L'accrochage entre le roi d'Espagne Juan Carlos et le président vénézulien Hugo Chavez à été le fait le plus marquant lors du XVIII sommet Ibéro-Américain. Rappelons tout d'abord qu'il s'agit d'un fait sans précédent lors d'une assemblée dans laquelle les pays membres ( pays incluants la péninsule ibérique ainsi que tous les pays latino américains ) discutent et mettent en place divers projets ayant pour but de favoriser la coopération et le développement.
Pour en venir aux faits. M. Zapatero, actuel chef du gouvernement espagnol, laissant entendre son désaccord face aux propos du président Chavez qui avait qualifié un peu plus tôt l'ancien premier ministre espagnol M. Jose Maria Aznar de fasciste et l'accusant d'avoir appuyé le coup d'état de 2002 dont il fut lui même la cible, vit se dernier tenter d'expliquer ses propos en lui coupant abruptement la parole. Le ton monta et bien que l'ambiance restait courtoise mais ferme, le roi Juan Carlos présent aux côtés du premier ministre espagnol, ordonna à M. Chavez de "se taire" par deux fois, injonctions auxquelles M. Chavez ne s'exécuta aucunement, provoquant la colère et le départ soudain du souverain espagnol.
Soulignons l'incroyable perte de sang froid du plus haut mandataire de la couronne espagnole connu pour son flegme "quasi britannique". Admirable comportement de M. Zapatero qui bien que visiblement énervé, s'adressa à M. Chavez ainsi qu'à l'assemblée sur un ton serein et mesuré et finit par apaiser les esprits en signifiant qu'il était possible de marquer son profond désaccord tout en respectant son tour et ceci dans les règles instaurées par la courtoisie et "l'esprit d'un état démocratique".
Hugo Chavez, s'expliquant un peu plus tard face à l'assemblée, réitéra qu'il ne voulait aucunement blesser la sensibilité du gouvernement espagnol actuel et s'adressa en des termes amicaux vis à vis de Jose Luis Zapatero assurant que ces propos étaient destinés personnellement à M. Aznar.
Marquant la fin du sommet, d'autres délégations ne mâchèrent pas leurs mots et bien que plus pondérées, les interventions fortement applaudies du président du Nicaragua M. Daniel Ortega et le vice-président cubain M. Carlos Lage critiquèrent l'action du gouvernement espagnol par le passé.
La puissance et la liberté d'action que lui permettent les revenus du pétrole, mais aussi le capital sympathie dont il bénéficie au sein des secteurs populaires de la société latino-américaine qui voient en lui et en ses réformes sociales, l'héritier de Simon Bolivar (héros national vénézuélien qui combattit le pouvoir de la métropole espagnole et dont le rêve d'une Amérique unie fût inachevé) font que le président Chavez se présente de plus en plus comme l'homme fort de cette Amérique latine. Celui-ci n'est pas seul, et l'incident d'aujourd'hui révèle qu'il compte à ses côtés plusieurs alliés et sympathisants.
De plus et fait inédit en Amérique latine, qu'il s'agisse de Chavez, Morales ou bien Correa, ces chefs d'état ont la particularité de porter en eux et de revendiquer leurs traits d'appartenance à une Amérique indigène ou noire, trop longtemps oubliée et très souvent meurtrie par plus de 350 ans d'une colonisation dont toute l'Amérique porte encore les stigmates.
Il va sans dire que les classes les plus aisées de la société latino-américaine, à grande majorité blanche, ne voient pas d'un bon oeil ce président agitateur, qui préconise la répartition des richesses générées par le pétrole, la réforme agraire si nécessaire à une Amérique latine gangrénée par l'exode rurale et tous les problèmes qui en découlent et qui de plus, revendique ses origines ou son appartenance à l'Amérique latine populaire et métisse.
Alors qu'aujourd'hui Hugo Chavez réussisse à faire sortir de ses gonds le plus haut représentant de la couronne, symbole de la toute puissance de l'ancienne métropole espagnole … bien plus qu'une répercussion politique ou diplomatique peu probable, cette querelle qui peut paraitre aux yeux de certains comme un vulgaire incident motivé par le tempérament hispanique des protagonistes, prend ici une valeur hautement symbolique.
A suivre…
Pour ceux qui comprennent l’espagnol: El rey mostro la hilacha.
Je sais pas trop ce que tu veux dire avec « El rey mostro la hilacha ».
Pour moi, c’est juste « se le calentó la boca », c’est à dire que sa bouche s’est chauffé…
Chercher d’autre interpretation aux paroles du roi est du domaine de la sience-fiction.