Actualité économique du 14 février

 

 

 

Moody’s pourrait abaisser la note de la France

 

Lundi soir, l’agence de notation Moody’s a décidé de placer la note de la France, de la Grande Bretagne et de l’Autriche en perspective négative. Elle a également annoncé l’abaissement de celle de l’Italie, l’Espagne (deux crans), Portugal, Slovénie, Slovaquie et Malte. Malgré les efforts qu’elle reconnaît, elle pense que la France, souvent considérée comme une mauvaise élève concernant les déficits publics, ne pourra pas inverser la trajectoire négative de sa dette. Les aides qu’elle pourrait fournir à d’autres pays européens mais aussi à son propre système bancaire devraient alourdir une facture déjà bien salée. Standard & Poor’s avait décidé en janvier dernier de retirer à la France le AAa, ce qui n’avait pas eu de grosses conséquences sur les marchés. Au contraire de ce qui était attendu, les adjudications se sont très bien déroulées avec des rendements en baisse et des ratios de couverture en hausse, un phénomène qui ne concerne pas que la France mais aussi l’Italie et l’Espagne. Une mauvaise nouvelle venant de Moody’s ne serait pas catastrophique, les investisseurs n’étant pas obligés de lâcher leurs titres de dette. Les nombreuses contraintes des gérants ne sont imposées que par des règlements internes mais en aucun cas par les régulateurs. Les gérants doivent notamment détenir un pourcentage élevé d’actifs notés AAA. Et ce type d’actifs va devenir rare, étant donné le déclassement en cascade auquel se livrent les agences de notations. Un assouplissement des règles serait alors la solution.

 

Peu de risques que la Grande Bretagne perde son AAA

 

Malgré la décision de Moody’s de la placer en perspective négative, estimant que l’économie du pays ne pourrait pas faire face à une crise majeure, la note de l’Angleterre ne devrait pas subir une dégradation de si tôt. Les analystes estiment à 27,5% la probabilité qu’elle perde son AAA.  Il faut dire que le pays bénéficie d’un statut de privilégiée sur les marchés avec des taux de financement très bas alors que son déficit est beaucoup plus important que celui de la France par exemple. L’Angleterre vise 8,4% du PIB pour l’exercice 2011-2012 alors que la France vise 4,5%. Plusieurs raisons expliquent cela. D’abord, la maturité de la dette anglaise, en moyenne de 14 ans, est beaucoup plus longue que celle de la plupart des pays, grâce notamment à l’importance des investisseurs locaux et à la volonté de la Banque Centrale de mener une politique monétaire adéquate. La Banque d’Angleterre joue d’ailleurs un rôle prépondérant. La semaine dernière par exemple, elle a augmenté de 50 milliards de livres son programme de rachats d’actifs. Moody’s avoue d’ailleurs que la probabilité que la dette anglaise ne trouve pas acquéreur était très faible.

 

Des sanctions contre Madrid ?

 

La Commission Européenne envisage des sanctions contre Madrid. Elle accuse le nouveau gouvernement de Mariano Rajoy d’avoir volontairement surestimé le déficit de 2011 pour embellir les prévisions pour 2012. Les chiffres sont éloquents. Alors que le gouvernement prévoit au moins 8% de déficit, la Commission Européenne et Eurostat, l’organisme qui publie les statistiques des pays européens, l’évaluent entre 6,6 et 7% du PIB. L’Europe reproche aussi à l’Espagne de retarder la mise en place des réforme d’austérité à juin prochain, le pays préférant attendre les élections en Andalousie. Le pays prévoit par ailleurs un déficit budgétaire à 4,4% du PIB mais avec en parallèle une croissance de 2,3% alors que la Banque d’Espagne anticipe une contraction de 1,5%, une sacrée différence… Vingt-trois des vingt-sept pays de l’UE ont un déficit supérieur à 3% mais la La sanction prendrait tout de même la forme d’une amende de 0,1% du PIB.

 

L’économie grecque s’effondre encore

 

Le PIB grec s’est contracté de 7% au quatrième trimestre 2011 après une baisse déjà significative de 5% au trimestre précédent. Sur l’ensemble de l’année 2011, l’économie grecque a connu une baisse de 6,8%, bien au-dessus des estimations prévues, entre 5,5 et 6%. La Grèce entre actuellement dans sa cinquième année de récession et un retour à une croissance positive n’est pas envisagée avant mi-2013. Les mesures d’austérité ont pesé lourd dans les comptes, une politique budgétaire restrictive ayant pour conséquence logique une baisse de la demande et de la production. De nouvelles mesures, adoptées dimanche au parlement, prévoient des économies de 3,3 milliards d’euros et 325 millions de suppléments sont demandés par les bailleurs de fonds en échange d’un deuxième plan d’aide de 130 milliards d’euros, permettant à la Grèce d’éviter un défaut de paiement le 20 mars prochain. Athènes s’attend à une nouvelle baisse de son PIB de l’ordre de 4 à 5%.