Les banques craignent la réforme de l’épargne 

C’est l’une des promesses de François Hollande. Le candidat socialiste veut utiliser l’épargne des Français au profit de la création de logements sociaux et du financement des PME et des entreprises innovantes. Pour cela, il doublera le plafond du Livret A qui passerait de 15 300 euros à 30 600 euros, et celui du Livret de Développement Durable, de 6 000 à 12 000 euros. Les deux livrets sont actuellement rémunérés à 2,25%. Le LDD serait transformé en Livret Epargne-Industrie pour sa nouvelle fonction. Cette réforme ne peut être que bien vue de la part des consommateurs, mais beaucoup moins du côté des banques. Ces dernières craignent de voir des pans entiers d’épargne quitter leur bilan pour se diriger vers la Caisse des Dépôts et Conciliations (CDC) qui centralise l’ensemble de l’épargne réglementée en France. Cette épargne réglementée, qui vient en grande majorité du Livret A, est collectée par les réseaux bancaires puis centralisée à la CDC, en l’échange d’une commission versée aux établissements bancaires. Les fonds collectés servent à financer des projets de logement social, d’infrastructures et d’autres projets publics. Au-delà du logement social et du marché des dépôts, les banques ont surtout la frayeur que les financements des grands projets soient confiés à une banque publique. La CDC est d’ailleurs déjà mobilisée pour le projet de la ligne à grande vitesse (LGV) entre Tours et Bordeaux. Il s’agit d’un investissement d’environ 7 milliards d’euros. Déjà sûrement privées des projets de long terme en raison des règles prudentielles de Bâle III qui leur imposent des ratios de fonds propres élevés (10%), les banques ne veulent pas perdre d’autres marchés. La crise de la zone euro les fragile toujours un peu plus, et le bank run, phénomène de panique bancaire, peut les faire frémir. Les retraits bancaires explosent dans toute l’Europe.

 

L’Espagne s’attaque au secteur bancaire

Les difficultés des banques espagnoles ne sont plus un secret pour personne. Avec le déficit des régions, c’est la principale cause des problèmes des finances publiques du pays. L’Espagne a ainsi lancé un audit indépendant de ses banques pour déterminer avec précision l’étendue des créances douteuses et des actifs immobiliers de ces dernières, le but étant de connaître le montant des capitaux nécessaires à leur recapitalisation. Le taux de créances douteuses dans les portefeuilles de prêts des banques espagnoles s’élève à 8,37%, son niveau le plus important depuis août 1994 !  La banque qui inquiète le plus est Bankia, nationalisée la semaine dernière, et pour laquelle une inspection des comptes a été demandé à Goldman Sachs. Selon certaines sources, il faudrait 8 milliards de plus à Bankia que les 10 milliards nécessaires pour couvrir ses pertes sur les actifs immobiliers. En voyage officiel aux Etats-Unis, François Hollande s’est déclaré favorable à une recapitalisation des banques espagnoles, même si celle-ci devait se faire avec l’aide de mécanisme de solidarité européenne.

Outre la régulation du secteur bancaire, le deuxième problème de l’Espagne est le déficit de ses régions. Trois des 17 régions ont annoncé vendredi connaître un déficit en fin 2011 plus important que les prévisions. C’est le cas de celle de Madrid, la deuxième du pays, qui avec un déficit de 2,2% du PIB n’a pas rempli son objectif (1,13%). Idem pour Valence (4,5% au lieu de 3,78% annoncés). Castille et Leon sont aussi dans le même cas. Le déficit public de l’Espagne est de 8,3% fin 2011, bien loin des 6% initialement promis. L’objectif est de le ramener à 5,3% du PIB fin 2012. Hier, le gouvernement Rajoy a réussi à obtenir des régions autonomes des économies de dépenses de 13 milliards d’euros et d’une augmentation des recettes de l’ordre de 5 milliards.