L’Espagne, cause d’un lundi noir

 

Un véritable lundi noir, comme il y a un an. Le CAC40 a perdu 2,89%, et avec lui l’ensemble des bourses européennes ont perdu de 2 à 3%. Même les bourses américaines ont ouvert en baisse. C sont particulièrement les valeurs bancaires qui ont souffert, notamment AXA, la BNP Paribas et surtout le Crédit Agricole qui a perdu 5,4%. Après la Grèce l’été dernier, c’est au tour de l’Espagne d’affoler les marchés. Ils craignent de plus en plus que le pays soit contraint à demander lui aussi une aide internationale, après l’Irlande, le Portugal, la Grèce et Chypre. Le plan de soutien au secteur bancaire de 100 milliards d’euros validé vendredi par l’Eurogroupe n’a donc pas suffi pour rassurer les investisseurs. Les coûts d’emprunt à 10 ans ont dépassé les 7,5% aujourd’hui, un plus haut niveau depuis 1999. Même les rendements italiens ont dépassé les irlandais, une première depuis 2009. Et preuve que la contagion peut gagner toute la zone, les rendements français et allemands ont eux aussi grimpé.

Ce lundi, le gouvernement espagnol a annoncé un recul de 0,4% du PIB au deuxième trimestre, après une baisse de 0,3% les deux trimestres précédents. De plus, les régions appellent chacune leur tour à l’aide Madrid qui va se retrouver débordé par les besoins de financement de ses régions. Le nouveau fonds, doté de 18 milliards d’euros, ne va tenir longtemps puisque leurs besoins de financement sont estimés à 19 milliards d’euros d’ici la fin 2012. L’Espagne compte 17 régions autonomes, dont 12 sont très endettées. C’est particulièrement le cas de la Catalogne et de la communauté de Valence. Les régions représentent plus de la moitié des dépenses publiques et gèrent indépendamment les budgets de l’éducation, de la santé, du développement économique ou encore de l’emploi. Elles sont responsables des deux tiers du déficit public.

L’Espagne refuse toujours une aide internationale malgré une grogne sociale qui monte toujours de plus en plus après l’annonce, il y a quelques jours, d’un nouveau plan d’austérité, censé rapporter 65 milliards d’euros d’ici à la fin 2014. Le plan prévoit hausse de la TVA, création de péages, taxation accrue sur l’énergie, baisse des allocations chômage, baisse du traitement des fonctionnaires, ou encore coupes dans les dépenses de fonctionnement.

 

Ventes à découvert interdites en Espagne et en Italie

 

Les ventes à découvert seront limitées voire interdites pour une durée de trois mois en Espagne, et au moins jusqu’à vendredi en Italie, mais uniquement sur les valeurs bancaires et d’assurance. L’objectif est d’atténuer la spéculation à la baisse sur les valeurs cotées. Cette décision a eu pour effet immédiat d’accentuer les chutes, mêmes si les bourses se sont relevées en fin de séance, voire même dans le vert pour les valeurs bancaires espagnoles. Beaucoup contestent cette décision, comme l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) en France. Certains spécialistes craignent que cela freine encore plus l’envie des investisseurs de courir vers des actifs à risque ou encore que cela entraine une spéculation sur le fait que les régulateurs, qui protègent par conséquent leurs valeurs, détiennent des informations que ne possède pas le marché. La vente à découvert consiste à vendre un actif que l’on ne possède pas au moment de la transaction, mais dans laquelle le vendeur s’engage à livrer cet actif à une date déterminée. Si la valeur de l’actif baisse avant la livraison, le vendeur réalise une plus-value. Au contraire, si elle monte (et la hausse peut être très importante), le vendeur perd de l’argent. Les ventes à découvert favorisent la liquidité du marché, mais aggravent les crises boursières en créant souvent un effet de panique à la baisse.

 

 

Toyota au secours de Peugeot

 

Philippe Varin était reçu ce lundi à Matignon par le premier ministre Jean-Marc Ayrault. Le président du directoire de PSA s’est engagé à ce qu’il n’y ait pas de licenciements secs, après l’annonce de la suppression de 8 000 emplois en France, et la fermeture du site d’Aulnay sous Bois. Le même jour, Toyota et PSA ont signé un accord de coopération concernant les véhicules utilitaires fabriqués sur le site de Sevelnord, dans le nord de la France. Ces véhicules seront achetés par le constructeur japonais avant d’être vendus sous sa propre marque. Les premiers véhicules sortiront de l’usine à partir du deuxième trimestre 2013. Les salariés sont soulagés, le site étant souvent visé pour sa surproduction. Mais c’est toute la compétitivité du site qui est en question entre les dirigeants et les organisations syndicales et un accord serait tout proche de déboucher.

Cet accord prévoit aussi une collaboration pour la conception de la prochaine génération de véhicules, sans prise quelconque de participation ni production commune. Cette collaboration pourrait durer jusqu’en 2020, au moins. Une aide publique serait aussi à l’étude.