisse ainsi que la banque britannique HSBC sont soupçonnés d'avoir aidé de riches clients américains à se soustraire au fisc. Le Crédit suisse et la banque britannique HSBC sont soupçonnés d'avoir transféré jusqu'à 30 milliards de dollars outre-mer pour permettre à leurs clients d'échapper au fisc américain, selon le quotidien new-yorkais. L'enquête contre les deux établissements aurait été ouverte en septembre dernier. A Zurich, Jan Vonder Mühl, porte-parole du Credit suisse, a déclaré que la banque n'avait pas connaissance d'une telle enquête.

Il a souligné qu'elle "respecte toutes les lois, les directives et les prescriptions en vigueur". Selon son porte-parole Donald McCarthy, la Britannique HSBC n'a également pas connaissance d'une enquête ouverte sur ses activités "off-shore" aux Etats-Unis. La banque n'a pas été contactée par la justice américaine, a-t-il affirmé. La banque est certaine d'avoir fait des affaires aux Etats-Unis dans le respect des prescriptions légales. La banque suisse concurrente, l'UBS, se trouve sous forte pression aux Etats-Unis dans ces affaires d'évasion fiscale. Elle s'est excusée publiquement devant une commission du Sénat et s'est retirée de toutes les affaires "off-shore" pour ses clients américains. Son responsable de la gestion de fortune dans le monde, Raoul Weil, a été formellement inculpé. Une demande d'entraide judiciaire des autorités fiscales américaines (IRS) déposée le 17 juillet dernier à Berne est en cours d'examen actuellement à l'Administration fédérale des contributions. »

Le comble du comble, a été la découverte en 2008 de la collusion entre les agences de rating (agences de notation chargée de la notation financière des agents économiques en fonction entre autres de leur solvabilité) et certaines entreprises dont elles dépendaient plus ou moins, et qu’elles surcotaient dans leurs appréciations (AAA, AA+…CCC) pour leur permettre d’avoir accès plus facilement aux marchés de capitaux. Mais cela ne date pas d’aujourd’hui, cette collusion a déjà été dénoncée par le passé :

« Les cabinets d’audit dans le collimateur de la SEC » (Financial Times, 1/1/2000)

« La commission américaine des opérations de Bourse (SEC) a indiqué que des personnels et des directeurs de PricewaterhouseCoopers détenaient des actions dans des sociétés dont ils certifiaient les comptes. Une pratique complètement interdite. « Pratiquement la moitié des associés de PricewaterhouseCoopers a reconnu avoir enfreint au moins une fois les règles d’indépendance » des commissaires aux comptes édictées par la SEC, par la profession et par les sociétés d’audit, révèle la SEC. Sur les 8.064 manquements aux règles de la profession relevés par la SEC, 17,4% sont à mettre au compte des directeurs de PricewaterhouseCoopers.

Ces puissantes officines qui notent les Etats (Le Monde Diplomatique, Février 1997). Une bonne note permet d’emprunter au moindre coût. Plus la note baisse, plus le taux d’intérêt augmente, car les investisseurs exigeront une prime de risque. Pour certains types d’établissements, un bon rating est vital.

Une banque mal notée se trouve automatiquement en position défavorable face à des concurrents mieux notés, qui paieront moins cher leurs fonds. De même, pour une compagnie d’assurances, dans la mesure où la note reflète la capacité de faire face aux engagements à l’égard des assurés, toute dégradation est de nature à susciter la méfiance des clients, et donc une baisse du chiffre d’affaires. Aux Etats-Unis, six agences – Standard and Poor’s, Moody’s, Fitch Investors Services, Duff and Phelps, Thomas BankWatch, IBCA – sont agréées par la Securities and Exchange Commission. Le marché de la notation est un duopole de fait, constitué par Standard and Poor’s, filiale de la maison d’édition McGraw Hill, dont l’origine remonte à 1860, et par Moody’s, filiale du groupe d’information financière Dun and Bradstreet, fondée en 1900. Ces deux sociétés jouissent d’une rente de situation puisqu’un nombre toujours croissant d’émissions doit être noté – au coût de 50 000 à 100 000 dollars par émission – et usent de méthodes musclées pour élargir leur emprise et éliminer leurs concurrentes. Moody’s est l’objet d’une enquête du ministère de la justice, pour concurrence déloyale, et d’un procès intenté par le district scolaire de Jefferson County dans l’Etat du Colorado. En 1993, cette collectivité, refusant de solliciter Moody’s, demanda à la petite agence Fitch Investors Services de noter son émission d’obligations. En réplique à l’affront, Moody’s décerna une note « non sollicitée », et bien entendu mauvaise, ce qui rendit l’émission impossible. Les agences de notation commettent de graves erreurs. En 1975, à la veille de sa mise en cessation de paiements, la ville de New York était encore bien notée. Plus récemment, à la suite de la faillite du comté d’Orange, Standard and Poor’s a été pris en défaut de vigilance et fait l’objet de nombreuses poursuites judiciaires. La notation des différentes formes de la « dette souveraine » d’un pays revient à noter le pays. Une mauvaise note ne signifie pas seulement un renchérissement du financement. A l’heure où emprunteurs privés et publics se livrent, à l’échelle mondiale, à une concurrence acharnée pour attirer les capitaux, elle peut aussi mener à l’étranglement financier d’un pays dont « les marchés » se méfient. »

Ce système financier international est non seulement corrompu mais pourri jusqu’à la moelle si on en juge par la dépêche de l’AFP et par la déclaration d’Arthur Andersen (qui sait de quoi il parle !) qui suivent, qui renforcent notre idée que personne n’est irréprochable et que certains sont loin d’être RESPECTABLES… 

« Les mœurs de la City » (AFP le 05/07/2003)

On pourrait aussi évoquer les mœurs de la City : « Injures, harcèlement, cocaïne, alcool, clubs de strip-tease et salaires extravagants : les mœurs très particulières des salles de marché de la City ont été disséquées pendant 15 jours lors d'un procès intenté par un employé d'une maison de courtage à Londres. Steven Horkulak, 39 ans, réclame 1,5 million de livres (2,1 millions d'euros) de dommages et intérêts à son ancien employeur, la maison de courtage américaine Cantor Fitzgerald. Cette somme couvre à peine le revenu qu'il aurait perçu pendant 18 mois s'il était resté chez Cantor, où il était chef du département produits dérivés sur les taux d'intérêt. Il accuse le directeur de la branche londonienne, Lee Amaitis, de l'avoir harcelé et humilié pendant six mois, couvert d'injures quotidiennement, jusqu'à le pousser à la démission en juin 2000… »

« L’origine du problème réside dans le manque d’intégrité de l’actuelle génération de dirigeants d’entreprise et dans les règles comptables » (Finanz und Wirtschaft, 29/6/02)

C’est la déclaration qu’ont fait Marcel Maglock et Peter Athanas, respectivement patrons des cabinets d’audit Ernst & Young Suisse et Andersen Suisse (deux des plus grands cabinets d’audit internationaux) dans une interview publiée le 29 juin 2002 par le journal suisse Finanz und Wirtschaft.

 CONCLUSION de John Kenneth Galbraith

Le plus brillant économiste du 20e siècle appelle à une « réforme approfondie du marché des capitaux. Car l'instabilité n'a pas toujours été de mise ! Des années 50 aux années 70, par exemple, on n'avait presque pas ce genre de problème. Il existait un système de régulation publique qui était assez fort. Depuis les années 90, on est revenu aux années 20, à la régulation par le marché, et l'on voit ce que cela donne : on va de bulles en bulles et de krach en krach ». 

« Reformer aujourd'hui », dit Galbraith « c'est un peu appliquer de la criminologie à l'économie » il faut d'abord disséquer les preuves, remonter les chaînes. « Comme dans le circuit de l'argent sale de la drogue, quelles sont les banques qui ont recyclé ou injecté des fonds dans des institutions douteuses ? Enquêter sur les agences de notation, qui, une fois, de plus, n'ont rien vu venir et ont validé l'état financier d'instruments spéculatifs frauduleux. Créer une autorité indépendante, une sorte d'agence sanitaire appliquée aux banques et aux crédits, pour éviter que se referment de tels pièges. »

A la question de savoir si ces crimes financiers peuvent être punis, Galbraith répond par l'affirmative revenant sur la crise des caisses d'épargne où les autorités ont poursuivi un millier de financiers. « Mais la vraie alternative », conclut Galbraith, « passe par un rééquilibrage où l'intérêt privé ne primerait plus sur l'intérêt public. Où la régulation se ferait au profit des particuliers, des petits consommateurs de produits financiers, et non plus des grands acteurs du marché. »

Enfin questionné sur les prévisions de l'ancien patron de la Réserve Fédérale, Greenspan qui prédit en 2008 « une crise économique virulente », Galbraith répond : « Il dit la vérité. Il n'est plus contraint, il ne déguise plus ses mots ».

        

7 réflexions sur « Affaire Madoff et crise économique 2009: les requins de la Finance sont « RESPECTABLES » »

  1. Les escros !
    Bonsoir Locussol Mascardi ,ouf quel article je pense un des plus long de l’année
    et alors très instructif ,je ne verré plus les tulipes de la même façon !
    je ne vais pas m’étendre sur tout les scandales de la finance mais s’il est vrai que
    l’argent n’a pas d’odeur la façon de le gérer de tout ses financés « pue les magouilles » depuis des siècles .Dans ses affaires les banquiers et tout ce qui touche a l’argent vont faire partie de personnes peu recommandable .
    Après un tel article vous avez bien mérité un bon repos ,alors très bonne Fêtes a vous et votre famille Laury 😛

  2. Il est grand temps de traquer et punir les criminels financiers au même titre que les autres malfaiteurs. >:(

    Excellente analyse, digne d’un professeur d’université. Franchement, je n’ai rien à y ajouter!!! Locussol Mascardi égal à lui-même. ;D

  3. Il y a quelqu’un qui a écrit : « La propriété , c’est le vol »
    à ce niveau là , je vais le croire !!!!

  4. LE-CAPITALISME-SURVIVRA-OU-LE-DEBUT-DU-CHAOS-???
    nous sommes tous frappers,par l’affaires madoff;qui n’est que le maillons de la chaine,cette terreur planetaire pour des lendemain difficil,le choc est ressenti dans les pays du sud,les danmes de la terre du 3e millenaire prient en otages,d’un capitalisme,fou,baser sur le libre echanges,et la deregulation avec,les matieres premieres;les pays du sud paient le prix fort a cette speculation sans frontiere,tel que le d’ecrit JEAN-ZIGLER-dans sont livre-L’EMPIRE-DE-LA-HONTE???le chaos hante le monde entier,les emeutes de la grece ne sont que les premices,a devenir de lendemain difficille;au moment des 60 ans des droit de l’homme,la frenesie de consentration de tant de capiteaux pour un petit nombres,la planette souffre,sujet a meditter

  5. Même Enrico passe à la moulinette : Selon l’un de ses avocats, Me Patrick Goergen, le chanteur français avait obtenu un prêt de la banque Landsbanki Luxembourg garanti par une propriété en France.L’avocat s’est refusé à fournir le montant exact du prêt, mais il a évoqué une valeur se montant « à plusieurs dizaines de millions d’euros ».Le prêt avait été consenti après une évaluation de la villa que le chanteur possède dans le sud de la France.

  6. CREDIT LYONNAIS –
    RACKET DES CONTRIBUABLES PAR L’UMP$ !
    1993 – Quasi-faillite notamment à cause
    d’investissements massifs (dont ceux faits
    par le truchement d’une filiale aux Pays-Bas)
    perdus dans la Metro-Goldwyn-Mayer.
    Un rapport parlementaire dénonce le système
    des avances et prêts à risques, notamment
    dans le domaine immobilier, qui anticipaient
    la plus-value envisagée sur ces opérations
    immobilières.
    5 mai 1996 – Incendie du siège central parisien,
    le siège social étant à Lyon. Le Crédit lyonnais
    sauve toutefois ses activités de marché grâce
    à une salle de marché de secours prête à
    fonctionner. Sérieux doutes sur le caractère
    « accidentel » du sinistre, en particulier du fait
    des multiples foyers et de l’incendie au Havre
    d’une partie des archives du groupe.
    1995 CDR est une structure de cantonnement et
    de défaisance qui a repris [b]28,3 milliards
    d’euros d’actifs du groupe Crédit lyonnais[/b]
    LES ACTIONNAIRES AUX ABONNÉS ABSENTS !!!!!!!!!!!!!!!
    LES CONTRIBUABLES : « PRESENTS MON GENERAL » !
    2013 – L’Etat va anticiper d’un an un emprunt de
    4,5 milliards d’euros sur les marchés financiers
    pour solder la dette issue du naufrage du Crédit
    Lyonnais.

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