Mario Draghi déçoit les marchés

Alors que ses déclarations les avaient calmés la semaine dernière, Mario Draghi a cette fois-ci enflammé les marchés en restant vague sur les modalités d’une aide pour les pays en difficulté. Le président de la Banque Centrale Européenne (BCE) a affirmé son désir de tout faire pour sauver l’euro et il a d’ailleurs confirmé que le programme de rachat d’actifs reprendrait, mais pas avant septembre. Il souhaite en effet que les gouvernements prennent leurs responsabilités en demandant l’aide des mécanismes de soutien (FESF puis MES) en contrepartie d’une discipline budgétaire plus stricte. Pour lui, la politique monétaire ne sera pas suffisante pour enrayer la crise de la dette. Il a par ailleurs appuyé la position allemande à propos de l’octroi éventuel d’une licence bancaire au MES, qui remplacera le FESF à la rentrée. Cette licence permettrait au fonds de se financer auprès de la BCE et d’ainsi élargir sa force de frappe sur les marchés. Pour Mario Draghi, cette disposition est contraire aux traités. Cela reviendrait à du financement direct aux Etats, ce que les statuts de la BCE lui interdisent. Pourtant c’est ce que fait la BCE en achetant de la dette sur les marchés. Pour que cela passe plus inaperçu, elle retire des liquidités d’un montant équivalent, pour notamment éviter l’impact d’une telle action sur l’inflation. 

Ce discours de Mario Draghi, très attendu, a énormément déçu les marchés. Toutes les bourses européennes ont plongé, Madrid accusant un recul de 5%. Le CAC40 a perdu 2,48%. Les taux italiens ont une nouvelle fois dépassé les 6%, et les rendements espagnols ont franchi le seuil des 7%. 

 

La BCE a laissé ses taux directeurs inchangés. Le taux de refinancement reste à 0,75%, le taux de facilité à 0% et le taux de prêt marginal à 1,5%.

 

 

Statu quo aux Etats-Unis

 

Un peu à l’image de la BCE, la Fed (la banque centrale américaine) a laissé ses taux inchangés et n’a pas annoncé un nouveau cycle d’assouplissement quantitatif (QE) comme l’espéraient les investisseurs. Son taux directeur restera ainsi entre 0 et 0,25% jusqu’à fin 2014 au moins. Le programme Twist qui devait prendre fin en juin sera bel et bien prolongé. Ce programme consiste à vendre des bons du Trésor à court terme pour acheter des titres de dette de plus long terme dans le but de pousser à la baisse les taux de log terme en particulièrement les taux immobiliers. Mais beaucoup de spécialistes estiment que les taux sont déjà suffisamment bas et que le marché du crédit immobilier souffre davantage d’une faible demande que de taux trop élevés. La Fed a néanmoins reconnu que l’économie américaine ralentissait et n’a pas exclu un nouveau QE dans un avenir proche. Le PIB américain n’a progressé que de 1,5% en rythme annuel au deuxième trimestre et le chômage atteint 8,2% de la population active.

 

 

La BNP en confiance pour 2012

 

BNP Paribas a annoncé sa confiance pour la fin de l’année 2012 après des résultats encourageants au premier semestre et des couts de restructuration en baisse par rapport aux prévisions. Comme toutes les banques, l’établissement français est engagé dans des plans de réduction de bilan et de restructuration de ses activités de financement. L’Autorité Bancaire Européenne a fixé un objectif de fonds propres en dur (appelé ratio core Tier one) de 9%. Fin juin celui de la BNP atteignait 10,9%, soit bien au-delà du ratio prudentiel. La banque a également annoncé que les coûts liés aux cessions dans son portefeuille de crédit pour réduire la taille de son bilan ne s’élevaient qu’à 400 millions d’euros, soit deux fois moins que prévu. Le coût du crédit, c’est-à-dire le montant des provisions destinées à couvrir les pertes de crédit, est resté globalement stable, mais en tenant compte des provisions sur la dette grecque réalisées l’an passé, il progresse de 4,5%. Le bénéfice net de la BNP Paribas s’élève à 1,85 milliard d’euros pour le deuxième trimestre 2012 en baisse de 13,2% par rapport à l’année dernière.