Suite de : Accident nucléaire de Fukushima ou quand la connerie humaine produit des catastrophes en chaine…

L’ampleur de la catastrophe de la côte Pacifique du Tōhoku qui a frappé, suite à un tremblement de terre de magnitude 9.0, l’île de Honshu, ne peut que surprendre d’autant que le Japon, un pays confronté aux risques naturels, – séismes, tsunamis, volcanisme et typhons -, ayant mis l’accent sur une stratégie qui vise à augmenter la résistance, – autrement dit à diminuer sa vulnérabilité -, s’illustre par le développement de la construction parasismique, des normes anti-sismiques, des digues et des aménagements anti-tsunamis, des améliorations coûteuses qui paraissaient, jusqu’à 14 heures 46 minutes 23 secondes, heure locale, le 11 Mars 2011, comparées, pour autant possible que soit, aux conséquences désastreuses des séismes du 12 Janvier 2010 en Haïti, de magnitude 7.0 à 7.3, et du 26 Décembre 2004, dans l’océan Indien, magnitude 9.1 à 9.3, s’avérer efficaces.

Parallèlement le Japon cultive, avec l’apprentissage permanent tendant à préparer les populations aux risques, le concept polyséismique de résilience qui, depuis, au plan mondial, pour ses performances intrinsèques, a été inclus dans l’indicateur « Vulnerability, Exposure, Sensiblity et Resilience » du Pacific Disaster Center. Conséquemment, appliquant une protection optimale en matière de risques naturels, et se devant d’être résistant et résilient, – plus un système est résilient moins il est vulnérable -, ce pays a investi et investit énormément dans la prévention des risques sismiques.

11mars2011.jpgLe Japon possédant les normes anti-sismiques les plus rigoureuses au monde, – ductilité des bâtiments de géométrie simple, de forme compacte et équilibrée par rapport à la longueur et à la largeur, de charge homogène d’un étage sur l’autre et de structure alliant béton spécial, acier et métal… -, et un système d’alerte très performant face aux séismes et tsunamis conduisant automatiquement à l’arrêt des centrales nucléaires et des trains à grande vitesse, et appliquant des règles de sécurité, d’étanchéité à l’air, d’élasticité, – les murs devant plier sans se rompre -, et, dans un concept global sécuritaire, de résistance aux séismes majeurs, très drastiques pour les centrales nucléaires et les usines de produits chimiques ou les centrales nucléaires, en lui-même, le séisme de la côte Pacifique du Tōhoku, pourtant de magnitude 9.0, grâce à la qualité des constructions parasismiques japonaises, n’est responsable que d’un nombre excessivement restreint de victimes et de dégâts.

Et, contrairement aux supputations émises et avancées, en toute incongruité, sur les origines de la catastrophe nucléaire de Fukushima, les centrales nucléaires nippones, certes ébranlées par le choc sismique mais ni ne se fissurant ni ne se rompant, ont bien résisté aux conséquences perverses du séisme. Même l’observation d’émissions de xénon, – certains de ses radioisotopes tels le Xe 131m, le Xe 133, le Xe 133m ou le Xe 135, comptant parmi les produit de fission de la réaction qui a lieu dans une explosion de bombe atomique ou dans un réacteur nucléaire thermique à fission, a, dans certains contextes, une valeur de radioindicateur -, avant même la première dépressurisation volontario-accidentelle du premier réacteur, « indiquant des dommages structurels probables dans la partie nucléaire des installations », mais survenue bien après le passage du tsunami, a été imputée, par le fait que des âmes malveillantes ont usité du qualificatif « immédiatement après le séisme », aux effets liés à celui-ci. En outre, le système d’alerte, consécutivement au séisme, a provoqué l’arrêt automatique des réacteurs en service et, concomitamment, déclenché la mise en route des groupes électrogènes pour compenser la perte de l’alimentation électrique.


Décorticage du séisme de la côte Pacifique du Tōhoku du 11 Mars 2011.


11mars2011 1.jpgLe séisme de magnitude initiale Mw 7.9, revue et recalculée Mw 9.0, – 8.9 à 9.1 selon les estimations de l’USGS, de Géoazur, du CSEM, de GFZ, de la Japan Meteorological Agency ou d’Earthquake Research Institute University de Tokyo… -, a eu lieu au large de la côte orientale de l’île japonaise de Honshu, le vendredi 11 Mars 2011 à 05 h 46 Temps Universel, 14 h 46 heure locale. Il s’agit d’un des séismes les plus puissants enregistrés depuis 1900, – 04 Novembre 1952, Kamtchatka, Russie, magnitude 9.0 ; 22 Mai 1960, Valdivia, Chili, magnitude 9.5 ; 27 Mars 1964, Alaska, États-Unis, magnitude 9.2 ; 26 Décembre 2004, Sumatra-Andaman, Inde-Indonésie, magnitude 9.4 -, et le plus fort identifié, instrumentalement, au Japon. Son épicentre se situe à 130 kilomètres à l’Est de Sendai, 1 million d’habitants, chef-lieu de la préfecture de Miyagi, et à environ 350 kilomètres au Nord-Nord-Est de Tokyo, 13 millions d’habitants, capitale du Japon.

Un séisme précurseur, de magnitude Mw 7.2 s’était produit à environ 40 kilomètres de distance de la secousse principale, accompagné le même jour par trois secousses de magnitude supérieure à 6.0. Un autre séisme de magnitude identique, très proche également géographiquement s’était produit le 16 Août 2005 et un précédent, le 26 Mai 2003, de magnitude 7.0 qui avait fait une centaine de blessés et causé d’importants dommages.

Le choc principal a été suivi d’une kyrielle de répliques, dont 1 de magnitude Mw 6.8, 30 minutes après, 1 de magnitude Mw 7.1 le 12 Mars 2011 et 1a autres de magnitude supérieure à 6.0. Ces répliques, préfigurant une rupture en accord avec une durée du séisme d’environ 3 minutes, se sont majoritairement étendues vers le Sud, sur une une distance d’environ 500 kilomètres le long de la fosse du Japon. Tous ces séismes résultent d’un chevauchement et suggèrent que la déformation cosismique de la faille, concentrée sur une à trois aspérités de blocage, – en interaction avec les chaînes volcaniques sous marines, Kashima, Asama Yama…, engagées sous la marge –, ayant rompu simultanément, a été conséquente et proche, voire supérieure, de 25 mètres. Le déplacement cosismique en surface, à terre, marquant le rebond élastique de la plaque Okhotsk située au dessus de la zone de subduction, a atteint des valeurs de 4 mètres de déplacement horizontal et de 0,70 mètre de subsidence verticale sur la côte Est de Honshu., des déplacements cosismiques s’atténuant au Nord et au Sud de la zone de rupture.

11mars2011 2.jpgOutre le séisme de la côte Pacifique du Tōhoku, du 11 Mars 2011, le dernier grand séisme connu, au large de la côte orientale de l’île de Honshu, est le tremblement de terre de 1677, de magnitude estimée 8.7/8,8, voire égale ou supérieure à 9,0, qui avait provoqué un tsunami important. Depuis 1611, ce sont plus de 15 séismes, associés à des tsunamis meurtriers, qui sont recensés, dont ceux de Meiji-Sanriku, magnitude estimée 8.5, du 15 Juin 1896 , 22.000 victimes et de Sanriku, magnitude estimée 8.4, du 02 Mars 1933, 3.000 victimes. Le long de la côte Est de l’île Honshu, la plaque Pacifique est subductée, sous la plaque Okhotsk, dans la fosse du Japon, à une vitesse relative de 8/9 centimètres par an. De plus, dite fosse de subduction, comme celle de Nankai, se caractérise par la production de séismes lents n’excluant pas l’occurrence de séismes majeurs. En un tel cas, le tremblement de terre de 1677, son étude d’impact le classifiant semblable à celui du 11 Mars 2011, cela ferait un temps de retour de 334 ans qu’il ne s’était pas produit d’aléa sismique majeur le long de cette partie de la subduction de 500 kilomètres, un temps de retour générant un déficit de glissement de 27 à 31 mètres largement supérieur au glissement observé dans le séisme de la côte Pacifique du Tōhoku, du 11 Mars 2011.

 

A suivre :   « Décorticage du tsunami généré par le séisme de Tōhoku, du 11 Mars 2011 »« A Fukushima, énormes inquiétudes autour des réacteurs 1, 2, 3 et 4 » et « Reprise de la vie autour de Fukushima. »

 

30 Juillet 2013 © Raymond Matabosch