Classer une vigne « monument historique », quel intérêt ?

 C’est vrai qu’on n’y pense pas de prime abord, il y a tant de vieilles pierres à sauvegarder des ravages du temps qu’on se demande bien à quoi pourra servir le classement de 4000 mètres-carrés de vigne dans le fin fond du Sud-Ouest. Vous connaissez Sarragachies ? Moi je n’en ai jamais entendu parler et guère plus le terroir de Saint-Mont, obscur VDQS à l’ouest du département du Gers. En plus, n’espérez pas boire un jour le vin de cette vigne, ne serait-ce que par curiosité. La diversité des cépages ne permet pas de produire de vin.

Et pourtant, cette décision est moins inutile qu’il n’y parait. En effet, cette parcelle de ceps datant du XIXème siècle est intéressante à plus d’un titre. Certains pieds auraient parait-il presque 200 ans.

Tout d’abord, ce sont des ceps « francs de pied », 600 pieds non greffés, ce qui très rare en France : le phylloxéra ayant détruit la quasi-totalité du vignoble français à la fin du 19ème siècle, il n’existe plus guère de vignes françaises de souche. Même si quelques vignerons audacieux font le pari d’en replanter, notamment en Val de Loire, c’est anecdotique. Il semble que ce soit la nature du terrain sablonneux qui ait préservé les ceps des méfaits du « pou de la vigne». En fait, cette parcelle est un lieu de mémoire végétale par sa biodiversité et son patrimoine génétique, car on n’y dénombre pas moins d’une vingtaine de cépages différents dont sept sont uniques au monde. C’est un petit miracle que cette vigne ait si bien traversé les siècles, grâce au bon soin de générations de viticulteurs attentionnés. Le but du classement est donc de continuer à entretenir cette vigne exceptionnelle qui ne manquera pas d’intéresser des scientifiques.

Et puis, si ce classement pouvait mettre en lumière les vignerons de Saint-Mont dont les flacons sont déclinés dans les trois couleurs, ce serait justice. Le cépage principal ici est le tannat, comme à Madiran. Les vins blancs sont élaborés à partir de cépages rares tels que l’Arrufiac, le Petit Courbu et le Gros Manseng. Si l’on en croit le guide Hachette, certains vignerons valent vraiment le détour.

Source : ladepeche.fr

5 réflexions sur « Classer une vigne « monument historique », quel intérêt ? »

  1. je l’ai signalé ce matin dans les nouvelles du 30 juillet sur « Rédaction C4N » :

    Une vigne plantée en 1830 vient d’être classée Monument Historique.
    La radio qui diffusait cette annonce précisait bien que les grappes de raisins étaient toujours présentes chaque année, mais que l’on ne produisait plus de vin.

    Belle image de cette vigne maintenant protégée.

    Au point où en est le vignoble bordelais racheté par les qatari, et autres chinois, nous sommes au moins assurés que cette vigne restera bien française.

  2. [b]Au moins je parie que les grains sont bons à manger et sont certainement succulents, en avez vous gouté ?[/b]

  3. Euh… j’en profite pour faire une recommandation : Un petit Jurançon (de Monein) mélange de petit Manseing et gros Manseing (60/30 %). Je peux vous donner le nom du vigneron…

    Sinon, j’envisage de me faire classer monument hystérique…

  4. Le vigneron ? Castérat à Monein (dans le 64). C’est une petite exploitation, mais c’est un vin délicieux que l’on peut prendre par exemple en apéritif ! Hum… Excellent !
    [url]http://www.bienvenue-a-la-ferme.com/pyrenees-atlantiques/ferme-domaine-castera-166825/evenements[/url]

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