La "directive de la honte" a été adoptée par le parlement européen.

Ils l’ont fait ! Par 367 voix contre 206 et 109 abstentions, le Parlement européen a adopté la "directive retour", qui permet de maintenir les immigrés clandestins en détention jusqu’à 18 mois et peut les frapper ensuite de 5 ans d’interdiction du territoire de l’Union européenne.

Y compris les mineurs : "Ces derniers peuvent être purement et simplement expulsés vers des pays où ils n’ont aucune attache familiale ni aucun tuteur légal", proteste en marge de la manifestation d’hier, qui a réuni quelques centaines de personnes devant le parlement européen, avec comme participant le chanteur Manu Chao, la députée verte Hélène Flautre, présidente de la sous-commission des droits de l’Homme au Parlement européen. Sous-commission : son titre se passe de commentaire.

Cette loi a été votée grâce à une alliance entre conservateurs et libéraux, facilitée par les tergiversations et divisions du groupe socialiste. Honte à ceux qui se disent "socialistes" et qui pourtant, par démagogie, ont laissé passer cette loi : "Les socialistes sont officiellement contre le compromis, mais plusieurs délégations importantes qui sont au pouvoir dans leurs pays comme les Allemands, les Espagnols et les Britanniques, auraient tendance à le soutenir", s’indigne le président du groupe de la gauche unie européenne (GUE), le Français Francis Wurtz, qui qualifie le texte de "véritable injure à la dignité humaine".

"En prévoyant l’enfermement de migrants non communautaires pour une durée maximale de 18 mois, en autorisant l’expulsion d’enfants, qui plus est hors de leur territoire d’origine, en instituant une interdiction du territoire européen de 5 ans, cette directive porte atteinte aux libertés publiques et fait de l’enfermement un mode de gestion courant des populations migrantes, réagit la Cimade (Comité Inter-Mouvements Auprès Des Evacués, service oecuménique d’entraide). Sourds aux appels des ONG, sourds aux appels des Eglises, sourds aux appels de nombreux représentants d’Etats du Sud, sourds aux mobilisations citoyennes, les parlementaires européens ont, dans leur majorité, choisi de renoncer à toute velléité de résister à la logique policière qui sous-tend la politique d’immigration conduite par les ministres de l’Intérieur en Europe depuis 20 ans".

De la même façon que nous avions honte d’être Français au soir de l’élection du grand manipulateur, nous avons aujourd’hui honte d’être Européen. Et nous demandons solennellement pardon à tous les opprimés, affamés et miséreux du monde.

Si vous souhaitez, en tant qu'humaniste européen, vous associer à ces excuses, venez signer sur Plume de presse.

 

Olivier Bonnet est journaliste indépendant, blogueur de Plume de presse et auteur de Sarkozy, la grande manipulation (Editions Les points sur les i, mai 2008).